À peine le délai fixé aux intéressés pour l'organisation de la Coupe du monde 2034 a-t-il expiré mardi que Gianni Infantino s'est exprimé sur les réseaux sociaux et a annoncé que celle-ci aurait lieu en Arabie saoudite. Cependant, ni le Mondial 2030, qui doit se dérouler dans six pays et sur trois continents, ni même l'édition 2034 n'ont encore été officiellement attribués. Le processus de candidature est encore en cours.
L'ancienne FIFA – dirigée par Sepp Blatter et dont certains membres du comité exécutif ont été condamnés par la suite – avait la réputation d'être un cercle élitiste corrompu. La nouvelle FIFA promettait transparence et démocratie. Mais c'est loin d'être le cas. Le Mondial 2034 semble déjà attribué avant même que l'assemblée générale de la FIFA n'ait eu l'occasion de se prononcer. En quelques tours de passe-passe, Gianni Infantino et ses acolytes ont réussi à dérouler le tapis rouge pour l'Arabie saoudite.
Douze ans seulement après le tournoi au Qatar, la FIFA veut attribuer une nouvelle Coupe du monde à la région du Golfe. À un État très controversé qui bafoue les droits de l'homme. Dans le classement de la liberté de la presse, l'Arabie saoudite se situe au 170e rang sur 180 pays. Toutes les préoccupations du Qatar? Refoulées et oubliées. «Making football truly global (ndlr: rendre le football vraiment global)», écrit Gianni Infantino. Il pourrait aussi dire: «Money talks» – l'argent parle.
Qui pourrait donc encore arrêter l'attribution de la Coupe du monde 2034 à l'Arabie saoudite?
L'assemblée générale de la FIFA
C'est l'assemblée générale de la FIFA, avec ses 211 associations membres, qui choisira l'hôte de la Coupe du monde lors du congrès de la FIFA fin 2024. Après que le Conseil de la FIFA, composé de 37 membres, a attribué – à l'unanimité selon la Fédération internationale – la Coupe du monde 2030 à six pays et trois continents et que l'Arabie saoudite n'a pas d'adversaire, les dés semblent toutefois jetés. La porte est fermée à tout nouveau candidat, seuls d'éventuels co-organisateurs pourraient encore se joindre à l'Arabie saoudite si celle-ci le souhaite, mais cela ne se produira pas.
L'UEFA et l'ECA
L'UEFA est l'association continentale la plus puissante et l'European Club Association (ECA) est l'association qui défend les intérêts des clubs européens. Ces associations sont décisives lorsqu'il s'agit de libérer les joueurs et de fixer le calendrier. Pour déplacer la Coupe du monde au Qatar pendant l'hiver européen pour des raisons climatiques, la FIFA avait également besoin d'un accord avec l'ECA. Mais l'UEFA obtient la Coupe du monde 2030 grâce aux principaux pays hôtes prévus, l'Espagne et le Portugal.
Sponsors et médias
Avant la Coupe du monde 2022, les critiques publiques à l'encontre du Qatar ont fait craindre à certains sponsors que leur engagement ne nuise à leur réputation. Mais peu d'entre eux en ont tiré les conséquences et la plupart sont restés à bord. Des marques mondiales comme Adidas ou Coca-Cola ont même prolongé leurs contrats à long terme avec la FIFA. Les grandes chaînes de télévision ou les groupes de médias auraient également ce pouvoir en cas de boycott, mais le business est plus important.
Audience TV et fans
Pendant la Coupe du monde au Qatar, le taux d'audience TV en Allemagne a baissé par rapport aux phases finales précédentes. En revanche, d'autres régions du monde ont annoncé des records – du moins selon la FIFA. Chez les supporters sur place, la situation était la même: alors que les Européens, à l'exception des Gallois, se sont tenus à l'écart du tournoi, les Sud-Américains, les Nord-Africains et les supporters du pays voisin, l'Arabie saoudite, ont afflué en masse à Doha.
Groupe de travail sur les droits de l'homme
Le groupe de travail sur les droits de l'homme reste actif. Celui-ci a été créé en amont de la Coupe du monde au Qatar, notamment par le président de l'ASF Dominique Blanc et des représentants d'autres fédérations européennes, et a ensuite été élargi. Selon l'ASF, le groupe de travail se penchera sur le thème de l'Arabie saoudite lors d'une de ses prochaines réunions et déposera éventuellement une intervention lors du Congrès de la FIFA en mai à Bangkok. Cela ne changera pas grand-chose, à moins que de grandes fédérations ne décident de boycotter la compétition.
L'organisation de la Coupe du monde 2034 n'est pas encore définitivement acquise. «La FIFA doit être prête à stopper le processus de candidature si de sérieux risques pour les droits humains ne sont pas abordés de manière crédible», déclare Steve Cockburn, cité dans un communiqué de presse d'Amnesty International. Malgré tout, il est quasiment exclu que l'attribution puisse encore échouer. Gianni Infantino est sur le point d'accomplir sa mission. La (trop) grande proximité du Valaisan avec l'État du Golfe est évidente depuis le début de sa présidence.