C'est un séisme pour le club septuple champion de France: l'Olympique lyonnais a été rétrogradé en Ligue 2 par le gendarme financier du football français, en dépit des arguments financiers présentés mardi par son président, l'Américain John Textor. Le club rhodanien a déclaré dans la soirée qu'il faisait «immédiatement» appel de cette décision «incompréhensible».
La Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) avait confirmé quelques heures plus tôt la rétrogradation du club qu'elle avait décidée en novembre dernier à titre conservatoire, assortie alors d'une interdiction de recruter et d'un encadrement de la masse salariale. L'OL entend démontrer devant la commission d'appel de la DNCG «(sa) capacité à apporter les ressources nécessaires en termes de trésorerie pour garantir le maintien» en Ligue 1, indique le club dans un communiqué.
«Nous avons travaillé en étroite collaboration avec la DNCG, satisfaisant toutes ses demandes avec des investissements en fonds propres supérieurs aux montants demandés», se défend l'OL. «Grâce aux apports en fonds propres de nos actionnaires et à la vente (des parts du club anglais) de Crystal Palace, notre trésorerie s'est considérablement améliorée et nous disposons de ressources plus que suffisantes pour la saison 2025-2026», plaide encore le club.
L'ex-président Jean-Michel Aulas sous le choc
«Nous ne comprenons sincèrement pas comment une décision administrative a pu reléguer un si grand club français», est-il ajouté, alors que la sanction a été annoncée dans la soirée par la Ligue de football professionnel via un communiqué laconique: «Olympique lyonnais: Rétrogradation en Championnat Ligue 2.» De son côté, Jean-Michel Aulas, le prédécesseur de John Textor, a évoqué «un coup terrible pour tous ceux qui aiment profondément» l'OL.
Celui qui a repris le club en L2 en 1987 et l'a présidé pendant 36 ans, le menant aux succès des années 2000, ajoute cependant qu'il souhaite «de tout (son) coeur que l'appel, et les garanties que pourra apporter l'OL – et surtout celles de John Textor et de ses associés au sein d'Eagle Football Holding – permettront de revenir sur cette situation inédite». A la sortie de son audition dans la journée devant la DNCG, John Textor avait pourtant tenu des propos optimistes.
«Nous sommes très satisfaits des procédures mises en place par la DNCG cette année», s'était-il félicité. «Vous pouvez le constater grâce aux contributions de nos actionnaires, nous avons investi de nouveaux capitaux, non seulement pour la DNCG mais aussi pour l'octroi des licences UEFA», avait soutenu le dirigeant.
Les signaux semblaient positifs
Son optimisme a fait long feu. Et ce n'est pas la première fois que ses propos se heurtent à la réalité des décisions. Depuis novembre, et surtout ces dernières semaines, les signaux semblaient pourtant plutôt positifs et si des mesures d'encadrement étaient toujours envisagées, l'option d'une rétrogradation en Ligue 2 ne semblait plus vraiment d'actualité à Lyon.
Surtout après l'annonce lundi que John Textor avait obtenu un accord pour la cession de ses parts dans Crystal Palace à l'homme d'affaires américain Robert Wood Johnson, propriétaire de l'équipe de football américain des New York Jets, une transaction estimée à 222 millions d'euros par la BBC. Eagle Football Holding avait auparavant lancé le 13 juin son introduction à la Bourse de New York.
Mais le fruit de cette opération, qui dépend des conditions de marché, n'est pas encore déterminé, pas plus que ce pourrait toucher l'OL du produit de la cession des parts dans Crystal Palace. En revanche, Eagle et ses actionnaires ont pu prendre en compte dans le dossier présenté mardi à la DNCG les mesures mises en oeuvre pour soutenir les finances du club lyonnais: ils ont apporté 83 millions d'euros en trésorerie et un accord a été conclu fin janvier avec les prêteurs d'Eagle permettant un report de créances.
Masse salariale allégée
En parallèle, pour réduire les dépenses, une centaine de salariés des services administratifs et commerciaux sont partis dans le cadre d'un plan de départs volontaires. Sur le plan sportif, les fins des contrats d'Alexandre Lacazette, Nicolas Tagliafico et Anthony Lopes, et les transferts de Maxence Caqueret cet hiver et de Rayan Cherki, cédé pour 42,5 millions d'euros à Manchester City voilà deux semaines, ont allégé la masse salariale.
Il faut ajouter 19,5 millions pour les options d'achat obligatoires pour Saïd Benrahama (12 M EUR à Neom/promu en 1re div. saoudienne), Amin Sarr (5 M EUR à Vérone) et Johann Lepenant (2,5 M EUR à Nantes). Et le club peut encore enregistrer des rentrées d'argent au cours du mercato estival.
En effet, la valeur marchande de son jeune international belge Malick Fofana est estimée à 30 millions d'euros au moins par le site Transfermarkt qui fait référence. L'OL doit reprendre l'entraînement le 7 juillet, et l'incertitude sur son avenir aura des répercussions sur son effectif et son projet sportif.