Entre les voyages interminables aux quatre coins du continent et les quarantaines dans certains pays, cet Euro est un véritable casse-tête pour les supporters. Cela se mérite de se rendre dans les stades. Lorsque l’UEFA, sous l’impulsion de Michel Platini, a annoncé cette édition particulière, le but était de fêter les 60 ans de la compétition. Une idée transformée en cauchemar logistique par la pandémie.
Après une semaine de compétition, les affluences confirment la réticence des supporters à jouer le jeu. Même les jauges réduites en raison du Covid ne sont que rarement remplies. Cela a été le cas deux fois seulement depuis le début de la compétition, lors d’Espagne – Suède et de Hongrie – France.
L’armada turque à l’eau?
La ville de Bakou est une des principales épines dans le pied de l’UEFA. Comme le soulignait le quotidien français «L’Equipe», le match entre la Nati et le Pays de Galles a affiché la plus faible assistance de la première journée de cet Euro (8’782 spectateurs à Bakou).
La deuxième rencontre de la phase de groupes devait réconcilier l’Azerbaïdjan et la compétition. Mercredi, les Turcs avaient promis de venir en masse chez leurs «frères». On pensait que les 31’000 billets en vente à Bakou se seraient arrachés. Finalement, les deux tiers de cette capacité n’ont même pas été atteints (19’762 spectateurs).
Est-ce que le stade olympique sonnera encore creux dimanche soir pour le match décisif entre la Suisse et la Turquie? Ce n’est pas le petit millier de supporters à croix blanche présents sur place qui risque de croître. En effet, depuis Genève ou Zurich, se rendre à Bakou est un véritable périple. Minimum huit heures de vol, avec une escale obligatoire à Istanbul. De quoi décourager les fans les moins fervents.
Interdictions d’entrée
Depuis vendredi, l’affluence du match Pays de Galles – Suisse n’est plus la pire de cet Euro. Le stade olympique de Bakou a été «battu» par la confrontation entre la Croatie et la République tchèque à Glasgow (5’807 personnes dans les tribunes).
Un chiffre qui pourrait s’expliquer par un autre défi de cet Euro: le coronavirus. En Grande-Bretagne, une quarantaine de dix jours est obligatoire pour toutes les personnes venant d’une nation qualifiée pour l’Euro. Cela force donc les fans à devoir se rendre sur place bien avant la compétition, ce qui n’est pas possible pour tous.
Ce problème d’entrée sur le territoire est aussi problématique entre les différentes villes hôtes. Les supporters suisses présents à Bakou n’ont officiellement pas pu se rendre à Rome pour le match des leurs, les autorités italiennes n’acceptant pas les voyageurs venant d’Azerbaïdjan.
Billets inabordables
Reste donc la solution de la population locale. Si les Suisses ou les Gallois peinent à se rendre sur place, pourquoi ne pas tenter de remplir le stade avec des Azerbaïdjanais? Parce que tout est une question de prix. Le billet le moins cher pour cette confrontation du groupe A coûtait environ 33 francs suisses. Selon le «Guide du routard», le salaire moyen en Azerbaïdjan est de 461 francs par mois. Un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Nul doute que les habitants de ce pays préfèrent dépenser 7% de leurs revenus ailleurs que dans un match de la Nati.
Pour ce qui est de la fête et du 60e anniversaire de l’Euro, on repassera donc.