Elle ne dit pas qu’elle n’a pas versé une larme ou deux. Mais elle l’assure: cette décision, «prise après mûre réflexion», était la meilleure et n’a pas été si difficile à prendre. A 26 ans, déjà, Thaïs Hurni a choisi de mettre fin à sa carrière de footballeuse sur un ultime titre de championne de Suisse, remporté cet été avec YB. Un dernier trophée qui lui fait particulièrement plaisir et rend, quelque part, son choix encore plus doux. «Mon corps et ma tête me disent que c’est le bon moment. En revenant en Suisse, j’espérais bien sûr jouer davantage, occuper un rôle en vue dans cette équipe de YB, qui m’a formidablement accueillie. Au final, j’ai eu des petites blessures et j’ai été freinée par une mononucléose. J’ai vécu la quête de ce titre de l’intérieur et j’ai joué mon rôle en dehors du terrain, mais j’aurais aimé aider encore plus.» Ainsi est Thaïs Hurni, une fonceuse qui ne se retourne jamais et se réjouit de découvrir ce que la vie lui réserve.
Une année aux côtés de deux talents valaisans
«Déjà, je vais profiter de mes soirées libres», sourit-elle, elle qui fonctionne au rythme effréné d’un entraînement par jour depuis plus d’une vingtaine d’années. «J’ai consacré ma vie au football et j’ai adoré le faire. Mais aujourd’hui, je veux passer à autre chose.» Hyperactive, la désormais retraitée du ballon continuera à faire du sport tous les jours, que ce soit de l’endurance ou sa nouvelle passion, la grimpe. Et, surtout, elle s’apprête à finir à Macolin son bachelor en sciences du sport, qu’elle aura en poche à l’été 2026.
«Place à ma nouvelle vie!» se réjouit celle qui vient d’accompagner à YB la génération montante du football suisse, incarnée par les jeunes stars valaisannes Naomi Luyet et Iman Beney. «Elles sont top toutes les deux, parce qu’elles sont ambitieuses mais gardent les pieds sur terre. Elles ont conscience de leur valeur, affichent une belle confiance, tout en étant très sympathiques et sans prise de tête. Je suis heureuse d’avoir passé cette année avec elles, même si elles m’ont un peu tourné autour à l’entraînement! Ce sont deux filles top.»
Une expérience réussie à la télévision
Thaïs Hurni, Yverdonnoise d’origine, est arrivée au sommet du football suisse une première fois avec Servette, avant de tenter sa chance à l’étranger à Saint-Etienne, dans un contexte tout sauf favorable. Cette page-là aussi, elle l’a tournée sans regret, avant de prendre un peu de recul, déjà, avec le milieu du football en partant quelques mois au Cap-Vert, pour se ressourcer. «Là-bas, j’ai beaucoup appris sur moi-même. Et notamment que, même si le football occupait une place centrale dans ma vie, il y avait autre chose à côté. Que ma vie ne se définissait pas que par rapport au foot.» Les premières graines de la reconversion ont donc été semées tout à l’ouest de l’Afrique, dans une sorte de voyage intérieur et libérateur.
Alors voilà, la belle page va se tourner, mais la Nord-Vaudoise, qui compte six sélections avec la Nati, conservera un pied dans le milieu grâce à une qualité découverte un peu par hasard: son aisance sur les plateaux de télévision. «La RTS m’avait invitée un soir pour Sport Dimanche alors que je jouais à Servette et que nous avions un match contre l’Atlético Madrid. J’avais bien aimé l’expérience et eux visiblement aussi, vu qu’ils m’ont demandé de revenir et m’ont même proposé de devenir consultante.» Un rôle qui lui a beaucoup plu et qui ne l’a plus quittée.
L’Euro approche à grands pas, la Suisse jouant son premier match le 2 juillet, face à la Norvège. Et c’est peu dire que la Nati ne s’avance pas en confiance, elle qui n’a gagné aucun match en 2025 et a d’ailleurs été battue deux fois par ces mêmes Norvégiennes en Ligue des nations.
«C’est dommage, parce que la Suisse a montré de belles choses en fin d’année dernière avec notamment deux bons matchs contre de grandes équipes, la France et l’Angleterre. Mais ce début d’année a été très compliqué», analyse Thaïs Hurni. Comment l’expliquer?
«Ce qui est frappant, c’est qu’il y a eu beaucoup d’erreurs individuelles. Et de la part de joueuses différentes, qui plus est, ce qui est très inhabituel. Les filles ont une envie forte de bien faire et de briller lors de cet Euro à domicile. Il y aura toute la famille, les amis... cela donne une motivation supplémentaire, mais cela peut également ajouter de la pression. Je sens un peu de nervosité», explique la Nord-Vaudoise, qui croit tout de même cette équipe capable de tout cet été. «Il faut y croire. L’envie est là, en tout cas.»
L’Euro approche à grands pas, la Suisse jouant son premier match le 2 juillet, face à la Norvège. Et c’est peu dire que la Nati ne s’avance pas en confiance, elle qui n’a gagné aucun match en 2025 et a d’ailleurs été battue deux fois par ces mêmes Norvégiennes en Ligue des nations.
«C’est dommage, parce que la Suisse a montré de belles choses en fin d’année dernière avec notamment deux bons matchs contre de grandes équipes, la France et l’Angleterre. Mais ce début d’année a été très compliqué», analyse Thaïs Hurni. Comment l’expliquer?
«Ce qui est frappant, c’est qu’il y a eu beaucoup d’erreurs individuelles. Et de la part de joueuses différentes, qui plus est, ce qui est très inhabituel. Les filles ont une envie forte de bien faire et de briller lors de cet Euro à domicile. Il y aura toute la famille, les amis... cela donne une motivation supplémentaire, mais cela peut également ajouter de la pression. Je sens un peu de nervosité», explique la Nord-Vaudoise, qui croit tout de même cette équipe capable de tout cet été. «Il faut y croire. L’envie est là, en tout cas.»
«J’apprécie cet échange, donner mon avis pendant une heure et demie, parler de football tout simplement.» Elle a aussi mis son charisme et son talent à disposition de La Télé, dans une émission consacrée uniquement au ballon rond, 4-4-2, où elle était, comme à la RTS, invitée à parler aussi bien de football masculin que de football féminin, passant de l’un à l’autre avec aisance et compétence. Très vite, son franc-parler, son espièglerie et son sens de la formule font mouche. Elle ne manque de toute façon pas de sollicitations, elle qui est également mandatée par l’ASF pour accompagner des équipes étrangères en visite en Suisse, comme très récemment l’équipe nationale de Norvège. Etre polyglotte et avoir le sens du contact, deux qualités qui aident forcément à se créer un réseau.
De toute cette belle carrière de footballeuse, Thaïs Hurni gardera donc les rencontres, elle qui est une personne au contact facile, mais aussi les titres remportés, bien sûr, avec une préférence pour le tout dernier, le plus frais, celui avec YB – elle avait déjà joué plus jeune pour le club bernois. «J’ai eu un coup de cœur pour ce club et cette équipe. Le fait de savoir que j’arrêterais quelques semaines plus tard m’a sans doute permis de profiter encore plus du moment présent et d’apprécier chaque instant. Si je devais retenir un seul moment de ma carrière, ce serait peut-être celui-là, mais il y en a eu tellement… C’est difficile pour moi de répondre à cette question», admet-elle dans un éclat de rire.
Si l’équipe nationale va jouer devant plus de 30 000 spectatrices et spectateurs lors de chacun de ses matchs de poule de l’Euro (Suisse-Norvège à Bâle, Suisse-Islande à Berne et Suisse-Finlande à Genève), ce n’est pas le cas des différentes équipes du championnat tout au long de l’année.
«Mais la tendance est clairement à la hausse. Et le niveau augmente d’année en année, ce qui est réjouissant, assure Thaïs Hurni. Nous venons de jouer deux fois devant plus de 10 000 personnes avec YB. L’engouement est bien réel. C’est un tout: nous jouons désormais tous nos matchs au Wankdorf, dans le grand stade, le confort est là et le public suit.» Ce n’est pas encore le cas partout, mais les filles sont désormais de mieux en mieux rémunérées, sans être professionnelles pour autant. Et l’écart entre les meilleures équipes se resserre très nettement.
«Avant, il y avait Servette et un peu Zurich. Aujourd’hui, les équipes classées derrière ont progressé, que ce soient Bâle, GC, YB... Il y a plus de concurrence, plus de suspense, plus de spectacle.» Et donc logiquement plus d’intérêt de la part du public. Là aussi, l’Euro doit servir de catalyseur.
Si l’équipe nationale va jouer devant plus de 30 000 spectatrices et spectateurs lors de chacun de ses matchs de poule de l’Euro (Suisse-Norvège à Bâle, Suisse-Islande à Berne et Suisse-Finlande à Genève), ce n’est pas le cas des différentes équipes du championnat tout au long de l’année.
«Mais la tendance est clairement à la hausse. Et le niveau augmente d’année en année, ce qui est réjouissant, assure Thaïs Hurni. Nous venons de jouer deux fois devant plus de 10 000 personnes avec YB. L’engouement est bien réel. C’est un tout: nous jouons désormais tous nos matchs au Wankdorf, dans le grand stade, le confort est là et le public suit.» Ce n’est pas encore le cas partout, mais les filles sont désormais de mieux en mieux rémunérées, sans être professionnelles pour autant. Et l’écart entre les meilleures équipes se resserre très nettement.
«Avant, il y avait Servette et un peu Zurich. Aujourd’hui, les équipes classées derrière ont progressé, que ce soient Bâle, GC, YB... Il y a plus de concurrence, plus de suspense, plus de spectacle.» Et donc logiquement plus d’intérêt de la part du public. Là aussi, l’Euro doit servir de catalyseur.
La vie sans football ne lui fait pas peur, on l’a compris, mais elle regrettera tout de même un élément précis: la vie de vestiaire. «Oui, parce que les émotions, positives ou négatives, que l’on peut vivre en équipe sont particulièrement fortes. Partager les joies et les peines d’un vestiaire, c’est une expérience à vivre et cette adrénaline-là risque de me manquer un peu. Mais comme je l’ai dit, je suis en paix avec ma décision.» Prête à ouvrir un nouveau chapitre de sa vie, tout aussi passionnant.