Marta Peiró Giménez se bat
«Je refuse de renoncer à mon rêve à cause de l'endométriose»

Marta Peiró Giménez se bat avec courage contre la maladie et la douleur. L'Espagnole de 24 ans avait signé un doublé pour son retour au jeu. Elle s'est confiée à Blick avant le match aller de la demi-finale que dispute Servette à Bâle, samedi soir (20h15).
Publié: 18.05.2022 à 20:10 heures
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Dernière mise à jour: 21.05.2022 à 18:50 heures
Marta Peiró Giménez a retrouvé les terrains et le sourire.
Photo: Servette FC / A.Chac
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Les larmes perlent sur les joues de Marta Peiró Giménez au moment où l’arbitre signale le changement. Impossible de retenir cette émotion qui l’emporte comme une lame de fond. L’attaquante de Servette Chênois retrouve la compétition après trois mois d’angoisse, de pause forcée, de combat contre la maladie, de douleurs et de doutes. À 24 ans, elle avait cru tout perdre.

Ce retour, cette renaissance va devenir magique en l’espace de dix minutes. L’Espagnole inscrit deux goals en fin de match: les Servettiennes ont éliminé Aarau en quarts. Les championnes en titre s’apprêtent à défier Bâle dès ce week-end pour une place en finale, avec un renfort inespéré.

Vous avez pu retrouver le jeu trois mois après que votre endométriose a été diagnostiquée. Comment avez-vous vécu ce moment?
Quand on m’a appelée pour entrer en jeu, les larmes me sont montées aux yeux, j’en ai eu la chair de poule. Pouvoir rejouer, juste ça, faisait déjà de moi la personne la plus heureuse au monde. Alors marquer deux buts en dix minutes, c’était encore plus incroyable. Je dois remercier Servette et mes proches, qui m’ont beaucoup soutenue, mais aussi les spécialistes qui m’ont aidée.

Qu'est-ce que l'endométriose?

L’endométriose concerne environ 10 à 20% des femmes et environ la moitié des personnes infertiles pourvues d’un utérus.

Il n’existe pas de chiffres concrets sur la maladie en Suisse. Mais en Allemagne, l'on estime par exemple à environ 40′000 le nombre de nouveaux cas diagnostiqués chaque année.

Chez les personnes concernées, des cellules de la muqueuse utérine, qui se développent pendant le cycle et provoquent ensuite les saignements lors des menstruations, sont également présentes en dehors de l’utérus, par exemple sur le péritoine, dans l’abdomen ou d’autres organes. Ces cellules «égarées» réagissent aux hormones du cycle tout comme les cellules de l’utérus.

Des saignements et des réactions inflammatoires se produisent aux endroits concernés, ce qui peut, notamment, provoquer de fortes douleurs et/ou des saignements abondants et prolongés. À noter que les symptômes varient pour chaque femme.

Pour les soulager, l'on peut recourir à des traitements hormonaux, à des thérapies contre la douleur ou encore à des interventions chirurgicales.

L’endométriose concerne environ 10 à 20% des femmes et environ la moitié des personnes infertiles pourvues d’un utérus.

Il n’existe pas de chiffres concrets sur la maladie en Suisse. Mais en Allemagne, l'on estime par exemple à environ 40′000 le nombre de nouveaux cas diagnostiqués chaque année.

Chez les personnes concernées, des cellules de la muqueuse utérine, qui se développent pendant le cycle et provoquent ensuite les saignements lors des menstruations, sont également présentes en dehors de l’utérus, par exemple sur le péritoine, dans l’abdomen ou d’autres organes. Ces cellules «égarées» réagissent aux hormones du cycle tout comme les cellules de l’utérus.

Des saignements et des réactions inflammatoires se produisent aux endroits concernés, ce qui peut, notamment, provoquer de fortes douleurs et/ou des saignements abondants et prolongés. À noter que les symptômes varient pour chaque femme.

Pour les soulager, l'on peut recourir à des traitements hormonaux, à des thérapies contre la douleur ou encore à des interventions chirurgicales.

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Vous avez pensé à quoi, après votre premier goal?
Tellement d’émotions m’ont traversé la tête. Ces derniers mois ont été très difficiles à vivre, une fois que le pronostic final est tombé. J’ai voulu revenir malgré tout, repousser mes limites. Cela m’a coûté beaucoup de m’entraîner dans ces conditions. Mais j’ai refusé de renoncer à mon rêve - celui d’être footballeuse professionnelle.

Vous avez eu peur de ne jamais pouvoir rejouer à haut niveau?
Oui, j’étais effrayée parce que le traitement hormonal que je dois suivre est lourd. Si je devais arrêter ma carrière, ce serait un saut dans le vide pour moi. Je n’étais pas prête de passer à autre chose. Mes études n’étaient pas terminées, et je n’avais rien d’autre que le football. Sur le plan mental, je l’ai très mal vécu.

Vous avez malgré tout eu de la chance dans votre malheur, puisque votre endométriose a été repérée grâce à une opération de l’appendicite.
Oui, l’endométriose est une maladie qui est très difficile à repérer. Ce sont des tumeurs et des kystes qui se cachent derrière les ovaires ou dans les trompes de Fallope. La science avance et j’espère qu’on pourra détecter plus vite les cas, mais aussi les soigner de manière moins lourde. C’est important que je témoigne, que je raconte mon parcours pour offrir de la visibilité à ce mal qui touche une femme sur dix. C’est énorme, et pourtant ça reste méconnu.

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Il y a un tabou dans la société?
Oui et il est temps de le briser. Mais ce tabou concerne les règles de manière générale. La société fait des progrès, mais les gens ne sont pas prêts à parler de tout. Pour l’endométriose, c’est important que la population soit consciente que cela existe, que nous puissions aussi trouver des solutions pour adresser ce problème. À Servette, le staff et les dirigeants ont été très à l’écoute et m’ont soutenue. Alors que la grande majorité d’entre eux sont des hommes. C’est aussi la preuve que c’est possible. Cela a été un vrai déclic dans ma tête. Même parmi mes coéquipières, les mentalités ont évolué. Toutes les femmes n’ont pas les mêmes douleurs pendant leurs règles. Parfois, c’était compliqué de se faire comprendre dans l’équipe: qu’un simple anti-inflammatoire ne me suffisait pas, parfois, pour m’entraîner.

Quelles conséquences a votre traitement sur votre vie de tous les jours?
Il y a différents chemins thérapeutiques possibles. J’ai refusé de me faire retirer l’utérus, parce que je souhaite être mère un jour. Je suis un traitement hormonal, que je prends chaque soir. À cause de mes pastilles, je souffre d’une ménopause précoce et je n’ai donc plus mes règles. C’est un effet secondaire difficile à accepter quand on vient d’avoir 24 ans. D’un côté, ce traitement m’aide, mais il m’amène aussi d’autres problèmes comme des migraines, des vomissements, des prises de poids soudaines. Le lundi, j’ai tout d’un coup quatre kilos en plus et je dois les perdre durant la semaine. Je n’arrive plus à contrôler ma forme.

C’est un vrai problème pour une athlète de haut niveau.
Bien sûr. Je sens aussi que je ne récupère pas de la même façon. J’ai besoin de plus de temps. Je dois travailler plus, faire encore plus attention à mon régime et être active dès le réveil.

Fêtez le titre avec Servette, ce serait une belle manière de prendre sa revanche sur le destin et la maladie, non?
Oui, on veut défendre notre titre, être championnes une deuxième fois pour entrer encore un peu plus dans l’histoire du club. Ce groupe le mérite. À titre personnel, cela serait encore plus spécial. Le trophée viendrait récompenser toutes les souffrances endurées depuis le début de l’année.

Comment voyez-vous l’avenir?
Pour l’instant, je me sens très heureuse à Genève. Servette est entré dans mon cœur après tout ce qu’on a vécu ensemble. J’espère que cela durera encore longtemps. J’ai encore une année de contrat, et une autre avec option. Je veux rester ici.

Vous vous sentez Genevoise aujourd’hui?
J’aime ma vie ici. L’année dernière, c'était compliqué à cause du Covid. J’avais de la peine à sociabiliser en dehors du foot. Je me sentais très seule. Depuis, ça va mieux. Je travaille quelques heures le matin avec les jeunes à l’Académie du Servette pour améliorer mon français. Je commence à me débrouiller à l’oral. C’est important pour moi de maîtriser la langue pour m’intégrer et avoir une vie en dehors du football. Je suis aussi des études à distance en journalisme, à l’université de Valence.

Vous célébrez vos buts en montrant le lion que vous avez tatoué sur votre épaule. Qu’est-ce qu’il signifie?
Depuis toute petite, on me surnomme «la lionne». J’ai des cheveux très frisés et clairs. Un peu comme une crinière. J’ai gardé cette image avec moi. Les lions sont synonymes de force, de courage et de détermination. J’aime ces valeurs, qui me correspondent. Quand je marque, je rugis.

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