Le destin de la Russie, ou du moins de sa sélection nationale à l’Euro, tient entre les mains d’un gamin de 22 ans. Matvey Safonov est appelé à défendre les cages de la Sbornaïa lors du match décisif contre la Danemark à Copenhague (21 heures). Un somptueux défi pour ce jeune talent qui s’inscrit dans la riche lignée des gardiens russes. Une école encore orpheline du professeur Igor Akinfeev.
Son élève Matvey Safonov pourrait être son digne successeur. Le portier de Krasnodar a été lancé dans le grand bain ce mercredi. Pour sa première titularisation, il a aidé la Russie à se relancer dans cet Euro en battant la Finlande (1-0).
Des relances d’extraterrestres
Pas de quoi impressionner ce géant (1m92) au visage de poupon. Il affiche déjà une centaine de matches avec le club de sa ville natale, dont quatre apparitions dans la grande Ligue des champions. Un peu geek, Safonov aime les consoles et le «rubik’s cube». Sa lecture du jeu et son envergure font merveille dans les aires. Ce gardien moderne aussi capable de relancer sur plus de 50 mètres à la main.
«Avec la confiance du sélectionneur Cherchesov, il peut «relever le gant» dans cet Euro et s’affirmer comme l’un des grands gardiens de la Sbornaïa», affirme Laurent Lasne. L’écrivain français a récemment publié «Un roman soviétique», ouvrage consacré au plus grand d’entre eux: Lev Yachine. Le seul portier encore à ce jour qui a remporté le Ballon d’or.
«Yachine est une figure tutélaire pour tous les Russes à ce poste. Mais ce n’est pas un modèle écrasant ou oppressant. Durant sa carrière (ndlr: entre 1950 et 1970 au Dynamo Moscou), c’était lui-même quelqu’un de très humble, notamment parce qu’il était aussi ouvrier. L’«Araignée noire» rayonnait dans le vestiaire et séduisait les foules grâce à un vrai magnétisme.»
Comme «Gégène» Parlier?
Passionné par ce poste de dernier rempart, Laurent Lasne rappelle d’ailleurs que plusieurs d’entre eux se sont révélés lors de grandes compétitions. «A la Coupe du monde 1954 en Suisse, la Nati a par exemple découvert Eugène Parlier, illustre-t-il. Il jouait sans gant. C’est devenu une figure épatante du football dans votre pays. «Gégène» (ndlr: décédé en 2017) avait un style très moderne, à l’image de Lev Yachine.»
Ce lundi soir, sur la pelouse du Parken Stadium de Copenhague, c’est un autre adepte de «l’Araignée noire» qui fera face aux attaquants danois. Du haut de son presque double mètre, Matvey Safonov les toisera avec son regard de tueur en série. Un visage que les fans de football vont rapidement apprendre à connaître en dehors de la Russie.