Après l'Euro, tout le monde se rappellera des performances de Géraldine Reuteler, nommée trois fois joueuses du match. Mais il ne faudra pas oublier celles de Lia Wälti. La capitaine est le moteur de la Nati qui a su charmer le public helvétique. L'Emmentaloise de 32 ans figure, en compagnie de Reuteler, dans le onze type de la phase de poules du Championnat d'Europe 2025, selon «Kicker». La milieu de terrain d’Arsenal est celle qui a récupéré le plus de ballons depuis le début du tournoi (26 ou 28, les deux chiffres ont été articulés). Un rôle de l'ombre qui ne lui permet pas de récolter les lauriers qu'elle mérite.
Lia Wälti n’aime pas occuper le devant de la scène. C’est plutôt une joueuse qui sait se mettre au service du collectif et fait briller celles qui l’entourent. Elle ne veut pas tirer la couverture à soi, comme après la victoire contre l'Islande. Alors que la Nati butait sur le bloc défensif des insulaires, la joueuse d'Arsenal a récupéré le ballon dans les pieds d'une adversaire et, aussitôt, déclenché une passe verticale cassant les lignes, avant que l'arrière-garde islandaise ne puisse se replacer. Au moment d'évoquer ce but, la capitaine saluait le décalage de Sydney Schertenleib et la conclusion de Géraldine Reuteler, sans jamais se mettre en avant. Pourtant, sans son action de grande classe, pas sûr que les Suissesses seraient en quarts de finale, ce vendredi face à l'Espagne.
Sa présence à l'Euro a longtemps été incertaine. Lors de ses premiers entraînements, en marge du groupe, on voyait les grimaces de douleur sur son visage après deux ou trois traversées. Elle a pourtant réussi à serrer les dents, enchaînant trois matches de 90 minutes en huit jours. «Je ne sais pas comment j'ai fait, avait expliqué Lia Wälti après le succès face aux insulaires. Je me suis persuadée pendant des semaines que je serais sur le terrain le 2 juillet. Que ça irait d'une manière ou d'une autre et que mes douleurs disparaîtraient. Avec l'adrénaline et la motivation, on peut faire beaucoup de choses. Au final, c'est une histoire de mental.» Dès que l’hymne national retentit, les larmes coulent et la douleur s’évanouit.
Rien ne sert de se plaindre
«De l’extérieur, on ne voit pas forcément ce que ça implique d’être sur le terrain. Mais nous, on sait tout ce qu’elle a fait pour être présente. C’est juste incroyable», témoigne Viola Calligaris. Lia Wälti est une leadeuse, un exemple. «Il y a des jours où je me sens mieux et d'autres où je me sens moins bien, avoue la capitaine. Cela ne m'apporte rien de me plaindre de mes douleurs. Je me concentre toujours sur le positif avec un objectif: celui d'être sur le terrain pour le prochain match», ajoute celle qui porte le No 13, «celui que ma mère avait quand elle jouait au handball», depuis qu'elle est arrivée au FFC Turbine Potsdam à l’été 2013.
La milieu de terrain aux 130 sélections a le don de faire briller ses coéquipières. «Tout le monde le dit: quand Lia est là, tout le monde joue mieux», confirme l’internationale Amira Arfaoui qui n’a pas passé le cut 23 pour cet Euro. Elle parle peut-être moins qu’Ana-Maria Crnogorcevic, par exemple. Mais quand elle est sur le terrain, tout est plus facile. C’est une personne qui discute beaucoup avec les jeunes, qui intègre les nouvelles joueuses. Elle est super gentille, elle est humble et c’est un exemple pour tout le monde.» Dur de trouver une personne qui fasse plus l’unanimité.
Cet Euro représente tellement pour Lia Wälti. «Cela dépasse tout ce que nous avions pu rêver», résume l'Emmentaloise. En plus de ces émotions avec le maillot sur les épaules, la milieu de terrain d'Arsenal sait à quel point ce tournoi compte pour le développement du football féminin. «C’est une chance unique pour nous de pouvoir faire bouger les choses en Suisse à un niveau que nous n’aurions jamais pu atteindre auparavant, explique la capitaine. Nous avons la chance de faire quelque chose d’historique, de convaincre beaucoup d’enfants, mais aussi beaucoup de gens qui ne sont peut-être pas très favorables au football féminin.» Il est encore trop tôt pour savoir quel héritage laissera ce Championnat d'Europe 2025. Mais, sur le plan sportif, les Suissesses ont réussi, avec cette qualification historique pour les quarts de finale, leur mission.
Un engagement hors du terrain
Il n’y a pas que sur le pré que la capitaine tente de faire bouger les choses. Avec sa sœur Meret, elles ont sorti un livre, «Lia am Ball» («Coup d’envoi pour Lia» en français), afin de servir de modèle aux jeunes filles et leur donner la force d'affronter les défis qui se présentent lorsqu'on veut devenir footballeuses. Lors de l’entraînement public à Berne le dimanche précédant le début de l’Euro 2025, de nombreuses petites filles scandaient son nom. La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on.
Preuve de son dévouement envers les générations futures, la capitaine de l'équipe de Suisse s'est engagée ce printemps en faveur de Plan International Suisse, une ONG qui lutte pour la défense des droits des filles. «Je veux motiver les filles à croire en elles, à ne pas se laisser décourager et à suivre leur propre voie, soulignait Lia Wälti. L'organisation met en œuvre des projets qui renforcent le pouvoir des filles et des jeunes femmes. Cela me tient à cœur.» Un exemple de plus qui montre toutes les qualités de la capitaine. S'il y avait plus de Lia Wälti sur terre, le monde ne s'en porterait que mieux.