Iman Beney a vécu l'été le plus fou de sa jeune existence! Dans l'ordre? Le tir au but décisif qui offre le titre à Young Boys, l'Euro féminin et les débuts à Manchester City! De quoi faire tourner la tête à n'importe qui, mais la Valaisanne d'origine nord-vaudoise de 19 ans garde la même ambition, que ce soit avec la Nati ou le club mancunien. Confortablement installée dans un salon du joli hôtel de Jerez de la Frontera où l'équipe de Suisse a mis un terme à sa folle année 2025 et où elle a été l'une des satisfactions (un but face au Pays de Galles), elle revient pour Blick sur son ascension et ses perspectives d'avenir.
Iman, c'était sympa de voir un peu le soleil andalou en cette fin d'année, non?
Oui, très! Mis à part le bruit des motos du circuit juste à côté, c'est le top (rires).
Et sur le terrain, comment t'adaptes-tu à ce que le nouveau coach demande?
Très bien. On apprend énormément, on joue bien, mais il nous manque l'efficacité offensive. On concède aussi des buts un peu inutiles. Ce sont de petits détails: si on les corrige, on peut gagner. J’ai trouvé la Suisse plus offensive et plus propre dans le jeu.
Sur le plan personnel, tu semblais très libre offensivement. Plus qu'avant même…
Oui, j’étais contente de pouvoir jouer avec une mentalité offensive comme en club. Retrouver cette liberté sur le côté, pouvoir m’amuser, combiner… J’ai pris beaucoup de plaisir sur le terrain.
Mais ce système est tout de même exigeant, tu dois pas mal défendre.
Oui, j’ai dû défendre, mais tout le monde doit le faire! Même en étant un profil offensif, ça fait partie du foot. Et en parallèle, j’ai eu des actions offensives, des frappes, des centres… Sur le côté je peux dribbler, provoquer, et retrouver cette liberté m’a fait du bien.
Ton coach m’a dit qu’il te voyait clairement comme une ailière. Ça te convient?
Totalement. Ces derniers temps, j’ai toujours dit que j’adorais jouer sur la ligne. J’y ai mes repères. Et c’est aussi le poste que j’occupe à City. Je m’y sens bien.
City justement! Depuis cet été, tu découvres un calendrier beaucoup plus intense qu'en Suisse, où le championnat compte vraiment peu de matches. Comment gères-tu ces enchaînements?
C’est sûr que c'est nouveau mais c'est cool. On va finir le 21 décembre et on recommence l'entraînement le 2 janvier, avec seulement une semaine de préparation puisque le championnat reprend le 11. Ça enchaîne! Mais au moins on est directement dedans.
Tu seras peu de temps à la maison…
Oui, dix jours. C'est comme ça, c'est mon nouveau rythme, ma nouvelle vie.
Et ce ne sont pas les trêves internationales qui te permettent de voir ta famille puisque tu es constamment sélectionnée.
Ma famille vient me voir à Manchester: mon père, ma maman, mon frère, même mes grands-parents. Et cet hiver, on va passer du temps tous ensemble.
Le niveau d’intensité à City, c’est ce qui change le plus par rapport à la Suisse?
Oui. Le rythme, la qualité, l’intensité: c’est très différent. Au début, tout va très vite. Mais petit à petit, on s’adapte. J’ai aussi eu la chance, en arrivant, que les internationales étaient encore en vacances après l’Euro, qu'elles ont fini un peu plus tard que moi avec l'Angleterre ou l'Espagne, donc on s’entraînait en petits groupes. Ça m’a aidée. Maintenant, c’est devenu normal de jouer vite, de réfléchir vite.
Tu as toujours fait partie de vestiaires sympas, bienveillants, que ce soit en club ou avec la Nati. Là, tu découvres un monde féroce et égoïste?
Pas du tout. Il y a un très bon mélange entre jeunes et joueuses expérimentées. Il n'y a pas de clans, on est toutes ensemble. On fait des activités en dehors du foot, on aime se retrouver. Franchement, l’intégration a été super facile.
Là, on fait cette interview en Andalousie, tu te réjouis de retrouver la nuit qui tombe à 16h?
Ca va aller, je te remercie (rires)!
La perspective d’une Coupe du monde au Brésil, ça te fait particulièrement rêver?
Bien sûr. Une Coupe du monde au Brésil, c’est le rêve de tout le monde… et c’est aussi mon pays. Le chemin a déjà commencé pour nous. Les matchs de février seront importants pour être bien placées dans le classement. On apprend vite avec ce nouveau staff et ce système. Tout est possible.
Justement, qu’est-ce qui change le plus avec la nouvelle philosophie de jeu?
L’exigence à l’entraînement. On a beaucoup de joueuses dans de grands clubs, de fortes individualités. Si on arrive à mettre toutes ces qualités ensemble, je pense qu’on peut faire de très grandes choses.
Tu peux nous en parler de ton lien avec le Brésil?
Ma mère est brésilienne. On y va dès qu’on peut, mais avec le foot c’est compliqué: si tu y vas, il faut au moins deux semaines, le trajet est long. On a encore de la famille-là bas et j’espère aussi qu'on va se qualifier pour qu'ils puissent venir voir les matches, ce serait fou pour moi! Jouer au Brésil devant ma famille, ce n'est pas donné à tout le monde.
Vous n’êtes que trois Romandes dans le groupe actuellement, en attendant le retour de Sandrine Mauron et celui de ta grande amie Naomi Luyet. Est-ce que ça change quelque chose au quotidien avec la Nati?
Franchement, non, même si on s’entend très bien entre nous avec Smilla et Leila, mais c'est aussi le cas avec les Alémaniques. Et tout le monde parle un peu français ou allemand. On n’est pas un groupe à part si c'est ce que tu veux savoir (rires).
Les entraînements se font souvent en anglais aussi…
Oui, mais tout le monde comprend l’anglais. C’est plus simple pour le staff et pour nous.
C'est déjà la fin de l'année... Si tu regardes 2025, qu’est-ce qui restera en premier?
Pas un moment en particulier, mais tout l’été! D'abord le titre avec YB, ce penalty décisif et puis l’Euro… tout l’Euro! Et mon départ à Manchester: il m’a fallu un peu de temps, mais maintenant je suis lancée. Prête à écrire la suite.
Parle-moi de ce dernier match avec YB, de ce que tu ressens quand tu t'avances pour tirer ce penalty...
Je ne pouvais pas mieux finir, tout simplement. Je revois tout: le stade, l'ambiance, la joie... Ce sont de magnifiques souvenirs. Je suis retournée voir un match à Berne récemment et ça m’a rappelé à quel point on était une vraie bonne équipe. Et comme je l'ai dit: ça a été le point de départ du plus bel été de ma vie.