Après la déception de la Coupe d'Afrique des Nations
Le football ghanéen s'enfonce encore un peu plus dans le chaos

L'équipe nationale du Ghana a dû faire ses valises dès la phase de groupe de la dernière Coupe d'Afrique des Nations. Un résultat pas digne de leur pays selon les supporters qui ont mis en place une grande manifestation contre la fédération de football.
Publié: 17.02.2024 à 09:27 heures
1/11
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Accra, la capitale du Ghana, mercredi.
Photo: Nicolas Horni
Nicolas Horni

On en est à la 93e minute du dernier match de groupe entre le Ghana et le Mozambique lorsque Richard Ofori, le concurrent du gardien du FC Saint-Gall, Lawrence Ati-Zigi, a la bonne idée de toucher un ballon qui part en sortie de but. Sur le corner qui suit, le défenseur de l'Atlético, Reinildo Mandava, égalise à deux partout. Le Ghana est définitivement éliminé. Ceci entraine le début de vives protestations contre les joueurs, l'entraîneur et la fédération.

Le soir même, la colère des journalistes ghanéens se déchaîne dans les catacombes du Stade Olympique Alassane Ouattara d'Ebimpé à Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Ils exigent des explications sur ces piètres performances tout au long de la CAN.

L'insignifiance de la ligue ghanéenne

Sous la houlette d'une poignée de journalistes ghanéens, les protestations contre les dirigeants de l'Association ghanéenne de football (GFA) se fait de plus en plus forte. Mercredi 14 février, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Accra, capitale ghanéenne, pour signer leur mécontentement au ministère des Sports. Ils ont remis une pétition visant à sauver la fédération ghanéenne de football. En 15 points, les manifestants demandent entre autres le développement d'une stratégie nationale de football, la construction d'un complexe d'entraînement national ou encore une enquête sur les flux financiers versés à la GFA durant ces dernières années.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

L'argent est un grand facteur de discorde dans le pays du golfe de Guinée. Les joueurs ne seraient convoqués que contre une rémunération, ce qui déplait à beaucoup de supporters. En outre, la fédération et ses fonctionnaires auraient empoché de l'argent, par exemple de la FIFA ou de la Confédération africaine de football (CAF), pour participer à des tournois.

Cela n'a pas été prouvé. Les infrastructures laissent également plus qu'à désirer. De nombreux stades des clubs de la Ghanaian Premier League sont vieillissants, les pelouses sont tachées de brun, les tribunes, quand il y en a, sont délabrées. La plus haute ligue du pays n'a plus que très peu de valeur, comme le confirme David, un manifestant excédé: «je suis un supporter des Hearts of Oak, mais cette ligue n'est plus quelque chose dont on peut se réjouir. Le football ne cesse de se dégrader et ceux qui mettent l'argent dans leur poche en sont complices».

«Utilisez les recettes de la Coupe du monde pour le développement du football. Ce n'est pas l'argent du gouvernement», est l'une des revendications des manifestants.
Photo: Nicolas Horni

Lawrence Ati-Zigi dans les buts aurait-il pu empêcher les protestations?

Pour d'autres, les protestations pour le football ghanéen ne sont qu'un symbole de la situation dans le pays. «Cette protestation ne sert à rien de cette manière. Une fois que nous aurons résolu le problème de la GFA, il y en aura un autre. Par exemple dans le secteur de la santé, en matière de formation ou de chômage. Il y a des carences dans tous les coins et recoins du pays», estime Ralph, qui participe à toutes les manifestations possibles contre le gouvernement. L'espoir de voir les élections de l'automne prochain apporter des changements est mince.

Comme des dizaines de policiers en tenue complète barrent le chemin, le cortège de la manifestation de mercredi ne parvient finalement pas jusqu'au ministère des Sports et se termine quelques centaines de mètres plus loin devant l'Independence Arch, l'un des monuments de la capitale ghanéenne. C'est là qu'ils remettent finalement la pétition à quelques représentants du Parlement. Il n'est pas certain que les choses changent beaucoup. Ce qui est probable, c'est que les responsables au sein de la fédération et du Parlement ressentent de plus en plus la pression désagréable de l'opinion publique.

Des dizaines de policiers en tenue complète bloquent le chemin des manifestants vers le ministère des Sports.
Photo: Nicolas Horni

Lawrence Ati-Zagi aurait peut-être retardé l'échéance en qualifiant le Ghana pour les 1/8e de finale. Mais le mal est si profond qu'il faut bien plus que cela pour améliorer la situation dans ce pays où le football n'est qu'un problème parmi tant d'autres.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la