Six matches au Lumen Field
Seattle est bien loin des considérations négatives de l'Europe

Shawn Kemp vend du cannabis, un sandwich au saumon coûte 15 dollars et Nelly vend des tacos. Bienvenue à Seattle, où la Coupe du monde des clubs fait escale, tout au nord-ouest des Etats-Unis, face à l'océan Pacifique, pas loin du Canada et de Vancouver.
Publié: 00:53 heures
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Dernière mise à jour: 15:10 heures
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Stefan Frei, héros local -et saint-gallois!- des Seattle Sounders, s'apprête à défier Botafogo dimanche.
Photo: keystone-sda.ch
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Elle s'appelle Nelly, et elle galère un peu à monter son stand de tacos juste en face du Lumen Field Stadium, en ce vendredi après-midi. Pas de stress, la Coupe du monde des clubs débute dans deux jours, il y a largement le temps de réussir à crocher ce store récalcitrant, mais Nelly ne peut s'empêcher de lâcher un juron en espagnol. Au bout d'un moment, tout de même, voilà le zig planté dans le zag, et le stand ouvert! «Bueno», dit Nelly, en s'essuyant les mains dans un tablier qui mériterait un petit tour à la machine, et en regardant autour d'elle, satisfaite.

Un match, 300 tacos

Combien de tacos s'apprête-t-elle à vendre dimanche, avant le match entre les Seattle Sounders et Botafogo? «Je ne sais pas! Mais normalement, les jours de match des Seahawks, je peux en vendre jusqu'à 300. Quand c'est les Sounders, un peu moins», calcule la Sud-Américaine, laquelle parle anglais avec un délicieux accent sentant bon le Mexique ou plus bas, on n'a pas osé lui demander.

Le Lumen Field de Seattle devrait afficher complet pour les trois rencontres des Sounders au moins.
Photo: Getty Images

Ce n'est pas un secret, ni un scoop: le football américain attire plus les foules que le soccer aux Etats-Unis, même dans une ville qui apprécie énormément le ballon rond comme Seattle. Et donc fait vendre plus de tacos les jours de match des Seahawks que lors de ceux des Sounders.

Deux stades gigantesques séparés par une centaine de mètres

L'avenue devant le Lumen Field est quoi qu'il en soit un point stratégique pour les vendeurs de tacos, de hot-dogs, de bières et de «sausages» puisqu'à quelques dizaines de mètres à peine se dresse le gigantesque T-Mobile Stadium, antre des Seattle Mariners, la très populaire franchise de baseball de la ville. Le tableau est saisissant en sortant du métro: face au visiteur se dressent immédiatement ces deux monstres.

A gauche, le baseball. A droite, le football américain et le soccer. Et au milieu, donc, fourmillent des dizaines d'échoppes comme celle de Nelly, mais aussi des magasins officiels de sport, qui proposent des maillots coûtant largement plus de 100 dollars. Le sport est un véritable business à Seattle, comme partout dans le monde.

Un mur de casquettes. Littéralement.
Photo: Seattle

L'antre des Seattle Kraken, le club de NHL, se trouve elle un peu plus haut dans la ville, au pied du Space Needle, cette tour d'observation faisant office de symbole de Seattle («Notre Tour Eiffel», se vante un peu trop une pancarte à l'intérieur), haute de 605 pieds pour les Américains, de 184 mètres pour le reste du monde. La vue depuis le sommet vaut la peine, le regard du visiteur se perdant dans le Pacifique, juste sous ses pieds, et par delà la ville de Seattle et ses 700'000 habitants, 4 millions en comptant la banlieue, ce qui en fait la quinzième plus grande aire métropolitaine des Etats-Unis, entre Detroit et Minneapolis, pour situer un peu.

Le Space Needle, symbole de Seattle.
Photo: Seattle

La NFL, la NHL, la MLS et la MLB: il ne manque donc que la NBA à ce tableau de rêve pour que Seattle fasse partie des villes américaines à posséder une franchise dans chaque sport majeur.

Seattle veut faire revivre les mythiques Sonics

Seuls New York, Chicago, Boston, Dallas, Denver, Los Angeles, Miami, Minneapolis, Philadelphie et Washington peuvent s'en targuer pour l'heure, mais ce n'est pas un secret: Seattle rêve de faire revivre les mythiques Sonics, cette équipe de basketball qui a fait rêver des milliers de fans au début des années 90 grâce à ses stars Gary Payton, Detlef Schrempf et Shawn Kemp, lequel possède même une spectaculaire peinture murale à sa gloire, pas loin du centre-ville.

Le magasin attenant n'a cependant rien à voir avec le basketball puisqu'il s'agit d'une échoppe, très officielle et légale, consacrée à plein à la vente et à la promotion du cannabis, sous diverses formes! Pour qui veut de la «weed» à la sauce Shawn Kemp, il n'y a donc qu'à se servir (et à passer à la caisse, quand même).

La fresque murale à l'effigie de la légende Shawn Kemp. A l'intérieur du bâtiment, un magasin 100% consacré au cannabis, utilisant à plein l'image de la star!
Photo: Seattle

Depuis le début de la semaine, les sports américains habituels passent cependant au second plan à Seattle, le soccer étant (pour une fois) le seul roi pour les onze prochains jours. La Coupe du monde des clubs fait en effet escale ici, tout au nord-ouest des Etats-Unis, face à l'océan Pacifique, pas loin du tout du Canada et de Vancouver.

Quinze dollars le sandwich au saumon

Le Lumen Field et le T-Mobile se trouvent à dix minutes à pied du centre-ville, pas loin de la côte et du port où un sandwich au saumon de l'Alaska coûte une quinzaine de dollars, pourboire non compris, y compris à l'emporter, et où des tour-opérateurs proposent des voyages en bateau de trois heures pour admirer les orques et les baleines, avec une «garantie de résultat». Comprenez par là: si aucun animal marin d'envergure ne daigne montrer une nageoire pendant la croisière, un billet gratuit est émis pour un autre jour.

Los Angeles et Seattle à l'ouest, tout le reste à l'est

Ce n'est cependant pas pour les baleines que plusieurs centaines de Brésiliens se baladent en cette fin de semaine vers le port, maillot de Botafogo sur le dos, mais bien pour assister à un événement historique: la toute première Coupe du monde des clubs. La FIFA a concentré les matches sur l'est du pays, mis à part en ce qui concerne deux villes, Los Angeles et le mythique Rose Bowl de Pasadena et, donc, Seattle et son Lumen Field.

Six matches sont au programme ici, ce qui devrait assurer un très joli chiffre d'affaires à Nelly. Dans l'ordre: Seattle-Botafogo, River Plate-Urawa Red Diamonds, Seattle-Atletico Madrid, Inter-Urawa Red Diamonds, Seattle-PSG et Inter-River Plate, le tout en onze jours! Plusieurs des meilleurs joueurs du monde vont donc passer par là entre le 15 et le 25 juin, ce qui réjouit Cristian Roldan.

Stefan Frei et Seattle ont remporté la Champions League de la Concacaf en 2022, raison pour laquelle ils ont gagné le droit de jouer cette Coupe du monde des clubs.
Photo: AFP

Croisé à la sortie de l'entraînement matinal de veille de match des Sounders, le milieu de terrain américain est très excité à l'idée de disputer cette Coupe du monde des clubs, si décriée en Europe. «C'est une compétition magnifique, très prestigieuse. On va recevoir les meilleures équipes du monde chez nous et on veut faire bonne figure», lâche l'Américain, depuis le très fonctionnel centre d'entraînement de son club, à vingt minutes en voiture du centre-ville, pas loin de l'aéroport international, ce qui a ses avantages.

Le centre d'entraînement des Sounders, un brin nuageux en ce samedi de juin.
Photo: Seattle

Une quinzaine de journalistes sont présents lors de cette séance matinale, disputée sous un temps un peu maussade. L'été n'est pas encore tout à fait arrivé à Seattle, et Botafogo, qui a établi son camp de base à Los Angeles, à trois heures d'avion, perdra quelques degrés au passage, mais les Brésiliens se heurteront aussi, et surtout, à l'enthousiasme des joueurs des Sounders.

Les Sounders veulent s'en sortir en équipe

«On est forts quand on joue en équipe. C'est notre qualité première», assure Cristian Roldan, lequel veut tirer profit de la dernière expérience des Sounders lors d'une compétition intercontinentale, une défaite face à Al-Ahly, au Maroc, en février 2023, lors de la dernière Coupe du monde des club, laquelle ne regroupait à l'époque qu'une poignée d'équipes.

«On avait perdu 1-0 ce jour-là. Mais plusieurs d'entre nous sont encore là et on veut s'en servir. On a une bonne colonne vertébrale, expérimentée. On est soudés», se rappelle le numéro 7, qui était titulaire à mi-terrain face aux Egyptiens lors de cette défaite qui a fait mal, mais dont la frustration, encore bien réelle, devra servir ce dimanche. Si Seattle est qualifié pour cette Coupe du monde des clubs, grand format, la première avec 32 équipes, la franchise américaine le doit à sa victoire historique lors de la Champions League de la Concacaf en 2022.

L'Europe se plaint, le reste du monde approuve

Si les Européens sont très sceptiques quant à cette Coupe du monde des clubs à 32 clubs, ce n'est de loin pas le cas des Américains, ni du reste du monde d'ailleurs. «Pour nous, c'est une compétition très excitante. Les meilleures équipes de la planète chez nous, c'est un événement à vivre et on se réjouit d'y participer», assure Cristian Roldan. Seule la répartition des primes a fait grincer des dents aux Etats-Unis, Seattle et d'autres réclamant une répartition plus juste de la manne financière pour les 32 clubs participants.

Pour espérer terminer dans les deux premiers de son groupe, composé du PSG, de l'Atletico Madrid et de Botafogo, les Sounders savent qu'ils devront sans aucun doute battre les Brésiliens lors de ce match inaugural. Sans quoi la mission sera extrêmement compliquée, ce que confirme Cristian Roldan: «Le premier match est crucial. Il déterminera la suite. On espère pouvoir rendre fiers nos fans, qui seront plus de 40'000 et font partie des meilleurs des Etats-Unis. On espère qu'ils nous pousseront à la victoire.»

Les fans de Seattle sont considérés comme étant parmi les plus fervents de MLS.
Photo: keystone-sda.ch

L'avant-centre américain Jesus Ferreira y croit, en tout cas. «Ce sera dur, c'est un gros challenge, mais c'est aussi une très belle opportunité pour nous de montrer ce que l'on peut faire à très haut niveau», dit celui qui était présent lors de la Coupe du monde au Qatar avec les USA et a donc déjà une certaine expérience des grands événements. Le regard déterminé, le numéro 9 des Sounders semble impatient d'en découdre avec les défenseurs du club brésilien, auxquels on souhaite bien du plaisir lorsqu'il faudra se coltiner la bête.

«On ne veut pas prendre 4 ou 5 buts»

Entraîneur de cette joyeuse troupe, Brian Schmetzer est bien conscient que rien ne sera facile dans ce groupe, mais veut y croire. «On doit retrouver notre force en défense, ce qui était l'une de nos grandes qualités», glisse-t-il en conférence de presse un peu plus tard, dans les entrailles de ce gigantesque Lumen Field Stadium.

«On sait que le PSG a mis cinq buts lors de son dernier match, et pas contre n'importe qui! On ne veut pas prendre quatre ou cinq buts, on veut représenter dignement notre club et on devra être très concentrés, sans en faire trop. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on devra être enthousiastes, mais surtout très rigoureux, défendre avec la bonne intensité, sans plus. Si on est trop enthousiastes, qu'on se projette trop vite vers l'avant, Botafogo pourra en profiter et nous faire mal dans le dos. Jouons de manière équilibrée, en faisant les efforts nécessaires», dit le technicien, impatient de croiser la route des autres entraîneurs de ce groupe, tous des pointures. Renato Paiva pour commencer, puis Diego Simeone et enfin Luis Enrique, voilà qui a de l'allure!

Brian Schmetzer, head coach des Seattle Sounders.
Photo: Getty Images

«Je suis très fier que mon staff puisse avoir le privilège de se frotter à des techniciens comme ceux-ci. Mon staff, qui fait un travail incroyable depuis des années, le mérite amplement. J'ai la chance de pouvoir compter sur eux. On discute, on donne la ligne générale et ensuite, ces gars vont en profondeur, chacun dans leur domaine. Je suis impatient de voir ce que ça va donner pendant cette Coupe du monde des clubs», ajoute Brian Schmetzer, lequel a une pensée pour ses joueurs également, dont son gardien saint-gallois Stefan Frei, désormais âgé de 39 ans et légende vivante des Sounders, un club pour lequel il a disputé plus de 400 matches.

Stefan Frei a dépassé les 400 matches joués avec les Sounders.
Photo: Getty Images

«Stef est un élément essentiel pour nous, il travaille tellement dur à l'entraînement qu'il mérité tout ce qui lui arrive de bon. Lui seul sait les efforts consacrés, ces jours entiers à s'exercer... Je suis très heureux pour lui aussi, il fait partie des piliers de cette équipe», assure Brian Schmeltzer, lequel en a fait son capitaine.

Stefan Frei, le rêve américain

L'histoire de son gardien est singulière: international suisse M15 (avec notamment Tranquillo Barnetta, Johan Vonlanthen et Reto Ziegler), lointain cousin d'Alexander Frei, le portier a suivi ses parents en Californie à l'âge de 15 ans, ceux-ci y ayant déménagé. Après y avoir débuté, il a lui-même bougé plus au nord, dans l'état de Washington où se trouve Seattle, y a fait sa vie, devenant l'un des meilleurs gardiens du championnat, sinon le meilleur, mais aussi et surtout une légende locale des Sounders, lui qui habite avec son épouse et ses chiens dans la demeure de ses rêves, qu'il a lui-même faite construire. Le rêve américain, tout simplement.

Groupe A
Équipe
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1
Al Ahly (EGY)
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0
1
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Inter Miami CF
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FC Porto
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0
3
SE Palmeiras
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Groupe B
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Atlético Madrid
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0
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Paris Saint-Germain
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0
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Seattle Sounders
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Playoffs
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Bayern Munich
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Boca Juniors
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Benfica Lisbonne
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4
Auckland City
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Groupe D
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Chelsea FC
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CR Flamengo RJ
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Espérance Sportive de Tunis
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0
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Los Angeles FC
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0
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Groupe E
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River Plate (ARG)
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CF Monterrey
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Inter Milan
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Groupe F
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Borussia Dortmund
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Fluminense FC
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0
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1
Mamelodi Sundowns
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1
Ulsan HD
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Groupe G
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Al Ain
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Juventus Turin
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Manchester City FC
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Wydad AC
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Groupe H
Équipe
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Al Hilal SFC
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CF Pachuca
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FC Salzbourg
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Real Madrid
Real Madrid
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Playoffs
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