Villarreal a réussi l'exploit d'éliminer le Bayern à Munich mardi soir, en arrachant grâce à Samuel Chukwueze un nul 1-1 à 2 petites minutes de la fin du temps réglementaire, synonyme de place dans le dernier carré après sa victoire 1-0 à l'aller en Espagne.
Pour le champion d'Allemagne, qui a dominé ce match retour mais s'est longtemps heurté à une défense hermétique, que seul Robert Lewandowski a pu transpercer (52e), cette élimination contre un adversaire présumé plus faible va faire très mal.
Le jeune entraîneur Julian Nagelsmann, arrivé sur le banc à 34 ans en début de saison, a certes fait très rapidement l'unanimité autour de lui. Mais au Bayern, et il l'a assez répété lui-même, seuls les titres comptent. Et ses dirigeants ne vont certainement pas être satisfaits du seul sacre en Bundesliga, qui semble ne plus pouvoir échapper au «Rekordmeister», fort de 9 points d'avance sur Dortmund à cinq journées de la fin.
Déclarations sans suite
Cet échec sur la scène continentale confirme une statistique bien établie au Bayern: depuis 2015, le club bavarois a perdu à six reprises un match aller en Ligue des champions. Et chaque fois il a été éliminé.
Après leur match aller raté et plusieurs prestations indignes de leur qualité ces dernières semaines en championnat, les Bavarois avaient pourtant promis une révolte. Julian Nagelsmann, l'entraîneur, avait fanfaronné la veille du match. Villarreal a largement dominé le match aller, avait-il admis, mais «ils ont commis une erreur: ils nous ont laissés en vie. Et nous devons les punir pour ça.»
Les joueurs y étaient aussi allés de leurs déclarations martiales: «Nous avons du caractère dans cette équipe, beaucoup d'orgueil, avait lâché le capitaine, Manuel Neuer. Quand on a perdu un match aller, il ne faut pas plaisanter avec nous.» Mais les Espagnols ne sont pas arrivés à Munich pour se faire «punir». Et ils ont offert une résistance héroïque.
Aucun tour de chauffe
Le match a démarré sans round d'observation, comme un combat. Et le Bayern a mis un bon quart d'heure pour prendre l'ascendant et le contrôle du match. Face à une équipe bien regroupée dans ses 30 mètres, le Bayern a cherché à jouer en longues transversales et par les ailes.
Coman à droite et Sané à gauche ont bien réussi à déborder plusieurs fois, mais leurs centres n'ont trouvé ni Lewandowski ni Müller, englués dans les filets défensifs du «sous-marin jaune». Il a fallu attendre la 29e minute pour que Jamal Musiala place l'unique balle cadrée de la première période, d'une tête puissante de dix mètres, mais directement dans les bras du gardien.
L'ouverture du score est venue après la pause, par le double meilleur joueur FIFA 2020 et 2021, Robert Lewandowski, qui a marqué d'un tir à la limite de la surface son 13e but cette saison en Ligue des champions, sur sa toute première occasion du match (1-0, 52e).
Villarreal résiste, Chukwueze frappe
Poussés par leurs 70'000 supporters, les Munichois ont alors accru la pression sur des visiteurs souvent réduits à repousser les assauts depuis leur surface de réparation, et à tenter de profiter de quelques rares contres. Mais la défense a tenu bon, et ni Upamecano (50e), ni Müller (71e), ni Coman (76e) n'ont réussi à cadrer les trois meilleures occasions allemandes.
Il restait deux minutes à jouer lorsque, sur un contre rapidement mené, le Nigérian Samu Chukwueze, entré comme joker, a battu Manuel Neuer d'une reprise sous la barre, alors qu'Alphonso Davies avait couvert deux joueurs qui auraient pu être en position de hors jeu. De quoi expédier les Espagnols dans le dernier carré de la Ligue des Champions, après avoir sorti la Juventus et le Bayern!
Thriller à Madrid
Dans l'autre duel du soir, le Real Madrid s'est peut-être vu trop beau trop vite, après son triomphe 1-3 à l'aller sur la pelouse de Chelsea, tenant du titre. Car les Merengue qui sont descendus sur la pelouse du stade Santiago Bernabéu, mardi pour le match retour, ressemblaient à des fantômes et se sont fait proprement marcher dessus par les Londoniens, bien décidés à vendre chèrement leur peau.
Mason Mount (15e, 0-1), Antonio Rüdiger (51e, 0-2) puis Timo Werner (75e, 0-3) ont mis Chelsea sur la voie d'une incroyable «remontada», parfaitement méritée à ce stade du match. Mais le Real possède un effectif aguerri et doté d'une expérience rare, et sa réaction a alors été cinglante.
La réaction d'une grande équipe
D'une ouverture délicieuse à la 80e minute, l'ex-Ballon d'or Luka Modric a ainsi mis sur orbite le jeune Rodrygo, entré 2 minutes auparavant. Le Brésilien ne s'est pas fait prier pour transformer l'offrande du vétéran croate sur son premier véritable ballon du match! Un but qui emmenait tout le monde en prolongations.
C'est là que l'inévitable Karim Benzema, auteur d'un triplé à l'aller mais plutôt discret mardi soir, est sorti de sa boîte pour inscrire d'une tête tranchante le goal de la qualification madrilène (96e, 2-3). Car derrière, si Chelsea a mis toutes ses forces dans la bataille, les Anglais ne sont pas parvenus à forcer une séance de tirs au but. Insuffisante pour renverser le résultat de l'aller, leur victoire 2-3 mardi à Madrid signifie qu'ils perdront ce printemps la garde de la Coupe aux grandes oreilles. Quant au Real, il peut encore espérer un 14e sacre dans la compétition reine du football de clubs. Soit deux fois plus de titres que son premier poursuivant au palmarès, l'AC Milan...
(AFP/muy)