A un ou deux matches de la montée
Yverdon Sport Féminin a retrouvé la flamme

Kaia Grande et Yverdon Sport Féminin sont toutes proches de retrouver l'élite du football suisse. Le secret: la cohésion instaurée par Arnaud Vialatte, entraîneur de cette épatante troupe, et neveu de Linda Vialatte, figure emblématique du football féminin vaudois.
Publié: 10.05.2025 à 11:54 heures
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Dernière mise à jour: 10.05.2025 à 13:16 heures
Kaia Grande et YSF ont la Super League dans le viseur.
Photo: GABRIEL LADO
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Voilà une année tout pile, Kaia Grande est entrée sur le terrain accompagnée de sa grand-mère. «C'est une grande fan de l'équipe, je trouvais ça sympa de partager ce moment avec elle», explique l'attaquante d'Yverdon Sport Féminin, tout à fait convaincue de l'initiative de son club pour la Fête des Mères. Cela devient en effet gentiment une tradition: YSF joue le dimanche ce week-end là et invite les mamans (et donc grand-mamans) des joueuses pour l'entrée sur le terrain. «On voulait inviter les mamans des joueuses de Schlieren, mais ça n'a pas joué cette fois», précise Ilona Guede, capitaine et responsable communication de l'équipe. Les Yverdonnoises rentreront elles au bras de leur mère et Kaia Grande, cette fois, a proposé à sa maman Valérie de venir avec elle.

La jeune Aubonnoise de 18 ans vient d'ailleurs d'une famille de passionnés de football. «Mon père joue à Malley, mon frère à Aubonne, et ma maman a travaillé dans le domaine», explique celle qui a suivi tout le cursus junior habituel et évolue donc en LNB cette saison... en espérant bien monter d'une ligue, peut-être même ce dimanche.

Un match pour la promotion ce dimanche?

La donne est claire pour Yverdon, actuellement deuxième du groupe à quatre qui fait office de tour de promotion-relégation. Thoune a 10 points, Yverdon 5, Rapperswil 4 et Schlieren 1. Si Rappi s'incline face à Thoune ce samedi, Yverdon aura une balle de match exceptionnelle à jouer dimanche dès 15h face à Schlieren, en sachant que le dernière rencontre, à Thoune, pourrait être périlleuse.

La fête des mères de ce dimanche pourrait donc se transformer, dans le scénario idéal, dès 16h50 en fête de promotion. Mais pour cela, Thoune doit donc «faire le boulot» ce samedi. «Je vais être attentive au résultat du match, bien sûr! Mais je regarderai aussi l'équipe masculine contre Sion dès 18h, tout en me reposant et en me préparant pour dimanche», indique Kaia Grande, la vie et les rêves devant elle.

18 ans et des rêves plein la tête

«Bien sûr, déjà, j'en envie de monter cette saison, comme toutes mes coéquipières. Après la relégation en LNB il y a deux ans, on ne s'est pas démobilisées. On a fait une bonne première saison, changer de coach nous a amené une nouvelle dynamique. On a raté les finales de peu il y a une année, mais cette saison, on espère que ce soit la bonne.» Et pour la suite? Cette grande fan d'Arsenal, équipe masculine et féminine, ne s'interdit rien. «J'ai l'âge pour y croire. Je vais tout donner pour réussir et on verra.» D'abord, elle finira le gymnase, avant de s'inscrire à l'Université, sans doute dans le management du sport. Tout en poursuivant sa carrière de footballeuse en parallèle. Et pourquoi pas croiser un jour la route de la star d'Arsenal Lia Wälti, capitaine de l'équipe de Suisse. «Je ne l'ai encore jamais rencontrée, c'est un modèle pour moi, bien sûr», explique celle qui a été internationale suisse M17, mais n'a pas été appelée dernièrement, deuxième division oblige. «J'espère que si on remonte, cela me permettra de retrouver les équipes de Suisse juniores.»

Avant de penser à après-demain, la concentration est totale sur ce dimanche, en espérant que les deux nuls face à Rapperswil ne laissent pas des regrets. «On aurait pu prendre plus de points, mais tant pis, c'est derrière. Maintenant, on a deux matches pour monter.» Ressent-elle de la pression à l'approche de ce dimanche, déjà? Bizarrement, non. Ou plutôt, le groupe l'aide à l'évacuer. «Bien sûr qu'on a conscience que le moment est important et qu'une certaine tension est présente. Mais on est tellement soudées qu'on en parle ouvertement entre nous et qu'on fait en sorte que ça se passe bien.» 

Kaia Grande fera-t-elle la décision en cours de match?

La jeune attaquante se dit d'ailleurs impressionnée par l'ambiance dans le vestiaire. «Plus que ça, même. Notre secret, c'est la cohésion. Je n'ai jamais vécu ça, nulle part. On a envie de venir à l'entraînement tous les jours, pour se revoir et progresser. C'est pour ça que cette semaine, on n'était pas spécialement tendues», assure celle qui s'habitue à son rôle de joker («J'aime entrer et avoir un impact sur le match»), mais ne dirait tout de même pas non à une titularisation ce dimanche. 

Arnaud Vialatte, un coach proche de ses joueuses.
Photo: GABRIEL LADO

La composition, justement, c'est l'affaire d'Arnaud Vialatte, l'homme qui a rallumé la lumière à YSF après la mortifiante relégation de 2023. Neveu de l'emblématique Linda Vialatte, «madame football féminin» dans le canton de Vaud, l'ancien joueur d'YS n'a pas hésité lorsque l'occasion de devenir entraîneur de cette équipe s'est présentée. La première année, il a collaboré avec Audrey Riat, puis tout seul dès cette saison. «Bien sûr, grâce à ma tante, j'ai été sensibilisé au football féminin depuis mon enfance. J'ai toujours été tenu au courant, c'est évident», explique celui qui a été joueur et team-manager de la première équipe, et a également entraîné les A, avant de plonger dans cette nouvelle aventure tellement enrichissante.

«Je travaille à 100% à la Generali, et je dirais qu'au foot, je fais un bon 80%. Le reste, je le consacre à ma famille», sourit celui qui ne sait pas faire autre chose que s'impliquer à fond. «C'était primordial pour moi. Ce projet ne me tient pas à coeur, c'est plus que ça, il représente tout pour moi. Ce n'est pas une question de promotion ou non, même si on a toutes et tous envie de monter, c'est de savoir ce qu'on fait et pourquoi on le fait. Je le répète constamment aux joueuses: on doit être fières et fiers de ce qu'on fait et être à l'aise dans notre environnement.»

La confiance, au centre de tout

L'entraînement ne commence pas dès que les filles posent un pied sur le terrain, mais bien avant. «En arrivant dans le vestiaire, tu es déjà au foot. Est-ce que tu es positif? Qu'est-ce que tu dégages? Es-tu en confiance? Es-tu estimé à ta juste valeur? J'ai souffert parfois de certaines expériences passées quand j'étais joueur. Des fois, j'étais un leader. Des fois, non. Je sais ce que ça veut dire, ce que ça change. Alors, j'essaie, avec mon staff et avec les joueuses, de mettre en place un cadre qui permette à chacune et chacun de donner le meilleur.»

Pas de passe-droit: même la capitaine Ilona Guede a un devoir de performance, tout comme les anciennes et les nouvelles. «S'il y a quelque chose à se dire, on le dit et on avance», assure Arnaud Vialatte, qui accorde énormément d'importance à la communication et à l'aspect psychologique, tout autant qu'au ballon à proprement parler. «On a un plan de jeu, on le met en place, on le respecte. Mais surtout, on forme un groupe, qui a des objectifs et qui se donne les moyens de les atteindre.»

Arnaud Vialatte va-t-il réussir à ramener Yverdon en Super League ce dimanche? Ou le week-end prochain?
Photo: GABRIEL LADO

Les moyens, il a fallu les obtenir, tout de même, en allant toquer à la porte du «président du football», Jeffrey Saunders. «J'ai bossé des nuits entières pour lui présenter un projet, qui comprenait trois variantes de budget. Il a été à l'écoute et il m'a donné le feu vert.» Arnaud Vialatte pilote le projet «football féminin», étant à la fois un entraîneur et un manager, tandis que Linda Vialatte est toujours là, en figure tutélaire. On lui suggère une image audacieuse: est-il le premier ministre et sa tante la Reine d'Angleterre? Il sourit. «On peut le voir comme ça!», répond-il, avec un respect énorme pour ce que cette grande dame a accompli à Yverdon depuis plusieurs décennies maintenant.

Plusieurs centaines de personnes attendues à Yverdon ce dimanche

Alors voilà Yverdon Sport Féminin, qui a (re)fusionné avec Yverdon Sport récemment, à l'aube du retour en Super League. Rien n'est fait, mais tout est proche. «Et si on n'y arrive pas, il y a plus grave dans la vie», assure Arnaud Vialatte, convaincu que ce groupe et ce club ont un potentiel à exploiter, voire à réveiller. Ce dimanche, à 15h, il y aura plusieurs centaines de personnes autour du terrain, voire même un petit millier, pour accompagner Kaia Grande, Tanja Bodenmann, Chloé Warpelin et toutes les filles d'YSF vers la promotion. 


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