Mélanie Pauli, la coach athlétique de l'équipe nationale suisse, sait pour chaque joueuse sélectionnée dans quelle phase de son cycle elle se trouve. Elle est . Pour d'autres équipes, ce n'est pas encore une obligation, mais pour la Jurassienne bernoise, on ne peut plus se passer de l'entraînement axé sur le cycle. Pauli elle-même ne peut presque plus entendre ce terme: «J'espère que dans cinq ans, nous ne parlerons plus d'entraînement axé sur le cycle, mais simplement d'entraînement athlétique».
L'entraînement axé sur le cycle signifie qu'une femme prête attention aux symptômes de son corps qui apparaissent en raison du cycle menstruel. En fonction des symptômes, il y a différentes adaptations, parfois minimales, dans les domaines de l'alimentation et de la régénération, de l'intensité de l'entraînement ainsi que dans le domaine mental.
Mélanie Pauli, considérée comme une sommité dans le domaine, a introduit l'entraînement axé sur le cycle dès 2020 au sein de l'équipe nationale suisse. Grâce à une application, les joueuses suivent leur cycle et elle peut ainsi consulter ces données à tout moment. «Au début, nous avions des joueuses qui n'avaient pas de cycle du tout et qui pensaient que c'était normal. Nous avons eu des joueuses qui avaient un cycle irrégulier et qui pensaient que c'était normal. Et nous avions des joueuses qui ne saignaient que lorsqu'elles étaient en vacances et qui pensaient que c'était normal», raconte-t-elle.. Pourtant, l'absence de cycle ou un cycle irrégulier est souvent le premier signe d'alerte indiquant que quelque chose ne va pas, sauf bien sûr en cas de grossesse.
Reconnaître les «drapeaux rouges»
Grâce à l'application de suivi, elle prend conscience à temps de ce qu'elle appelle les «drapeaux rouges» du corps. La saison dernière, une jeune joueuse n'a pas eu ses règles pendant de nombreuses semaines. Dès le premier mois, Mélanie Pauli a pris contact avec elle pour savoir quel était le problème. Le stress dans la vie quotidienne? Le stress dans la vie privée? Ce n'était pas une de ces deux hypothèses.
Ce n'est qu'après deux mois et de nombreux entretiens qu'elle soupçonne la cause: LEA - Low Energy Availability. En français, cela signifie que le corps a trop peu d'énergie disponible. Mélanie Pauli l'a envoyée chez un nutritionniste. Ce qui en est ressorti? La joueuse mangeait inconsciemment trop peu. «Ses cellules étaient dans un état de faim constant. Et le corps n'est pas stupide. Il trouvera toujours une solution. Où trouve-t-il de l'énergie? Dans les muscles et dans les os. Il arrête aussi le système de reproduction».
Par conséquent, non seulement la joueuse n'avait plus ses règles, mais elle ne pouvait pas non plus fournir ses performances habituelles de manière constante. Après presque huit mois sans cycle, les règles sont revenues, et après dix mois, la joueuse a lentement retrouvé ses performances sur le terrain, elle avait beaucoup plus d'énergie, et son corps pouvait à nouveau accepter de nouveaux stimuli. «Cela me donne la chair de poule», se souvient-elle, émue.
De grandes différences entre clubs
L'équipe nationale fait attention aux symptômes des cycles lors des entraînements, de la régénération et de l'alimentation des joueuses. Mais qu'en est-il dans les clubs? Les joueuses sont principalement en déplacement avec leurs clubs, les rassemblements de la Nati n'ont lieu que tous les quelques mois. «Il y a toujours de grandes différences», remarque Mélanie Pauli. Mais le nombre de clubs qui misent sur des mesures axées sur le cycle est en constante augmentation.
Le problème, selon elle, est que de nombreux clubs collectent d'abord des données avant d'obtenir une preuve scientifique. Pour la spécialiste, ce n'est pas la bonne approche. «Il est difficile de montrer quel est le pourcentage d'amélioration des performances si tu t'entraînes de cette manière. Nous ne pourrons probablement jamais le prouver, car la performance est multifactorielle et le cycle très individuel. Mais ce que je sais et ce que j'observe, c'est que les joueuses se sentent mieux, elles s'entraînent mieux, et quand elles s'entraînent mieux, elles performent mieux». Elle affirme que l'entraînement axé sur le cycle concerne avant tout des «mesures de bien-être».
Optimisation individuelle
C'est pourquoi il est également possible de s'entraîner et de vivre de manière cyclique en tant qu'athlète individuelle au sein d'une équipe. Cela reste un luxe progressiste si les joueuses qui présentent de forts symptômes dans les phases inflammatoires 1 et 4 peuvent prendre congé après 60 minutes d'entraînement pour se régénérer. C'est d'ailleurs le cas de temps en temps dans l'équipe nationale.
Mais chaque joueuse peut aussi mettre en œuvre de petites optimisations dans son club. «Dans l'activation individuelle, avant l'entraînement, elles peuvent voir quels sont leurs symptômes et leurs points faibles, comment elles peuvent influencer cela avec une activation spécifique, et comment elles peuvent soutenir au mieux leur corps après l'entraînement. Elles ont une responsabilité personnelle, quel que soit le club dans lequel elles se trouvent», conclut Mélanie Pauli.