«Si je connais les secrets concernant la vie de l’équipe de Suisse? Oh oui, bien sûr. Si je vais les dire? Non, sinon je n’aurai plus de travail», rigole franchement Damien Mollard, team operations manager de l’équipe nationale suisse.
Le Fribourgeois est en effet l’un des rouages essentiels de la Nati, sans que sa place ne soit sur le terrain. Il n’est pas sous le feu des projecteurs, mais ne s’arrête jamais de bosser. «Il y a toujours quelque chose à faire. Je suis là pour répondre aux besoins des joueurs.» Pour autant, il ne faut pas imaginer que les demandes soient particulièrement extravagantes de la part de Granit Xhaka et de ses coéquipiers.
Pas de diva en équipe de Suisse
«En Suisse, on est plus tranquille, on n’a pas de diva. En parlant avec mes collègues d’autres équipes nationales, je me dis parfois qu’on a de la chance. Et puis, je les connais bien, je sais lequel préfère avoir une chambre avec vue sur le jardin et celui pour lequel ce genre de détails ont moins d’importance», sourit Damien Mollard, lequel est arrivé en équipe A après la Coupe du monde en Russie et n’a donc pas eu gérer le fameux voyage en Grèce du mois de mars 2018 lors duquel la venue à Athènes d’une certaine star du ski (nom connu de la rédaction) avait troublé la quiétude de l’hôtel de la Nati. «Franchement, on a de la chance, je ne peux pas me plaindre», enchaîne le Fribourgeois, lequel fait tout pour que les joueurs et leur famille se sentent bien, notamment et surtout lors des grands tournois.
«Lorsqu’on part cinq jours à La Manga, les familles ne sont pas là. Mais c’est vrai que ça fait partie de notre mission durant un Euro ou une Coupe du monde. Et puisque vous me posiez la question concernant les demandes des joueurs, je peux vous dire qu’ils sont bien plus préoccupés par le bien-être et le confort de leurs proches. Ils attendent de nous que leur famille soit bien prise en charge. C’est souvent ça le souci des autres sélections, d’ailleurs. Plus que les joueurs, c’est l’entourage. C’est parfois compliqué à gérer de ce que l'on peut entendre...»
Plus facile qu'en France
Les scènes sont connues: les familles d’Adrien Rabiot et de Kylian Mbappé qui s’invectivent en tribunes, le défilé des femmes de joueurs en Angleterre, les soucis liés aux tickets pour la famille, laquelle est parfois très élargie.
«Chez nous, tout est régulé. On a un player book, que chaque joueur reçoit, où tout est expliqué. Le nombre de billets, par exemple, c’est réglé contractuellement. Chaque joueur a droit à quatre tickets normaux, ainsi que deux VIP, soit six au total par rencontre à domicile. S’ils en veulent plus, ils doivent les payer. Et pour ce qui est d’un Euro ou d'une Coupe du monde, c'est encore plus simple: les joueurs et le staff paient chaque billet.»
Pour ce qui est de l’entourage, justement, un hôtel sera réservé pour les familles des joueurs en Allemagne. «L’UEFA organise cela parfaitement, elle l’appelle le followers hotel. En collaboration avec elle, nous proposons un package du 14 au 24 juin, avec hôtel, transport et billets de match», détaille Damien Mollard, tout en précisant que le staff a décidé de limiter les relations entre les joueurs et leurs proches durant la compétition. «Nous allons organiser une journée consacrée aux familles, le 1er juin à Saint-Gall.» Les joueurs seront ensuite libres le dimanche 9, avant de prendre le bus pour Stuttgart le 10. Dès lors, concentration maximale sur l’événement. «Murat Yakin et le staff ont décidé que les joueurs pourraient revoir leur famille et leurs amis après le troisième match.»
Israël-Suisse à Felcsut, un vrai défi
Parmi les souvenirs marquants de Damien Mollard, qui a débuté avec les M21 en 2015 («J’ai simplement répondu à une annonce, envoyé mon CV et passé les entretiens»), le récent voyage en Hongrie pour affronter Israël figure en bonne place. «Ce n’était pas simple. A quelques jours de partir à Tel-Aviv, nous avons appris que le voyage était annulé. L’incertitude était ensuite totale. Lorsque nous avons appris que le match se déroulerait en Hongrie, il a fallu trouver l’hôtel, un terrain d’entraînement… C’était un grand défi, mais au final, tout s’est bien passé.»
Après avoir joué dans les équipes nationales juniors, puis à Lugano et en équipes de jeunes au Werder Brême, le Fribourgeois a suivi les cours à l’Université de Lugano, dans la communication. Il a donc trouvé un job qui lui plaît et dans lequel il s'épanouit. Pouvoir vivre les grands tournois de l'intérieur et côtoyer les meilleurs joueurs suisses au quotidien, tout en étant salarié. Le rêve, non? Il sourit. «Disons que je suis content d'être actif dans le milieu du football», répond-il humblement, lui, le rouage essentiel de ce staff d'une trentaine de personnes.