Le Valais lui fait du bien
«À Sion, je ne suis pas le fils de Scott, je suis Liam Chipperfield»

A 21 ans, Liam Chipperfield est l'un des joueurs les plus expérimentés de la Suisse M21 qui défie la féroce équipe de France ce vendredi à Lausanne. Le joueur du FC Sion se confie, pour Blick, sur ses ambitions, ses rêves et ses frustrations.
Publié: 17:57 heures
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Dernière mise à jour: 18:09 heures
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Liam Chipperfield a des rêves et des objectifs plein la tête, à commencer par battre l'équipe de France vendredi à Lausanne.
Photo: TOTO MARTI
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Liam Chipperfield est l’un des leaders techniques de cette équipe de Suisse M21 qui défie la France et ses superstars vendredi à la Tuilière. Le joueur du FC Sion revient donc sur les hauts de Lausanne, quelques jours à peine après y avoir débuté lors du match nul (2-2) entre les deux équipes.

En grande forme avec la Suisse M21 (un but et un assist lors des trois premiers matches, trois fois titulaire), il espère bien frapper un très grand coup avec ses coéquipiers vendredi. Cette semaine, Blick est allé à sa rencontre pour évoquer plusieurs thèmes d’actualité chez lui, dont la Coupe du monde 2026 qu’il pourrait théoriquement disputer avec l’Australie, le pays de son père.

Le match contre la France

Je pense que c’est le match au sommet du groupe, c’est une belle affiche! La France a une très bonne équipe, avec beaucoup de joueurs qui évoluent déjà dans de grands championnats. Mais nous aussi, nous avons une bonne équipe, un bon collectif. Nous nous sentons tous bien.

Chez nous, tout passe par l’équipe. Nous n’avons pas les individualités de la France, mais nous formons un vrai groupe. Si nous faisons un bon match, quelque chose de positif peut sortir vendredi.

Jouer sur synthétique

Personnellement, je préfère jouer sur du gazon naturel. Je crois que beaucoup de joueurs préfèrent ça. Mais c’est comme ça, il faut s’adapter. Nous sommes des professionnels, c’est notre travail de jouer vendredi sur du synthétique, comme on vient de le faire avec Sion sur le même terrain dimanche.

Ca peut être un petit avantage pour nous face à la France. Tous, on a déjà joué sur du synthétique quand on était jeunes, donc ce n’est rien de nouveau. Peut-être que ce sera un petit avantage à domicile, on verra.

Son rôle dans l’équipe de Suisse M21

Un pied gauche soyeux.
Photo: keystone-sda.ch

Je m’y sens très bien. Je fais partie des plus âgés du groupe, et je me sens à ma place. On a un très bon esprit d’équipe. L’équipe est stable, avec peu de changements depuis le début. On se connaît bien. Et je crois que ça se voit sur le terrain. En ce qui me concerne, j’ai envie de continuer sur cette lancée.

Je dirais que je suis un leader sur le terrain. Je ne suis pas du genre à beaucoup parler. J’essaie surtout d’entraîner l’équipe par mes actions, par ma manière de jouer. C’est comme ça que j’aime montrer l’exemple.

Sa situation au FC Sion

En début de saison, je n’ai pas beaucoup joué. On avait bien commencé, on gagnait nos matchs, donc il n’y avait pas de raison de changer la composition. Mais j’ai continué à travailler dur chaque jour, à tout donner.

Et maintenant, avec les trois derniers matchs comme titulaire, on voit que le travail paie. En ce moment, on joue à trois au milieu. C’est une configuration parfaite pour moi. J’aime être au centre du jeu, toucher beaucoup de ballons, créer des actions.

Peu importe où je joue, tant que je joue, mais c’est vrai qu’on peut dire que je suis un joueur créatif. Lors des derniers matchs, j’ai évolué un peu plus haut, en milieu offensif, et j’ai pu créer des occasions, même si une passe décisive m’a été annulée contre Lausanne. Je me sens bien à cette position, donc tout va bien.

Sur son nom et la comparaison avec son père

Son nom, c'est Chipperfield (et pas Orllati).
Photo: Pius Koller

À Bâle, j’entendais tous les jours parler de mon père. C’était difficile d’être constamment comparé à une légende du club. Pour un jeune, ce n’est pas évident. Mais aujourd’hui j’ai 21 ans, j’ai déjà joué plusieurs matchs en Super League, et je fais ma propre carrière. Mon père a accompli quelque chose d’incroyable pour Bâle et pour l’Australie, mais je veux suivre ma propre voie.

À Sion, je ne suis pas le fils de Scott, je suis Liam, même si on me parle de lui de temps en temps. Je trace ma propre route, j’essaie de laisser ma marque, et je crois que j’y arrive bien en ce moment.

Et si l’Australie l’appelle en mars?

Je suis ici avec la Suisse M21, j’ai un rôle important et je fais de bons matchs. Je me sens très bien. Ni la Suisse A ni l’Australie ne m’ont contacté, donc ce n’est pas un sujet. Je suis concentré à 100% sur les M21.

Je dirais que mon côté australien, c’est mon tempérament détendu. Mais j’ai grandi ici, en Suisse. Ma mère est Suissesse, mon père Australien. Je suis un mélange des deux, et j’en suis fier. Mais comme je n’ai jamais vécu longtemps en Australie, je me sens plus Suisse qu’Australien.

Cela fait environ huit ans que je n’y suis pas retourné. En plus, quand c’est l’été ici, c’est l’hiver là-bas, et j’aime mieux aller au soleil qu’au froid. Et avec vingt-quatre heures de vol, c’est compliqué, surtout qu’on n’a qu’une semaine ou dix jours de pause en hiver.

Ses rêves

Dans le foot, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je ne me projette pas trop loin. Je suis à Sion, je joue, je suis heureux. Si je continue à bien performer, l’intérêt d’autres clubs viendra naturellement.

Mon grand rêve, c’est de jouer la Champions League et d’évoluer un jour en Premier League. C’est mon objectif, clairement. Mais pour l’instant, je suis reconnaissant à Sion de m’avoir donné ma chance et je me concentre sur chaque match.

Quand j’étais petit, mon club préféré, c’était Liverpool. Mon père était fan, on regardait leurs matchs ensemble tous les week-ends. J’adorais le club, l’ambiance, le stade, les supporters… C’est un club spécial, dans la meilleure ligue du monde.

Le moment où il a compris qu’il pouvait devenir pro

J’ai eu la chance d’avoir une mère très forte, qui m’a toujours soutenu. Depuis petit, je n’avais qu’une idée: jouer au foot. Même à l’adolescence, quand on découvre d’autres choses, je n’ai jamais vraiment décroché.

À Bâle, j’ai été bien formé, on m’a poussé, j’ai souvent joué avec les plus âgés. J’ai compris que je pouvais y arriver après mon premier match avec la première équipe. Mais ensuite, j’ai aussi connu les moments plus difficiles, quand tout n’est pas parfait.

C’est à Sion que j’ai vraiment compris ce qu’était la vie pro: en Valais, personne ne s’intéresse à ce que j’ai fait chez les juniors. Il faut prouver, travailler. J’ai compris que le talent ne suffit pas, qu’il faut bosser dur. Pour moi, ça n’a jamais été un sacrifice. Le foot a toujours été ma priorité. J’adorais aller m’entraîner, jouer les matchs.

Le seul changement, c’est que depuis que j’ai quitté la maison, je vois moins ma famille, mes cousins, ma mère. Je suis très proche d’eux, donc ça a été une adaptation. Le footballeur est souvent seul, surtout jeune, avant d’avoir sa propre famille. C’est sans doute la chose la plus difficile.


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