À l’arrivée sur l’esplanade du Stade de Genève, du rouge. Beaucoup de rouge. Rien de plus normal pour un match de l’équipe de Suisse, me direz-vous. Mais lorsqu’on regarde de plus près, on se rend compte que la couleur des maillots ne correspond pas vraiment à celle de la Nati. Et la croix suisse a cédé sa place à la portugaise. Autour de nous, des centaines et des centaines de Lusitaniens venus encourager leur équipe.
Pastéis > chocolat
L’ambiance est bon enfant à l’abord du stade. Les gens chantent, boivent et sont souriants. Au loin, un panneau se démarque. Selon Alexandre, les pastéis de nata — pâtisserie typique de la cuisine portugaise — seraient meilleurs que le chocolat suisse.
Et lorsqu’on lui adresse la parole, ce jeune supporter portugais de 18 ans ne démord pas: «C’est la seule vérité.» Même si ce Neuchâtelois avoue à demi-mot que «c’est une petite blague, pour passer peut-être à la télé». Avant de se quitter, il nous explique également ce que ce match représente pour lui: «C’est toujours une fierté de venir voir notre nation. Et même si c’est contre la Suisse, le pays dans lequel on habite, le cœur reste portugais.» Quelques hectomètres plus loin, on aperçoit le jeune Alexandre de loin, filmé par une caméra de télévision. Pari réussi.
«Mes deux pays de cœur»
Notre route croise ensuite celle de Victor, accompagné de sa famille. Le Genevois a décidé de ne pas faire un choix. Ce dimanche soir, il ne sera ni pour la Suisse, ni pour le Portugal. «Mais pour les deux», sourit-il. Avec son maillot mi-suisse mi-portugais, Victor a trouvé le meilleur moyen pour ne pas rentrer déçu à la maison après le match. Une rencontre entre ses «deux pays de cœur» qu’il n’aurait ratée pour rien au monde.
Ce match, il n’a déchiré ni le cœur de Victor, ni cette amitié entre Jérémy et Michaël. Ils ont la même passion, mais pas le même maillot. Lorsqu’ils ont découvert l’affiche, les deux amis — «depuis une dizaine d’années» — ont décidé de venir ensemble. Pour Jérémy, cette rencontre est placée «sous le signe de l’esprit familial. Il y a beaucoup de Portugais en Suisse et ce genre de moments nous rapproche.» Un avis partagé par son ami Michaël — «même si c’est un peu plus particulier pour moi». Bien que nous n’ayons pas recroisé le chemin des deux compères à la fin du match, nul doute que leur amitié aura survécu à la rencontre.
Un couple déchiré
Et il en va sans doute de même du couple Rafael - Pauline. Les deux tourtereaux sont venus depuis le Valais pour regarder cette rencontre spéciale pour eux. «C’est incroyable de pouvoir vivre ceci à Genève avec elle, s’enthousiasme Monsieur. C’est son premier match de l’équipe de Suisse.» Également le sourire aux lèvres, Madame avoue quand même qu’elle est surtout là pour accompagner son copain. «De base, je ne suis pas une grande fan de foot, confesse-t-elle. Mais c’est cool qu’il est pour le Portugal, et moi pour la Suisse.»
«Ce sont mes deux origines», sourit Rafael. Même si, pour la rencontre, il a préféré revêtir son maillot du Portugal.
Un hymne assourdissant
Toujours proche du stade, l’ambiance est assourdissante lorsque les joueurs portugais arrivent en car. Elle le sera également lorsqu’ils rentreront sur la pelouse pour l’échauffement.
Mais le plus impressionnant restera le moment des hymnes. Alors que retentit celui du Portugal, les milliers de supporters chantent de vive voix. Durant le Cantique suisse, on a plutôt l’impression d’être à une kermesse.
Pourtant, les supporters portugais ont été cueillis à froid dès la première minute de jeu, lorsque Haris Seferovic a donné l’avantage à la Suisse. Un seul but, suffisant pour faire le bonheur des fans suisses. Et de Victor, gagnant quoiqu’il advienne en ce dimanche soir.