Qu'a décidé la Cour de justice européenne?
En résumé, il s'agissait de savoir si la position de monopole de l'UEFA et de la FIFA dans le football était compatible avec le droit européen. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a répondu par la négative. Cela signifie que les partisans de la Super League peuvent aller de l'avant avec leurs projets sans être sanctionnés par l'UEFA.
Cette défaite est-elle une surprise pour l'UEFA?
Plutôt oui. Dans sa conclusion, l'avocat général de la CJUE Athanasios Rantos a déclaré que le Real Madrid et Barcelone pouvaient certes développer la Super League, mais qu'en contrepartie, l'UEFA pouvait les exclure de la Ligue des champions et de leur championnat. Les 15 juges ont maintenant renversé cette deuxième partie: les initiateurs de compétitions qui sont en concurrence avec les formats de l'UEFA ne peuvent pas être sanctionnés par l'UEFA.
L'UEFA et la FIFA seront-elles affaiblies par ce jugement?
Et comment! Plus rien ne s'oppose à la Super League, détestée de la FIFA et de l'UEFA, du point de vue du droit de la concurrence. Les juges de la CJUE ont constaté un «abus de position dominante» de la part de l'UEFA et de la FIFA – du lourd, en contradiction flagrante avec l'image que les fédérations ont d'elles-mêmes en tant que chefs d'orchestre du football. La FIFA et l'UEFA doivent accepter que des formats concurrents soient créés en dehors de leur structure et que, selon le jugement, elles ne peuvent rien y faire.
La Super League va-t-elle voir le jour et quand?
Il faudra encore attendre des années avant un éventuel lancement. Et le jugement ne met pas automatiquement les feux au vert pour la Super League.
Premièrement, les juges ont fait savoir qu'ils avaient rendu un jugement sur la position dominante des fédérations sur le marché – mais pas concrètement sur la Super League. «Cela ne signifie pas automatiquement qu'une compétition telle que le projet de Super League doit absolument être autorisée», ont déclaré les juges.
Deuxièmement, le jugement ne s'applique qu'au territoire de l'Union européenne, et non à l'Angleterre. La Premier League menace tous les clubs qui veulent participer à la Super League d'une déduction de 35 points par saison. La Premier League peut continuer à le faire, car l'arrêt de la CJUE n'a aucune valeur sur l'île britannique.
Troisièmement, il faut des participants pour une Super League. Le modèle le plus récent, développé par l'agence A22, comprend 64 équipes réparties en trois divisions (avec promotion et relégation). Il n'est pas certain qu'autant de clubs veuillent participer et ainsi partir en guerre contre l'UEFA: en Allemagne, tous les clubs, y compris le Bayern et le BVB, ont refusé dès le début. En Angleterre et en Italie, les grands clubs ont rapidement cédé après les violentes protestations des fans.
Que disent les gagnants?
Le président du Real, Florentino Perez, parle d'un «jour historique. A partir d'aujourd'hui, le présent et l'avenir du football européen sont définitivement entre les mains des clubs, des joueurs et de leurs supporters.» On veut maintenant planifier l'avenir de la Coupe d'Europe en dialogue avec tous les clubs européens.
Le Barça a également communiqué: «En tant que l'un des clubs qui font avancer le projet de Super League, le FC Barcelone estime que le jugement ouvre la voie à une nouvelle compétition de football d'élite en Europe, en s'opposant au monopole dans le monde du football, et souhaite lancer de nouvelles discussions sur la voie que les compétitions européennes devraient suivre à l'avenir.»
Et l'agence A22, qui veut un jour organiser et commercialiser la Super League, exulte en la personne de son chef Bernd Reichert: «Le monopole de l'UEFA est terminé!»
Comment réagit l'UEFA ?
Dans un communiqué, on peut lire: «Ce jugement ne signifie pas une approbation ou une confirmation de la soi-disant 'Super League'. L'UEFA est convaincue de la robustesse de ses nouvelles règles, notamment de leur conformité avec toutes les lois et réglementations européennes pertinentes.» Cela laisse présager une riposte juridique de l'UEFA si les projets de Super League devaient effectivement aller de l'avant.
Que va-t-il se passer maintenant?
Les initiateurs de la Super League doivent maintenant obtenir le soutien de tous les clubs européens. Sinon, leur modèle à trois niveaux avec rattachement aux ligues nationales ne sera guère réalisable. Après le jugement, l'UEFA doit s'ouvrir aux clubs, c'est-à-dire leur accorder davantage de droit de regard sur l'organisation de la Coupe d'Europe, afin de ne pas les perdre un jour. Car il est clair que la Ligue des champions et la Super League ne peuvent pas coexister.