Une année tout pile! Marc Roger a été le président du Servette FC entre février 2004 et février 2005, date à laquelle a été prononcée la faillite du club grenat. Voilà vingt ans, donc, qu'a eu lieu l'épisode sans doute le plus triste de toute l'histoire du club genevois.
Des comptes à régler avec Genève
Et voilà que ressurgit Marc Roger en ce début d'année 2025! Dans le cadre d'une interview d'une heure trente accordée au média français RMC, l'ancien président parle de ses expériences d'agent, mais aussi de son passage à Genève. Et il avait visiblement envie de régler quelques comptes le jour de l'enregistrement de l'entrevue.
Déjà, pourquoi a-t-il délaissé son métier d'agent pour devenir président d'un club? «J'habitais en Suisse à l'époque», commence-t-il par rappeler. Il évoque ensuite son envie d'arrêter les voyages et voulait se rapprocher de ses enfants. «Je ne les avais pas assez vus. Et puis, reprendre un club de football, c'est passionnant, ce sont d'autres vibrations, c'est différent!», justifie-t-il, avant de se planter sur le nom du club qu'il a présidé, parlant du «Servette de Genève».
«L'opportunité s'est présentée», explique-t-il, mentionnant l'appui du «regretté Lorenzo Sanz». «Je n'avais pas les moyens de reprendre le club tout seul», assure Marc Roger, confondant ensuite Uruguay et Paraguay en racontant une anecdote.
Alors, pourquoi la situation a-t-elle dégénéré aussi vite? «On a repris ce club beaucoup trop rapidement, sans avoir d'exigence, sans vérifier certains comptes», justifie-t-il dans l'interview, avant de parler du contexte de son arrivée. «On s'est fait des ennemis en reprenant aussi la société d'exploitation du Stade de Genève, on a licencié plusieurs amis ou enfants de politiciens genevois», justifie-t-il.
Il en est sûr: Genève n'aime pas les Français
Sa conclusion? «A Genève, on n'apprécie pas trop les Français, ça je l'avais mal analysé», tonne-t-il. Les «mauvais résultats sportifs» sont également avancés comme explication. «Une chose en entraînant une autre, on a été obligés de déposer le bilan.»
Et lui de passer par la case prison. Une injustice crasse, selon lui. «Je n'aurais jamais dû faire un seul jour de prison. J'ai été condamné avec sursis pour gestion fautive, que j'appellerais moi gestion passionnelle. On m'a reproché d'avoir trop dépensé par rapport aux moyens du club. Lorenzo Sanz était embêté de ne pas pouvoir assumer ses engagements envers Servette, il a fait une faillite dans l'immobilier en Espagne, à cause d'une crise.»
A-t-il une part de responsabilité dans cette débâcle, tout de même? «Des erreurs? Oui. On a mal vérifié, on n'a pas fait un audit assez approfondi avant de reprendre le club», évacue-t-il, avant de remettre une charge à Genève.
«J'ai mon franc-parler, du sud»
«Genève, c'est un canton, un état. Quand vous vous fâchez avec certaines personnalités... J'ai mon franc-parler, du sud. Je suis comme ça. J'ai dit dans les médias des vérités qu'il ne fallait pas dire à Genève. Après, cela a été un règlement de comptes», assure Marc Roger, qui a passé au total vingt-trois mois en prison.
«Mon grand regret, c'est de ne pas avoir fait appel à Berne. Si je l'avais fait, j'aurais été acquitté. Mais j'étais épuisé par les procédures et je ne pouvais pas continuer à payer les avocats, je leur devais déjà beaucoup d'argent. J'étais épuisé après vingt-trois mois de prison, j'avais versé 300'000 euros, une caution qu'on ne m'a jamais rendue, j'ai laissé tomber. Repartir pour deux ou trois ans, c'était trop. Par manque de moyens financiers, on a décidé d'arrêter. Mais c'est un regret», témoigne-t-il aujourd'hui.
Il a un regret: ne pas avoir fait appel
Marc Roger est également revenu sur les conditions de son arrestation. «J'ai eu droit à un mandat Interpol en Espagne. J'ai refusé l'extradition, parce que les prisons espagnols ont trente ans ou quarante ans d'avance sur les prisons françaises ou suisses. Il y a un droit humain qui n'a rien à voir. On ne pouvait pas me laisser sortir et faire mon procès avant l'Euro 2008 en Suisse, donc j'ai dû patienter. Ensuite, j'ai pris du sursis. Et ensuite, Mes avocats m'ont dit d'aller à Berne faire appel, que je serais acquitté. Qu'à Berne, ce n'était pas la mafia genevoise. Mais je ne l'ai pas fait. On m'a pris deux ans de ma vie et c'est regrettable.»
Conserve-t-il toutefois de bons souvenirs de sa période genevoise? Il semble que oui. En tout cas, la venue de Pelé l'a séduit. «Pelé était venu donner un coup d'envoi, il devait rester quelques heures à Genève, et il a passé plusieurs jours avec nous au final. On s'est revus à plusieurs reprises. Je n'ai pas rencontré mieux dans ma vie, il a une grande humilité et beaucoup de gentillesse. C'est l'homme parfait. Je lui ai proposé d'être président d'honneur du Servette, il a accepté. Le feeling est passé. Je peux dire que j'ai joué au football avec Pelé dans mon bureau. Il s'agit de l'un des plus grands moments que j'ai connus dans le football.» Au moins ça.