Joël Schmied de Sion à Cologne
«La Bundesliga? Je ne m'en croyais pas capable»

Joël Schmied a vécu une année palpitante. Promotion avec Sion. Transfert à Cologne. Promotion en première division allemande. Pour le Bernois, c'est un rêve de gosse qui s'est réalisé. Il a lui-même du mal à croire.
Publié: 09:27 heures
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L'entraîneur Friedhelm Funkel brandit le trophée de champion de la deuxième division allemande, Joël Schmied (2e à partir de la gauche) est ravi.
Photo: IMAGO/Steinsiek.ch
Alain Kunz

Pas étonnant qu’il soit surexcité. À 26 ans, Joël Schmied a pleinement savouré la fête de la montée à Cologne. Et le voilà à Ibiza, «avec quelques potes». Puis il s’envolera à nouveau, pour des vacances un peu plus tranquilles cette fois. «Un séjour en famille, avec un enfant», précise-t-il. Retour à Majorque, avec sa sœur, son beau-frère David von Ballmoos et sa compagne. Et pour finir? Ibiza, encore, en duo cette fois. Ils ont six semaines de vacances, rappelle-t-il. Presque pour se justifier.

Mais après une année pareille, difficile de lui en vouloir. Certes, la promotion avec Sion date de la saison précédente. Puis est venu un premier semestre de retour en Valais, dans un club qu’il connaissait bien, puisqu’il avait déjà vécu la relégation. S'en sont suivies des fêtes de fin d’année mouvementées… et une signature au FC Cologne, pensionnaire de 2e Bundesliga. Un choix payant: Joël débute les trois premiers matches, et Cologne les gagne tous.

Une ambiance sédunoise, version rhénane

«Le début a été excellent! Mais ensuite, mon corps a lâché. J’ai dû couper trois fois en plein entraînement, à cause de mon tendon rotulien. Une blessure que j'ai traînée sur toute la deuxième moitié du retour.» Il était parfois convoqué sur le banc, sans être apte à jouer. «L’entraîneur me disait qu’il voulait m’avoir là, juste pour la présence, même s’il savait que je ne pourrais pas entrer.»

Un signe fort du statut qu’il a su se construire en un temps record, humainement autant que sportivement. À Sion, il était le patron de la défense. Et au moment du départ poussif des Valaisans au second tour, nombreux sont ceux qui ont pointé du doigt son absence.

«L’objectif, c’était la montée. Dans ce contexte, l’ego individuel passe au second plan.» Celui de l’entraîneur et du directeur sportif aussi, virés à deux journées de la fin. Comme un air de FC Sion. Schmied éclate de rire: «Cologne, c’est un club sous pression. Les supporters ont énormément de pouvoir. Quand ils veulent la tête de quelqu’un, ça va très vite. Ils sont 50’000! À Tourbillon, ils sont 3000… Mais avec le recul, tout a été bien fait. On gagne les deux derniers matches, et on monte.»

Avec à la baguette Friedhelm Funkel, légende vivante du coaching allemand. «Il ne s’agissait pas de révolutionner le football. Mais il a su transmettre un calme énorme – et ça, dans ce genre de moments, c’est de l’or.» Funkel, lui, n’a pas voulu poursuivre l’aventure.

Et depuis, le manège des entraîneurs tourne. L’option numéro un semble être Lukas Kwasniok, de Paderborn, mais les négociations coincent sur l’indemnité. En cas d’échec, Urs Fischer pourrait se retrouver dans la boucle. «Wow, ce serait top», glisse Schmied. «Vu son caractère, il irait très bien à Cologne. Moi, ça me ferait plaisir.»

Fischer à Cologne? Ce serait quelque chose…

Car Fischer, discret, taiseux, peut-il évoluer dans le chaudron médiatique de la Rhénanie? Schmied, lui, a déjà goûté à la folie locale. «Il faut apprendre à se protéger. Sinon, tu es soit champion du monde, soit le dernier des idiots. Dès les discussions de contrat, on m’a prévenu: ici, on ne fait pas dans la dentelle. Et même un jour de pluie sans entraînement ouvert, il faut bien remplir les pages…»

Pas de quoi effrayer le Bernois, qui garde son franc-parler et son sourire. Et qui a déjà goûté à l’autre grand rituel local: la fête. «On ne s’attendait pas à brandir le trophée. Ça a donné une autre dimension à la soirée.» Et à la tournée des bars, après la montée. Sans parler du carnaval. «Impressionnant. Vraiment impressionnant.»

«Un rêve d’enfant»

Ce qui l’attend désormais? Le Bayern, Dortmund, Leverkusen et compagnie. «Quand j’étais gosse, je regardais la Bundesliga. C’est un rêve d’enfant qui devient réalité. Il y a quelques années encore, j’étais à Breitenrain, en Promotion League. C’est fou de se dire qu’un mec qui a émergé si tard puisse arriver en Bundesliga. Mais on n’aura peur de personne. En tant que FC Cologne, on veut battre même les plus grands.»

Et pendant ce temps-là, Schmied garde un œil sur Sion. «J’ai regardé tous les matches que je pouvais. Tout est bien qui finit bien. Pour moi, ce club a sa place dans le top 6. J’espère qu’ils vont accélérer encore la saison prochaine.» Il salue au passage une constante rare: «Ce qui est presque le plus beau, c’est que le président soit resté calme… et ait maintenu Didier Tholot jusqu’au bout.» À Cologne, un simple coup de vent peut tout balayer.

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