La Suisse va-t-elle valider sa qualification pour la Coupe du monde samedi soir à 23h? Mardi à Pristina? Ou devra-t-elle passer par de très périlleux barrages contre, par exemple, l'Italie, l'Ecosse, la Hongrie ou la Roumanie en mars? Il existe cinq très bonnes raisons d'être optimiste avant les deux derniers matches.
Une défense de fer
La Nati n’a toujours pas encaissé le moindre but dans ces qualifications. Gregor Kobel, qui a longtemps attendu son premier «clean sheet» en équipe nationale (aucun lors de ses 13 premiers matches), reste désormais sur 465 minutes d’invincibilité (quinze minutes contre le Mexique, puis Etats-Unis, Kosovo, Slovénie, Suède et Slovénie). «Après avoir joué si longtemps avec Yann, c’est normal qu’il faille un temps d’adaptation», souligne Manuel Akanji. À ses côtés, Nico Elvedi réalise une campagne impressionnante, lui qui était très loin d'être titulaire au printemps.
La Suisse concède très peu d’occasions, grâce également au travail défensif de l’ensemble des joueurs offensifs. Et un brin de réussite s’est ajouté à cette solidité: lors du match aller en Suède, Alexander Isak a trouvé l’intérieur du poteau, et Lucas Bergvall a manqué le cadre alors que le but était grand ouvert.
La Suisse est aussi forte qu'à l'Euro
La Suisse peut rivaliser avec les meilleures nations européennes lorsqu’elle est dans un bon jour. Elle l’a prouvé lors de l’Euro en Allemagne, où elle n’a été éliminée qu’aux tirs au but contre l’Angleterre en quarts de finale. «Plusieurs de mes coéquipiers en club m’ont dit que nous étions l’une des équipes les plus fortes du tournoi, avec l’Espagne et l’Allemagne», raconte Manuel Akanji.
Selon lui, même lors de défaites récentes, la Nati ne s’est presque jamais sentie inférieure. L’automne dernier a toutefois montré une baisse de régime en Nations League, dans un contexte de transition après les retraites internationales de Yann Sommer, Xherdan Shaqiri et Fabian Schär. Aujourd’hui, la Suisse semble avoir retrouvé tout son allant. «Nous avons réussi à renverser la situation et beaucoup ont sous-estimé notre capacité à revenir à notre niveau de l’Euro», affirme Granit Xhaka.
Un scénario favorable
Avec 10 points, aucun but encaissé et aucune défaite, la Suisse se présente dans une position presque idéale pour les deux dernières rencontres. Théoriquement, elle pourrait même perdre les deux matches et malgré tout terminer première de son groupe. Et une chose est sûre: un match nul à Pristina qualifiera l'équipe de Suisse pour la Coupe du monde.
Encore plus concrètement: si la Suisse prend samedi un point de plus contre la Suède que le Kosovo en Slovénie, la qualification sera officiellement acquise. Si elle fait le même résultat que les Kosovars, elle serait virtuellement qualifiée avec son goal-average largement meilleur (dix buts d'avance aujourd'hui). Et même si les Kosovars ont fait vibrer leurs supporters avec leurs deux succès contre les Suédois, leur déplacement à Ljubljana s’annonce périlleux. La pelouse sera difficile, le public slovène incandescent, et les Slovènes visent encore les barrages. Tout est donc encore ouvert dans ce groupe, mais la Nati a de très loin les meilleures cartes en main.
Murat Yakin, tout simplement
La présence de la Suisse dans les grands tournois est devenue la norme: depuis 2004, seule une phase finale de l’Euro lui a échappé. La mentalité a évolué: l’objectif minimal n’est plus la qualification, mais les matches à élimination directe. Depuis 2014, seules deux sélections européennes se sont qualifiées à chaque fois pour un grand tournoi, tout en atteignant au minimum les 8es, sans exception: la Suisse et la France. Même l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie, le Portugal et d'autres grandes nations du jeu ne peuvent pas en dire autant!
Ce succès répété ne s’explique pas seulement par la qualité individuelle des joueurs, mais aussi par une force collective impressionnante et la capacité à répondre présent quand ça campte. Sous la direction de Murat Yakin, cela n’a jamais été aussi vrai: la Suisse peut se permettre de lever le pied quand l’enjeu est moindre, comme en Nations League l’an dernier, mais dès que la qualification pour l'Euro ou la Coupe du monde est en jeu, tout le monde est à fond. La Nati version Murat Yakin, c’est l’élève qui se contente du minimum pendant l’année mais décroche ensuite les meilleures notes aux examens. Et cette phase finale des qualifications devrait une fois de plus le confirmer.
Genève, stade béni pour la Nati
Le Stade de Genève fait parfois parler de lui pour la piètre qualité de sa pelouse. Et la dernière venue s’est soldée par une lourde défaite 4-1 contre l’Espagne en Nations League.
Pourtant, en qualifications, le bilan dans la Cité de Calvin est impeccable: 7 matches, 7 victoires (4 pour un Mondial, 3 pour un Euro) depuis son inauguration en 2003.
Au total, la Suisse y a disputé 22 rencontres: 12 victoires, 4 nuls, 6 défaites. Une forteresse bien réelle au moment de défier la Suède.