Trois Suisses sont établis dans la meilleure ligue du monde. Même si Granit Xhaka (capitaine d’Arsenal), Xherdan Shaqiri (remplaçant à Liverpool) et Fabian Schär (titulaire à Newcastle) ne connaissent pas la même réussite en Premier League, un quatrième joueur helvétique essaie de se faire une place sur les vertes pelouses britanniques. Andi Zeqiri a connu une première saison mitigée à Brighton.
Un transfert historique
L’attaquant de 21 ans avait quitté Lausanne l’été dernier en échange d’un transfert estimé à 5,8 millions de francs. Un record pour le club vaudois, depuis les 2,25 millions payés par GC pour Blaise Nkufo en 1998.
Sa première saison au «Brighton & Hove Albion» a parfois eu des allures de défi perfide. Andi Zeqiri a gratté neuf entrées en jeu, sur les 38 matches du championnat. Un maigre temps de jeu (163 minutes au total) qui ne lui a pas permis de débloquer son compteur, malgré une fin de match prometteuse face à Manchester City il y a un mois (3-2). L’attaquant a même été «recyclé» par son coach Graham Potter comme latéral sur le couloir gauche à certaines occasions.
Pas de quoi impressionner le déterminé «Zeq». «L’équipe passe avant tout, lâche l’international suisse M21 en haussant les épaules, attablé à une terrasse de la région lausannoise où il est de retour pour les vacances. Parfois, j’ai joué dans des rôles que je n’avais pas l’habitude d’assumer. Mais, même s’il veut me mettre comme gardien, j’y vais.»
Une adaptation difficile
Le «petit» club de Brighton a sauvé sa place en Premier League cette saison. Malgré un manque de réussite chronique, les joueurs de la cité balnéaire ont souvent séduit par leur jeu. À tel point que leur manager est pressenti pour remplacer le grand Carlo Ancelotti à Everton. Tout pourrait être bien différent pour Andi Zeqiri la saison prochaine. «Un prêt dans un autre club est une option envisageable. Plusieurs équipes se sont renseignées mais mon but, c’est de m’imposer à Brighton comme je l’ai fait à Lausanne. Cela avait pris du temps à la Pontaise. Je sais donc d’où je viens et où je vais. Je dois réussir le même défi à un échelon supérieur.»
Andi Zeqiri ne s’en cache pas: les premiers mois dans le sud de l’Angleterre n’ont pas été faciles. Il a rejoint Brighton seul, en pleine deuxième vague de coronavirus, via l’Italie et une visite médicale à Turin. «L’adaptation a été très dure, reconnaît-il. Tout était plus compliqué à cause de la pandémie. Cela n’a pas été facile de trouver ses repères en étant si loin de la maison. En plus, je ne connaissais pas la langue.»
Loin de la maison à 14 ans
L’attaquant vaudois en a vu d’autres. À 14 ans, il a quitté sa famille pour rejoindre le centre national à Payerne. Trois ans plus tard, c’est à Turin qu’il poursuivait sa formation. Si sur le papier, jouer pour la grande Juventus fait rêver, la réalité est plus froide. On l’avait rencontré fin 2016 pour «24 Heures» dans le modeste hôtel où logeaient les espoirs turinois. Une petite chambre avec vue sur le parking, en banlieue pour éloigner un peu les tentations de la ville. «Ces expériences m’ont permis de grandir. Aujourd’hui, si j’ai décidé d’aller à Brighton, c’était mon choix et celui de personne d’autre.»
Dans quelques jours, le Suisse – qui a été écarté au dernier moment de la Nati pour l’Euro – retrouvera le sud de l’Angleterre. Son joli deux pièces avec vue sur la mer, son professeur particulier d’anglais et ce centre d’entraînement où il avait «peur d’abîmer l’herbe» taillée aux ciseaux. À bientôt 22 ans (il les fêtera le 22 juin) Andi Zeqiri veut démontrer qu’il mérite sa place dans la cour des grands.