Quinze ans de haut niveau
Crans-Montana et le football, une belle histoire qui dure grâce à Walter Loser

Voilà quinze ans que Walter Loser organise des camps d'entraînement à Crans-Montana et dans les environs, comme dans le décor somptueux de Lens ce samedi après-midi. En plus du prestige, l'affaire est intéressante financièrement pour la station.
Publié: 18:02 heures
|
Dernière mise à jour: 18:51 heures
Partager
Écouter
Walter Loser organise des camps et des matches depuis une quinzaine d'années. Il pose ici à Lens avec plusieurs des personnes qui viennent l'aider pour l'organisation des matches.
Photo: Luciano Miglionico
Blick_Tim_Guillemin.png
Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

«Walter est très exigeant, on ne peut pas toujours dire oui à tout, on dit même souvent non, mais on essaie quand même de le satisfaire de temps en temps», rigole Nicolas Féraud, président de l'Associations des communes de Crans-Montana. Toute l'assemblée rigole, à la mi-temps de ce match de préparation entre le Lausanne-Sport et Molenbeek, dans le décor somptueux du stade du Christ-Roi, à Lens. Tous ces gens réunis, un verre à la main, ont été invités par ce fameux Walter, que personne peut ne pas connaître. Walter Loser, c'est de lui dont il s'agit, l'hyperactif directeur de la société Crans-Montana Footballcamps. Un homme qui compte dans la station valaisanne.

Car Walter Loser ne se contente (de loin) pas d'organiser des apéros: il est avant tout celui qui fait venir des équipes professionnelles et amateures sur ces hauteurs, une activité qu'il a officialisé voilà quinze ans, en 2010. L'année 2025 était donc l'occasion de fêter cet anniversaire et de mesurer le chemin parcouru. «Cette année-là, c'était l'équipe de Suisse qui était venue», a-t-il expliqué. L'air pur de Crans-Montana avait porté chance au Valaisan Gelson Fernandes, auteur du seul but de l'inoubliable victoire suisse contre l'Espagne en Afrique du Sud.

Des équipes de très haut niveau depuis quinze ans

Depuis, la liste des clubs et des sélections est longue, très longue. «L'Olympique Lyonnais, Marseille, Valence, Porto, Benfica, Wolfsburg, Fulham, le Zénith Saint-Pétersbourg, le Shakhtar Donetsk...», énumère Walter Loser. Tous ces clubs-là sont venus une fois ou plusieurs et ont participé à la «Valais Cup», un tournoi en altitude parfait pour la préparation estivale. Car évidemment, pour d'évidentes raisons météorologiques, ces équipes de pointe viennent en Valais entre juillet et août, laissant janvier aux skieurs et privilégiant alors la Turquie, le sud de l'Espagne ou le Portugal.

Une preuve supplémentaire, concrète et tangible que Crans-Montana n'est pas qu'une station réputée pour les sports d'hiver, mais sait aussi se diversifier, ce que vient également confirmer le VTT, entre autres. A l'heure où les stations doivent se réinventer, toutes les activités et les rentrées d'argent estivales et automnales sont bonnes à prendre.

La meilleure joueuse du monde est venue

«Et puis, nous avons été des pionniers pour le football féminin, bien avant qu'on en parle de manière aussi enthousiaste qu'aujourd'hui», rappelle Walter Loser, en soulignant que Marta, la meilleure joueuse du monde, a foulé les pelouses valaisannes avec la sélection du Brésil grâce à lui, mais aussi l'équipe nationale de Chine ou plus récemment Haïti. «Nous avions même participé à la création de la Valais Women's Cup, gagnée par Lyon», se souvient-il. Et puis, bien sûr, les équipes nationales masculines sont également venues, comme le Maroc, les Etats-Unis et la Qatar.

Depuis quelques années, les équipes étrangères délaissent la Suisse et privilégient très largement l'Autriche, la nouvelle destination à la mode. Question de cycle? A voir, mais Walter Loser et son équipe ne lâchent rien et ont noué des partenariats avec des équipes suisses. Sion et Servette sont tous deux venus en stage cet été, en même temps d'ailleurs, tandis que Lausanne est venu disputer ce match amical. Grasshopper est désormais un habitué, Bâle connaît également bien le coin.

Walter Loser, Nicolas Féraud et Aristide Bagnoud, réunis samedi à Lens.
Photo: Luciano Miglionico

«Et j'en profite pour remercier l'Association des communes pour les investissements consentis chaque année pour que les conditions restent top», enchaîne Walter Loser, reconnaissant. Il faut en effet entretenir deux terrains aux normes FIFA (à Bluche et à Lens), avec une pelouse forcément impeccable, et puis améliorer les infrastructures, comme les bancs de touche, les grillages, une tondeuse hélicoïdale, l'arrosage... «Nous avons même pu installer des chalets de fitness au bord du terrain de Bluche. Pour les équipes professionnelles, c'est important», assure le spécialiste.

Alors oui, Crans-Montana Footballcamps peut compter sur le soutien des communes, mais les retombées sont bien réelles. «Sur les trois dernières années, nos camps ont rapporté un total de 5000 nuitées à la région», assure Walter Loser. Sans même parler du prestige de recevoir certains joueurs de très haut niveau. Sa société, elle, emploie 1,5 personne à l'année.

Dix millions de francs de retombées directes

Nicolas Féraud ne dit pas le contraire, même s'il aime bien taquiner son dynamique ami Walter. «Oui, c'est vrai qu'on donne un peu, mais les retombées sont réelles. J'estime que depuis le début, ce sont dix millions de francs qui ont été reversés à l'économie de la région grâce à l'association», calcule-t-il. «On travaille très bien avec Walter et je n'attends qu'une chose: l'apéro des 30 ans!»

Didier Deschamps a fait la peur de sa vie à Aristide Bagnoud

L'anecdote du jour a été elle été offerte sur un (haut-)plateau par Aristide Bagnoud, président d'honneur du FC Lens. «Vous voyez toutes et tous le magnifique terrain juste en dessous de nous? Eh bien, s'il est aussi beau, c'est grâce à... Didier Deschamps», a souri l'emblématique dirigeant de l'Association valaisanne de football. L'histoire remonte au début des années 2000, alors que «DD» débute sa carrière d'entraîneur, juste après avoir gagné la Coupe du monde et l'Euro avec les Bleus. «Il entraînait Monaco et ils voulaient s'entraîner à Lens. Comme j'étais président du club, un jour je reçois un téléphone: il faut aller le chercher pour visiter le terrain. J'étais stressé, c'était Didier Deschamps quand même! Il était accompagné de Jean-Luc Ettori. On arrive au terrain, j'ouvre la barrière et là, les deux me disent: 'Non. On ne peut pas s'entraîner ici'».

Le Valaisan croit alors que son coeur s'arrête. «Je me disais que c'était foutu, qu'ils étaient déçus. Je leur demande pourquoi.» Et là, Didier Deschamps fait preuve de son légendaire sarcasme. «Ils me disent qu'ils ne peuvent pas s'entraîner, parce que les joueurs allaient être déconcentrés, la vue étant trop belle! J'ai été soulagé, je peux vous dire!». Mais le lui aussi exigeant technicien va donner de très bons conseils à Aristide Bagnoud pour améliorer encore le terrain. «C'est grâce à lui qu'on l'a élargi et rallongé aux normes FIFA. Ça a coûté un peu aux communes, mais désormais on a un terrain magnifique et qui peut accueillir des équipes de haut niveau.»

Une bonne équipe autour de lui

Et ce pour de longues années encore, tant que Walter Loser et son équipe, avec en tête sa formidable assistante Marilyne Emery, dont le dirigeant n'hésite jamais à vanter les mérites en patron reconnaissant, feront leur maximum pour attirer des équipes professionnelles et amateures sur les hauteurs de Crans-Montana et de Lens.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la