Elle avait déjà goûté à l’ambiance d’une finale de l’Euro féminin en 2022, à Wembley, en Angleterre. Mais ce soir-là, elle était quatrième arbitre, observant les débats depuis la ligne de touche pendant que l'Ukrainienne Kateryna Monzul tenait le sifflet. Cette fois, Stéphanie Frappart sera au centre de la pelouse, sur le devant de la scène. L’arbitre française de 41 ans a en effet été désignée pour diriger la finale de cet Euro 2025 entre l'Angleterre et l'Espagne. Une immense responsabilité, assumée avec le sourire et une solide dose de fierté.
Évidemment, si l’équipe de France avait atteint la finale, la question ne se serait même pas posée: Stéphanie Frappart aurait été écartée. Elle le sait, et ne s’en cache pas. «Bien sûr, à la base, on est footballeurs. Moi, je suis passionnée de foot et donc forcément je supporte l'équipe de France. Après, je sais que mon parcours s’arrêtera en fonction de l'évolution de l'équipe de France», avait-elle confié lors d'une rencontre avec les médias à Nyon avant le début du tournoi.
Une passion qui ne faiblit pas
Il s'agit déjà de son troisième Euro féminin et l’enthousiasme est intact. «Je suis très fière d'en faire partie. C'est toujours un réel plaisir, une vraie envie d'être sur les terrains et de participer à l'événement.» La nomination pour le tournoi n’est pas tombé du ciel. Elle est le fruit d’une sélection rigoureuse, menée par l’UEFA sur plus d’un an. «On était dans un groupe sélectionné depuis un an, donc on était suivis à la fois sur nos matchs, sur nos entraînements…»
Stéphanie Frappart, pionnière dans bien des domaines – première femme à arbitrer un match de Ligue 1, de Champions League masculine, d’une Coupe du monde masculine (en 2022 au Qatar)–, évolue avec une aisance particulière dans les tournois majeurs. Elle connaît la pression, elle l'apprivoise, et est bien moins critiquée qu'en France, où ses performances font régulièrement débat. «Mais c'est la même chose. Les stades sont pleins, à l'Euro comme Ligue 1. La pression est la même: celle du résultat et de la performance.»
Terrain d’abord, journaux jamais
Stéphanie Frappart ne se laisse pas distraire. Surtout pas par les projecteurs. «La pression médiatique, moi j'en fais beaucoup abstraction. Pour moi, le foot, c’est le terrain, le rectangle vert.» C’est là qu’elle vit, là qu’elle respire. Le reste, elle le garde à distance. Même les polémiques? Même les comparaisons? «Je suis vraiment détachée de ça. Je suis vraiment sur la qualité des matchs, la qualité du foot. Et je vois qu’il y a vraiment une évolution depuis 2010. Maintenant, quand on me pose la question, je réponds qu'à haut niveau, un match de filles ou de garçons, maintenant c’est pareil.»
La capacité d’adaptation est au cœur de son approche. Elle le martèle comme un mantra: «C’est le même foot. Je suis passée de la Champions League chez les garçons à celle des filles, cela devient normal. C’est ça le haut niveau: savoir s’adapter à chaque match et à la technique de chaque équipe.»
L'équipement évolue
L’équipement arbitral a lui aussi évolué en ce qui concerne le football féminin, comme masculin d'ailleurs: «La technologie se réduit aussi au fur et à mesure. On avait des gros boîtiers au départ, maintenant c’est des tout petits boîtiers. Les caméras et autres, maintenant ça fait partie de notre équipement», assure-t-elle.
Le même frisson qu’au début
Malgré les années, malgré les sommets déjà atteints, elle continue de vibrer. «L’excitation, c’est de rentrer sur la pelouse avec l’émerveillement dans le stade. Avoir ces émotions quand on rentre sur le terrain, c’est toujours la même excitation.» Comme si c’était la première fois. Comme si tout recommençait.
Stéphanie Frappart le dit elle-même: elle est fan de foot. De tous les footballs. «Bien sûr! Moi je suis fan de foot, donc je regarde la Copa America, je regarde la CAN féminine en parallèle de l'Euro, et je regarde les matches de l’Euro bien sûr.» Elle regarde, elle arbitre, elle vit football. Tout simplement.
Et ce dimanche soir, sur la pelouse d’un Parc Saint-Jacques comble, c’est elle qui fera respecter les règles. Avec la même rigueur, le même calme, et cette excitation qu’elle n’a jamais perdue, malgré l'ampleur des critiques qui la visent chaque week-end ou presque sur les pelouses françaises.