Non, la Suisse n'est pas encore à la Coupe du monde! Le scénario idéal aurait vu la Nati s'imposer à Ljubljana ce lundi soir, tandis que le Kosovo n'aurait pas gagné en Suède. Or, aucune de ces deux conditions n'a été remplie et c'est donc en novembre que se jouera la qualification pour la Coupe du monde. Les étonnants Kosovars sont en effet allés s'imposer à Göteborg (1-0) et reviennent donc à trois points de la Nati, qui n'a pas pu s'imposer en Slovénie (0-0). La Suisse est, au moins, assurée d'être barragiste depuis ce soir, mais elle se retrouve sous la pression directe du Kosovo, qui ne compte plus que trois points de retard sur elle, avec toutefois dix buts de retard à combler.
La Suisse, qui n’avait changé qu’un seul joueur par rapport aux trois premiers matches (Djibril Sow pour Fabian Rieder, décevant à Stockholm vendredi), est bien entrée dans le match ce lundi en Slovénie, monopolisant le ballon durant près de quatre minutes. La Slovénie n’est en effet entrée en possession de la balle qu’après 228 secondes très exactement, ce qui ne donnait cependant aucune indication pour la suite des opérations.
Gregor Kobel et Jan Oblak, deux cadors face à face
Les débats se sont en effet largement équilibrés jusqu’à la pause et aucune formation ne méritait alors de mener au score. Le 0-0 était plus que logique, aucune grosse action ne venant inquiéter ni Jan Oblak, ni Gregor Kobel, deux des meilleurs gardiens d’Europe face à face. La Suisse ne s’est guère montrée dangereuse, pour rester poli, tandis que les Slovènes lançaient quelques flèches empoisonnées qu’un très bon Nico Elvedi parvenait à contrer in extremis.
Une offensive suisse muselée
Du jeu côté suisse? Très peu. Granit Xhaka n’avait de loin pas son rayonnement habituel et la Nati évoluait de manière bien trop stéréotypée pour mettre en danger une défense slovène qui n’avait rien, mais alors rien, de celle qui avait sombré en trente minutes au Parc Saint-Jacques voilà un mois. Le solide Vanja Drkusic et Erik Janza s’occupaient tour à tour de dire non à Ruben Vargas, quitte à lui faire un peu mal au passage, et Breel Embolo se faisait bousculer par les golgoths dans l’axe, prenant lui aussi quelques taquets qui lui laisseront un souvenir ému de son voyage à Ljubljana au moment de monter en boitant dans l’avion en direction de Rennes mardi matin.
0-0 à la pause, donc, devant plus de 15'000 spectateurs (dont 800 Suisses) et sous le bruit de ces entêtantes crécelles, un classique du football dans les anciennes républiques yougoslaves au même titre que les semke, ces graines de tournesol incontournables pour tout match, du terrain le plus amateur de la campagne bosnienne jusqu’au Marakana de Belgrade.
La Suisse change de système à l'heure de jeu
Malgré cette première période compliquée, Murat Yakin décidait de ne rien toucher à la pause et la Suisse attaquait donc cette deuxième période avec les mêmes onze joueurs. Le début de la deuxième période, d'abord légèrement, puis largement, à l’avantage des Slovènes, poussait cependant le sélectionneur à changer ses plans à l’heure de jeu, faisant entrer son joker préféré, le dynamiteur genevois Johan Manzambi, ainsi que Miro Muheim, en lieu et place de Silvan Widmer et de Djibril Sow. La Suisse passait alors à un système à trois défenseurs centraux (Nico Elvedi-Manuel Akanji-Ricardo Rodriguez), Dan Ndoye et Miro Muheim occupant les rôles de pistons.
La Suisse domine la fin de match
Ce changement drastique a semblé perturber les Slovènes, lesquels ont bien failli concéder l'ouverture du score, laquelle aurait été signée Johan Manzambi, mais son envoi, quelques secondes littéralement après son entrée, a terminé dans le petit filet de Jan Oblak. La Suisse voulait aller chercher la victoire, Murat Yakin l'indiquait clairement, alors que le Kosovo menait 1-0 en Suède dans le même temps. Le coup tactique de Murat Yakin rééquilibrait d'un coup le rapport de force, comme une preuve de plus que le rusé sélectionneur maîtrise parfaitement cette discipline particulière qu'est la lecture d'un match. D'une seconde à l'autre, comme par enchantement, la Nati remettait le pied sur le ballon et devenait, pour la première fois (les 229 premières secondes mises à part), la meilleure équipe du match.
Mais les Slovènes ne se contentaient de loin pas de subir, bien au contraire, et une perte de balle atroce de Ricardo Rodriguez à la 70e aurait pu coûter très cher, les Slovènes manquant de peu de marquer sur ce coup-là. A un quart d'heure de la fin, voyant son briscard en difficulté, Murat Yakin prenait la sage décision de le rappeler sur le banc, afin d'offrir sa première cape à Adrian Bajrami, axe gauche de la défense à trois. Fabian Rieder faisait lui son apparition pour Ruben Vargas. La fin de match était dès lors totalement à l'avantage de la Suisse, les Slovènes se contentant de défendre leur but, sans même chercher à attaquer.
Miro Muheim a eu la balle de 1-0
Le héros de la nation aurait pu s'appeler Miro Muheim, mais la frappe du latéral gauche était repoussée en corner par Jan Oblak (87e), tout comme celle de Granit Xhaka au début des arrêts de jeu. 0-0, score final!
La qualification se jouera donc en novembre avec la réception de la Suède à Genève, puis un déplacement potentiellement très compliqué à Pristina pour y affronter le Kosovo. La Suisse, depuis ce soir, est assurée de terminer au pire deuxième, et donc d'être barragiste, mais elle n'a plus que trois points d'avance sur cet étonnant Kosovo.