Trois sportifs hispano-suisses se projettent sur le quart de finale qui oppose leurs deux pays à l’Euro.
Daniel Atienza suivra le match dans la voiture de la «RTS»
L’ancien cycliste est un «pur binational» comme il se décrit d’emblée. Né en Suisse, il se rend tous les étés en Espagne, où il possède un pied-à-terre.
Daniel Atienza est en ce moment sur les routes du Tour de France. Le consultant de la RTS se trouvait donc en territoire ennemi au moment de la victoire de la Nati lundi face aux Bleus. «C’était fantastique mais on avait peur qu’ils nous crèvent les pneus, on a dû enlever les plaques», rigole-t-il. Avec son acolyte Romain Roseng, ils ont malgré tout pu laisser exploser leur joie dans leur hôtel. «Les autres sont partis juste avant la séance de tirs au but, on avait la salle pour nous.»
Des conditions bien plus agréables que celles vécues lors du match de la Roja contre la Croatie, quelques heures auparavant: «Nous avions la tablette dans la voiture (ndlr: il rentrait de l’étape du jour) mais nous avons quand même pu voir les prolongations à l’hôtel. La rencontre de l’Espagne était fantastique, un véritable retour en grâce de cette équipe après un début d’Euro mitigé.»
Durant sa carrière cycliste, Daniel Atienza avait décidé de rouler pour l’Espagne. Le sportif de Moudon est encore très attaché à cette nation même si sa famille n’y réside plus («à l’exception une tante du côté de mon papa»). Il se rend tous les étés avec ses enfants à Alicante, sur la côte sud, car il possède un pied-à-terre là-bas.
Le match de vendredi, Daniel Atienza va de nouveau devoir le suivre sur une tablette, dans la voiture. «Mais l’ambiance ici est super», explique-t-il alors que le journaliste de la «RTS» Romain Roseng, hurle derrière lui pour prouver les dires de son acolyte. Mais une victoire suisse créerait-elle une déchirure au sein du mythique duo? «C’est possible que si l’Espagne est éliminée, Romain me lance deux, trois piques, mais pas plus», sourit l’ancien cycliste.
Le Vaudois sait que, peu importe le résultat vendredi, il sera partagé entre joie et déception. «Mes deux équipes ne peuvent pas passer, regrette-t-il. J’aurais préféré qu’elles ne s’affrontent pas.» Tout ce que Daniel Atienza espère désormais, c’est qu’aucune des deux sélections ne prenne de claque. «Au vu de leur parcours, elles ne méritent pas cela.»
Lorenzo Gonzalez ne devra pas dormir sur le canapé
Le footballeur de Saint-Gall est né aux Îles Canaries en 2000. Rapidement, sa famille vient s’installer à Genève. Lorenzo Gonzalez y grandit, avant de partir poursuivre sa carrière à l’étranger (Angleterre, puis Espagne).
Lundi, Lorenzo Gonzalez a d’abord souffert lors du huitième de finale entre l’Espagne et les Croates. «Ils ne sont pas vice-champions du monde pour rien», souligne-t-il. La tension n’a pas disparu pour la rencontre de la Suisse, même s’il a pu, encore une fois, exulter à la fin du match. «C’était la classe.»
L’attaquant genevois est né de parents espagnols, qui avaient déjà des liens avec Genève à l’époque. Il a grandi dans la cité de Calvin et se sent donc aussi ibérique que suisse. «J’essaie de garder le meilleur de chaque culture». Lorenzo Gonzalez est reconnaissant envers la Suisse, un pays qui «footballistiquement (lui) a tout donné». Celui qui défend le maillot rouge à croix blanche chez les jeunes avait signé à Manchester City à 16 ans. «C’est bien ce que le Suisse est en train de faire à l’Euro. On travaille dur à l’ASF et c’est une belle récompense à tous les niveaux», explique-t-il. Son cœur sera toutefois déchiré vendredi soir lors du choc même si le footballeur en est sûr: «Je serai content dans les deux cas».
Ce match, Lorenzo Gonzalez ne le regardera pas tout seul. «Ma copine vient d’Espagne et on va pouvoir le voir ensemble». Des tensions à venir dans le foyer saint-gallois? «Non non, on ne va pas s’engueuler. Et non, je ne vais pas non plus dormir sur le canapé (rires)». Le Genevois évitera toutefois d’aller klaxonner après la rencontre et promet de rester à la maison.
Avant de raccrocher, l’attaquant essaie d’imaginer le déroulé de la rencontre: «C’est dommage que Xhaka ne joue pas mais ce sera un match serré. L’Espagne est toutefois un peu favorite».
Ainhoa Holzer sera avec la sélection suisse
La basketteuse de Troistorrents a beau être née, avoir grandi et vécu en Suisse, elle est également espagnole. Elle s’aventure tous les étés dans le pays de sa maman.
Ainhoa Holzer n’a pas vécu les mêmes émotions que ses compatriotes lundi soir. «Je n’étais pas là pour le match de l’Espagne contre la Croatie», raconte-t-elle. «Là», c’est chez elle, à Martigny (VS). En règle générale, les Holzer regardent les rencontres ensemble, en famille. «Dès qu’elle a su que l’Espagne jouait contre la Suisse, ma maman a directement annoncé qu’elle allait supporter son pays. Moi je suis un peu partagée», décrit Ainhoa Holzer. Le reste de son foyer est aussi de son avis. «De manière générale, la Suisse ne va pas très loin et on supporte l’Espagne», s’amuse la joueuse de Troistorrents. Cette année, son petit frère fera l’inverse car «il trouve cette Roja moins attirante».
Vendredi soir, la jeune Valaisanne ne sera toujours pas dans ce salon. «Je serai en camp avec l’équipe de Suisse et on regardera le match ensemble». Pour ne pas s’attirer de problèmes, elle devra se faire discrète. «Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais ce n’est pas comme si c’était une rencontre de basket, lance Ainhoa Holzer. Et si la Suisse perd, je pourrai dire que j’étais pour l’Espagne (rires)».
Mais, le cœur de la Valaisanne battra aussi pour la Nati: «L’équipe d’Espagne est en reconstruction, je ne connais pas trop les joueurs et elle ne ressemble pas à la sélection des années précédentes. Autant que la Suisse aille au bout», sourit-elle.