Elle n’a joué que 58 minutes lors de cet Euro – 80 en comptant les très longs arrêts de jeu – mais Alayah Pilgrim (22 ans) a laissé une empreinte digne des plus grands félins. Dans l’ombre, l’Argovienne a bousculé les lignes et ouvert les portes des quarts de finale à la Suisse. Joker de luxe? Non. Arme fatale. En une phrase comme en mille: elle s'est taillée la part du lion.
Face à l’Islande, elle inscrit le 2-0 dans le temps additionnel, un but a posteriori décisif pour la qualification grâce à la différence de buts. Et contre la Finlande, elle lance l’action du 1-1 égalisateur, finalisé par Riola Xhemaili. Alayah Pilgrim incarne le collectif. Et elle l’assume : «C’est une concurrence saine. On se réjouit toutes de pouvoir aider. L’ambiance est excellente – et c’est ça le plus important.»
Côté vie privée, elle file le parfait amour avec Elijah Okafor, le frère de Noah. Une idylle qui l’a un temps éloignée du football: «J’ai eu une courte carrière dans les jeux vidéo: Fortnite, Fifa, Twitch... », sourit-elle. Sa double culture, avec un père marocain, a fait réfléchir la sélection nord-africaine, qui a tenté une approche avant le Mondial 2023. Mais Alayah Pilgrim est Suissesse jusqu’au bout des tresses. «Je suis bien organisée, je garde le contrôle… mais j’ai encore du mal avec la ponctualité», reconnaît-elle.
Une lionne, pour de vrai
Quand elle parle de lion, ce n’est pas une métaphore. Il y en a un dans le salon familial. Empaillé. Oui, un vrai lion. Mauzli. Elle raconte: «Ma mère a grandi avec un lion. Mon grand-père était avocat pour le cirque Nock. Quand une lionne abandonnait ses petits, il les recueillait. Un seul a survécu: Mauzli. En hiver, ils faisaient de la luge avec lui. Et parfois, mon grand-père l’emmenait à l’école, en laisse.» Plus tard, blessé, l’animal a dû être euthanasié. Le grand-père l’a fait empailler et installé dans son étude, pour dissuader les cambrioleurs. Aujourd’hui, il trône dans l’appartement de sa mère.
Une crinière bien tressée
Alayah Pilgrim a rangé sa crinière pour l’Euro. Avant le tournoi, elle a tressé ses boucles. Porte-bonheur? Elle en est convaincue. «Je ne vais rien changer avant le match contre l’Espagne.» Affronter les championnes du monde ne l’effraie pas. Au contraire. On n’a rien à perdre. Ce ne sera pas facile, mais on est à la maison, devant un public incroyable. Tout est possible.»