Jonas Omlin se confie
«Par deux fois, j'ai cru que le transfert était foutu»

Jonas Omlin raconte son transfert animé au Borussia Mönchengladbach et ses échanges avec Yann Sommer, mais aborde aussi des sujets plus intimes.
Publié: 26.01.2023 à 21:24 heures
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Dernière mise à jour: 27.01.2023 à 15:46 heures
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Jonas Omlin sur son nouveau terrain de jeu.
Photo: BENJAMIN SOLAND
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Andreas Böni

Tout s'est débloqué d'un coup. Les destins de deux gardiens suisses ont basculé après des jours de négociations indécises. Les pourparlers ont été rompus deux fois en l'espace de six jours.

Cinq parties devaient tomber d'accord: Gladbach avec Montpellier pour le transfert de Jonas Omlin – le Bayern Munich avec Gladbach pour le transfert de Yann Sommer.

Le calme est désormais revenu dans la vie de Jonas Omlin. On retrouve le gardien assis dans les gradins du Borussia-Park Mönchengladbach, une eau minérale à la main. Il se confie à Blick sur ces dernières semaines mouvementées.

Jonas, procédons par ordre chronologique. Le 10 janvier, votre club de Montpellier vous a dit qu'il était sûr à 100% qu'il ne vous laisserait pas partir. Est-ce que c'est vrai?
J'étais assis dans le bureau des dirigeants du club et je leur ai dit ce que j'aimerais faire, à savoir partir au Borussia Mönchengladbach. C'était aussi une décision familiale, ces deux ans et demi à Montpellier n'ont pas été faciles sur le plan privé. Au début, la barrière de la langue nous a donné du fil à retordre, à ma femme et à moi, pour les visites chez le médecin ou la recherche d'une crèche. La première année, nous étions en plus isolés à cause du Covid, souvent seuls à la maison, dans un nouveau pays. C'était quand même une bonne expérience, surtout sur le plan sportif, mais je voulais absolument saisir cette chance avec Gladbach.

Vous avez donc dit à Montpellier: «Si Yann Sommer va au Bayern, j'aimerais bien aller à Gladbach»?
Il y a eu beaucoup de discussions. Mais ma position a toujours été la suivante: si Gladbach peut m'obtenir, Yann peut s'en aller au Bayern. J'ai parlé à plusieurs personnes de mon ancien club. Le président m'a clairement dit non. Le directeur sportif m'a dit qu'on pouvait l'envisager si on trouvait un remplaçant. Mais comme ce jour-là on m'a clairement dit qu'on ne me vendrait pas, c'était logique pour moi de rester à Montpellier. J'avais donc le sentiment que cette histoire était finie. Et ce n'est pas la seule fois que j'ai ressenti ça. (rires)

Le directeur sportif de Gladbach, Roland Virkus, a ensuite déclaré: «Nous ne céderons pas Yann Sommer. C'est ce que nous avons dit au Bayern.» Samedi 14 janvier, il y a soudain eu de nouvelles discussions entre les différentes parties.
Exactement. Et le dimanche, Montpellier m'a informé qu'ils avaient tout essayé, mais que le Bayern et Gladbach ne parvenaient pas à s'entendre. J'ai alors pensé pour la deuxième fois que le transfert était foutu. Mais ensuite, une nouvelle offre du Bayern est apparemment arrivée sur la table.

Elle s'élevait à 8 millions d'euros, plus 1,5 million de bonus. Gladbach a ainsi pu payer votre transfert. Comment avez-vous vécu le fait de devoir faire et défaire vos valises?
Je n'ai rien préparé du tout. Au bout d'un moment, ça devenait trop bête de devoir toujours tout emballer et tout déballer (rires). Non, sérieusement, je devais aussi me concentrer et faire mon travail pendant ce temps. Montpellier est en pleine lutte contre la relégation, les résultats ne sont pas bons du tout. Je leur ai alors dit: «Je fais mes valises, si vous me dites vraiment que je dois partir.»

Avez-vous parlé avec Yann Sommer ces jours-là?
Oui. Nous avons échangé nos points de vue, car c'était une période de hauts et de bas pour nous deux. Parfois des réjouissances, parfois des déceptions. Nous nous envoyions des messages et des vocaux sur WhatsApp. Mais nous n'étions bien sûr pas au courant de tout, car cela se passait entre nos agents. Parfois, j'avais presque l'impression que les médias étaient mieux informés que moi.

Quand, par exemple?
Quand j'ai reçu le refus de Montpellier le dimanche et que j'ai lu le lundi que c'était loin d'être fini. Une grande partie de ce qui a été rapporté s'est avéré être vrai. C'était fascinant de voir comment tout cela s'est passé.

L'accord final est intervenu le mercredi 18 janvier. Ce soir-là, Yann Sommer s'est envolé pour Munich et vous, le lendemain, pour Gladbach, où vous avez signé jusqu'en 2027.
Dès le début, j'ai senti que Yann était une légende ici. En huit ans et demi, il a fait un travail incroyable, il était très apprécié. Son cœur restera toujours un peu ici. Il m'a dit que j'allais aimer être ici. Je pense qu'il est aussi content que ce soit un autre Suisse qui prenne sa place dans les buts de Gladbach.

Vous souvenez-vous de Jörg Stiel, qui était devenu capitaine ici?
Non, c'était un peu avant mon époque. Je me souviens de lui en équipe nationale, mais pas à Gladbach.

Vous avez dit que l'adaptation en France avait été difficile. Quel est votre bilan sportif après deux ans et demi en France?
J'ai profité, bien sûr. En Ligue 1, les matchs étaient d'un niveau plus élevé qu'en Suisse, j'ai évolué.

A Montpellier, Jonas Omlin était en train de vivre une saison compliquée.
Photo: IMAGO/Buzzi

Vous avez reçu trois cartons rouges durant cette période, un chiffre assez élevé.
Oui, mais en France, les arbitres dégainent aussi très vite. Lors de ma première saison, j'ai un peu sous-estimé la vitesse de Kylian Mbappé et j'ai dû l'arrêter. (rires) Ça arrive quand on est gardien de but.

Quel était votre club préféré quand vous étiez enfant?
J'ai toujours préféré jouer au football plutôt que de le regarder. Mon père et mon frère, de cinq ans mon aîné, étaient déjà tous deux dans les buts, tous deux au FC Sarnen. C'est pourquoi je voulais en faire autant. Il fallait bien que quelqu'un reprenne les gants.

Comment avez-vous été élevé?
Les pieds sur terre. Ma mère est assistante médicale, mon père est peintre, depuis 45 ans dans la même entreprise. Il y a fait son apprentissage et y est toujours resté. Désormais, il se dirige lentement vers la retraite. Et il l'a bien méritée.

Beaucoup de pères arrêtent de travailler lorsque leurs fils gagnent des millions en jouant au football.
Il n'en était pas question pour lui.

Le FC Sarnen doit recevoir 30'000 francs d'indemnité de formation. Ont-ils déjà exprimé leur gratitude?
Pas encore. Mais c'est bien que le club reçoive quelque chose. Je donne encore aujourd'hui un peu d'argent au club, car les racines sont importantes.

Qu'est-ce qui est typique d'Obwald pour vous?
Les montagnes, le lac et le bon air. Ma maison, mon pays. Un beau coin de Suisse, et ça me manque beaucoup d'y être.

Étiez-vous un bon élève?
Dans la moyenne. Je n'ai jamais eu à étudier beaucoup, mais je m'en suis toujours sorti. Au grand dam de ma mère, qui aurait aimé que je m'investisse davantage. J'ai toujours réussi à passer sous le radar, c'est ce qui me plaisait.

Il était question pour vous de faire ensuite l'école de police.
J'ai envisagé de devenir policier, c'est vrai. J'ai toujours trouvé ça cool comme métier. Mais les choses ont bien changé et je ne changerais rien du tout.

Ensuite, au FC Lucerne, vous êtes totalement passé à côté de votre premier match contre Bâle. Vous avez eu l'impression d'avoir échoué et vous avez fait appel à un coach mental, n'est-ce pas?
J'avais déjà un préparateur mental avant – et même encore aujourd'hui. Il m'a d'ailleurs accompagné à Gladbach lors de ma visite médicale. C'est ma personne de confiance, nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Il s'agit toujours de contrôler ses pensées et de ne pas s'inquiéter de ce qui pourrait arriver. Simplement y aller, faire et voir ensuite quelles sont les réactions – et ne pas réfléchir à l'avance à ce qu'elles pourraient être.

Pour un jeune obwaldien, jouer à Lucerne était un rêve.
Photo: BENJAMIN SOLAND

À quelle fréquence lui parlez-vous?
Ces deux dernières semaines, un peu plus souvent. En France, un peu moins. C'est surtout en fonction de mes besoins.

Vous avez été prêté une fois au Mont-sur-Lausanne, en Challenge League. Vous ne vous y sentiez pas très à l'aise là-bas, n'est-ce pas?
Tu es encore jeune et tu n'as pas d'exigences. C'était une bonne expérience de devoir passer par cette case. Partir du FC Lucerne avec un jacuzzi pour arriver dans un stade qui a tout d'un niveau amateur, ça m'a permis de me forger.

Vous logiez dans un hôtel avec des toilettes communes.
Oui, et mon frigo était une glacière dans la chambre. C'était très difficile, mais il s'agissait de jouer des matches et d'être ensuite prêt pour le FC Lucerne. Cela a fonctionné.

Vous vous êtes imposé là-bas et avez été transféré à Bâle. Avez-vous essuyé des insultes?
Les transferts en Suisse sont toujours difficiles pour les supporters. Mais Bâle a toujours été un pas en avant par rapport à Lucerne – même si j'étais moi-même fan du FCL quand j'étais enfant, bien sûr. En tant qu'Obwaldien, c'était un honneur de jouer là-bas, ce qui n'arrive pas si souvent. Mais tu veux aussi continuer à grandir, et c'est plus facile là-bas.

Comment avez-vous rencontré votre femme Janice?
Notre cercle d'amis à Lucerne était similaire. La ville n'étant pas si grande, on se croise tôt ou tard – mais je jouais déjà à Bâle. Nous sommes tombés amoureux. Puis notre premier fils est né en 2020, et notre deuxième enfant est en route. Nous nous réjouissons énormément. Pour moi, ma famille est mon ancrage le plus important – surtout dans ce football moderne. C'était donc merveilleux que tout le monde puisse vivre mes débuts avec Gladbach contre Leverkusen sur place, y compris mes parents et mes frères et sœurs.

Où avez-vous fait votre demande?
A Lucerne, sur la terrasse de ma belle-mère. J'ai installé quelques roses et elle a dit oui. Ensuite, nous nous sommes mariés à l'hôtel Montana à Lucerne.

Parlons encore de la Nati. Avant la Coupe du monde 2022, vous avez été rétrogradé de numéro 2 à numéro 3. Gregor Kobel était d'ailleurs dans les buts contre la Serbie. Comment l'avez-vous ressenti?
C'était bien sûr une déception. Comme Murat Yakin me l'a dit, c'était un duel acharné, mais peut-être que je n'ai pas pu m'imposer suffisamment en France et que j'étais encore blessé juste avant la Coupe du monde. C'est pour ça que la décision a été prise de cette manière. Mais je ne me laisse pas déstabiliser par cela. Je n'ai que 29 ans et j'ai encore le temps de contre-attaquer.

Avant la Coupe du monde, Jonas Omlin a été rétrogradé au sein de la Nati.
Photo: Toto Marti

Les cartes pourraient être redistribuées à partir de l'été si Yann Sommer reste sur le banc du Bayern à cause de Manuel Neuer.
Je ne pense pas que Yann sera sur le banc. Si Manuel Neuer revenait, Yann trouvera certainement une solution.

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