Il a brillé contre l'Aris Limassol
Karim Rossi à Chypre: «Une bonne vitrine»

Après avoir connu la Suisse, l'Angleterre, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Bulgarie, le Luxembourg et l'Indonésie (!), Karim Rossi a posé (provisoirement?) ses valises à Chypre, à Karmiotissa! Interview du globe-trotter du football suisse.
Publié: 05.12.2023 à 19:25 heures
Karim Rossi (à gauche) a posé ses valises à Chypre l'été dernier.
Photo: Whatsapp
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Bastien FellerJournaliste Blick

Karim Rossi, tu as maintenant 29 ans, tu entres dans ce que l'on peut appeler «l'âge d'or des attaquants»...
(Rires) Oui, je pense que c'est la meilleure période dans une carrière à mon poste. C'est d'ailleurs ce que Didier Drogba disait: c'est le moment où il était dans la meilleure forme de sa vie. Tu as plus d'expérience et si physiquement tu es bien. C'est le top.

Plusieurs des plus grands buteurs de l'histoire (Ibrahimović, Ronaldo, Lewandowski...) sont devenus des machines à but après leurs 30 ans...
C'est très motivant. Cela veut dire que si tu continues à bien bosser, tu n'es pas proche de la fin de ta carrière à 30 ans, mais au début de quelque chose de formidable. Je reste tout de même sur deux bonnes saisons avec plus de dix buts et c'est mon objectif pour cette année. 

L'été dernier, tu as posé tes valises à Chypre après avoir joué en Indonésie, comment se passent ces premiers mois?
Les débuts ont été très compliqués, avec de mauvais résultats et une certaine instabilité avec le passage de trois entraîneurs. Ce n'est pas le début de saison que j'espérais, mais cela se passe maintenant bien. Surtout depuis deux-trois semaines avec la victoire face à l'Aris Limassol (4-1). J'ai pu marquer et tant mieux. L'ambiance est bonne et nous espérons surfer sur cette vague.

Comment le choix s'est-il fait?
J'aurais espéré un club un peu plus huppé, mais l'opportunité s'est présentée et cela reste tout de même une bonne ligue et une bonne équipe. J'ai vu cela comme une bonne vitrine pour la suite. 

Quels sont les objectifs de ton club?
Ils ont un peu changé. Le début de saison était compliqué au niveau du calendrier avec plusieurs grosses équipes du championnat d'entrée, mais nous avons fait un bon résultat contre l'Omonia Nicosie (3-3). Les gens ont donc commencé à dire qu'on pourrait faire une surprise et jouer le top six. Surtout que nous avons une bonne équipe, avec un bon mélange entre jeunes et expérimentés. 

Mais cela ne s'est pas passé comme prévu...
Malheureusement pas. Nous avons ensuite enchaîné plusieurs défaites et un nul jusqu'à la victoire face à l'Aris.

Comment s'est donc déroulée ton adaptation dans ce contexte un peu compliqué?
L'adaptation n'a pas été un souci, je suis devenu un caméléon avec tous les pays que j'ai fait (rires). Je n'ai pas fait une vraie préparation estivale et c'est ce qui a rendu mes débuts difficiles. Je ne suis arrivé ici que mi-août et je n'ai été en pleine forme que fin octobre. Je me suis maintenu avec le SAFP et Bavois, mais cela ne remplace pas une préparation normale.

Cela ne t'a tout de même pas empêché de rapidement gagner ta place de titulaire...
Non, car, malgré les résultats négatifs, j'ai su faire de bonnes performances. Même sans marquer ou faire de passe décisive. Les entraîneurs qui sont venus m'ont tous fait confiance et c'est assez gratifiant. Et cela a finalement payé vu que j'ai pu marquer et faire un assist juste avant la pause. Cela m'a encore plus motivé pour la suite. J'ai compris que je peux porter mon équipe et qu'elle peut compter sur moi.

Tu en es actuellement à deux buts et une passe décisive en douze matches et ces deux réussites ont été inscrites face à deux grandes équipes du championnat. Cela aide également à se mettre en confiance...
Oui. Le jeudi, ils jouent contre le Bétis Séville de Nabil Fekir et Isco, et le week-end, on joue contre eux et je fais cette prestation. Cela te permet de te dire que tu as potentiellement le niveau pour jouer dans leur équipe. C'est motivant et gratifiant de se dire qu'on n'est pas loin de tout cela et c'est justement l'objectif d'aller chercher l'intérêt d'un de ces clubs. Mes performances face à ces deux équipes ont fait parler et on peut dire que j'ai bien choisi mes matches (rires).

Ce retour en Europe doit également te faire du bien au niveau familial...
Oui, c'est le gros point positif. Ma femme et ma fille habitent désormais avec moi, après avoir passé un mois seul ici. Nous sommes maintenant à trois-quatre heures de la Suisse et cela fait une énorme différence.

Par contre, sur le plan du supportérisme et du rôle joué dans l'effectif, cela doit te changer...
(Rires) Oui. En Asie, avec le quota d'étrangers, tu es presque traité comme une star. Les gens en attendent beaucoup de toi alors qu'ici, il n'y a pas de différence, tout le monde est dans le même panier. Et au niveau des supporters, c'est aussi différent. Je ne suis pas dans le club le plus suivi. Mais des clubs comme l'Apollon, l'Apoel ou l'Aris sont très bien supportés. Il y a un vrai engouement à Chypre.

Le championnat chypriote est classé 22e au classement UEFA. Quel est ton avis sur le niveau de la Protathlima Cyta?
Le niveau est bien plus élevé que ce que j'ai connu en Indonésie. Je dirais que les grandes équipes du pays valent la Super League et qu'une ou deux peut plus ou moins faire le poids avec Young Boys. Il y a des clubs très connus qui jouent régulièrement la Coupe d'Europe comme l'Apoel Nicosie, l'Aris Limassol et l'Omonia.

Pourtant, l'équipe nationale ne cesse de régresser...
Je trouve qu'il leur manque des structures de formation. Les clubs ici n'investissent pas là-dedans. Il y a un grand fossé entre les joueurs locaux et les joueurs étrangers. Et donc entre les clubs et l'équipe nationale. Certains internationaux chypriotes jouent dans le championnat local, dans les grands clubs, mais sont remplaçants. Dans mon équipe, les jeunes qui viennent s'entraîner avec nous n'ont pas le niveau.

Les clubs choisissent ainsi la facilité en important des joueurs...
Oui, mais c'est aussi ce qui leur permet de jouer en Coupe d'Europe. Avec uniquement des joueurs locaux, cela serait impossible. C'est dommage, car ils prennent beaucoup de retard. Les investissements sont faits sur les stades et les infrastructures d'entraînements.

Cette Super League qui passe à douze, cela te fait rêver d'un retour?
Si je fais une bonne saison dans mon championnat à Chypre, je pense que j'aurai l'intérêt d'une équipe de Super League. J'entre dans le quota de joueurs suisses et c'est toujours intéressant. Après, mon âge peut poser problème. Mais il ne faut jamais dire jamais.

Surtout que tu as déjà eu des contacts avec certains clubs cet été..
Oui, mais cela ne s'était pas fait. On verra bien dans quelques mois.

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