Rennes souffrait sur le terrain du Paris FC ce vendredi lorsqu'Habib Beye a décidé de faire entrer Breel Embolo, à la 66e, alors que le score était de 0-0. Les Bretons subissaient les assauts de l'ambitieux néo-promu au stade Jean-Bouin, ce joli petit stade accolé au Parc des Princes -vingt mètres séparent les deux enceintes-, et l'attaquant de la Nati savait que son entrée se faisait dans un contexte compliqué, lui qui avait eu une heure pour observer cette rencontre depuis le banc de touche.
Et il a frappé fort, puisqu'il n'a eu besoin que d'une cartouche pour faire feu et inscrire le seul but de la rencontre, en s'échappant à la 81e sur une ouverture de Valentin Rongier, qui ne lui était au départ pas destinée, mais qu'il a bien lue, contrairement aux lourds défenseurs du PFC. Une course bien sentie, la protection de balle qui va avec, et un petit ballon glissé du pied droit hors de portée d'Obed Nkambadio, le gardien parisien. 1-0 pour Rennes et trois points bienvenus: il s'agit de la première fois cette saison que le Stade Rennais gagne deux matches consécutifs.
Un bonheur qu'il a pu savourer seul pendant quelques secondes
Breel Embolo pouvait alors courir vers le grand parcage de supporters bretons (largement plus de 1000 fans avaient fait le déplacement, le club comptant également beaucoup de supporters vivant à Paris) et crier son bonheur, se faisant vite rejoindre par ses coéquipiers. Il a eu le temps de savourer, cela dit, vu qu'il avait pris tellement d'avance, et a eu droit à une ovation personnalisée d'un public qui l'aime déjà beaucoup, séduit par sa combativité.
Un but qui lui donne beaucoup de confiance
«Je ne suis pas sûr que la passe était pour moi, mais Esteban Lepaul a bien joué le coup en la laissant passer. Je suis allé plus vite que les défenseurs et j'ai bien conclu», se réjouissait le héros de la rencontre, dans les couloirs du stade Jean-Bouin. Breel Embolo était donc d'excellente humeur ce vendredi, juste avant de profiter de deux jours de congé avant de rejoindre la Nati lundi à Lausanne. L'attaquant le sait: les dix jours à venir avec l'équipe de Suisse s'annoncent décisifs et il arrive en pleine confiance avec ce but, qui fait du bien à tout le monde à Rennes.
«C'était important de gagner pour nous, pour le coach, pour les fans. Je suis très content», enchaîne Breel Embolo, lequel a perdu sa place de titulaire depuis trois matches, mais n'en prend pas ombrage pour le moment. Habib Beye, sous grande pression à l'intérieur du Stade Rennais et proche de devoir s'en aller, a en effet pris des décisions drastiques voilà deux semaines, en se privant de plusieurs cadres au salaire conséquent comme Ludovic Blas et Seko Fofana, soupçonnés de ne pas mettre toute l'implication nécessaire. Cette rupture a coïncidé avec la mise sur le banc de Breel Embolo, lequel avait débuté tous les matches jusque-là, mais le cas de l'attaquant suisse est différent.
Habib Beye et Rennes ont redressé la barre
Pour en avoir le coeur net, Blick s'est approché d'Habib Beye à la fin de la rencontre pour avoir son sentiment concernant son avant-centre, lequel est passé de titulaire à remplaçant en un clin d'oeil, devant se contenter d'entrées en jeu lors des trois derniers matches face à Toulouse (2-2), Strasbourg (4-1) et donc le PFC (1-0). Alors, coach, y a-t-il un souci avec Breel Embolo? La réponse est non.
«Je suis très très content de lui. C'est un garçon qui travaille énormément, qui est dans un état d'esprit exceptionnel. Ce qu'il vit depuis quelques matches n'est pas simple puisqu'il est remplaçant, mais il est entré avec un super état d'esprit, il est récompensé par un but. C'est un joueur qui est très important pour nous et qui le sera encore. Il montre ses qualités d'attaquant, mais aussi humaines», assure l'ancien défenseur de Newcastle, qui lui préfère depuis trois matches Esteban Lepaul et le jeune Kader Meïté dans son 3-5-2.
Jérémy Jacquet et Kader Meité affolent l'Europe
Si le premier est un pur avant-centre, un joueur de surface à la Pippo Inzaghi, ce que Breel Embolo ne sera jamais, le deuxième, âgé de 18 ans, est un immense talent en devenir. Et le rôle de l'attaquant bâlois est aussi de l'encadrer, ce qu'il fait magnifiquement. Rennes est un centre de formation de haut niveau, et le dernier avant-centre à y avoir été formé s'appelle Mathys Tel, parti très tôt au Bayern Munich. Kader Meïté est sans aucun doute de cette trempe-là et, vendredi, dans les tribunes du stade Jean-Bouin, de nombreux scouts venus de toute l'Europe étaient là pour superviser deux joueurs en particulier: le défenseur central Jérémy Jacquet et lui, le puissant attaquant. L'émissaire de la Juventus assis juste devant la tribune de presse a noirci son cahier de notes sur les déplacements et le jeu dos au but du jeune avant-centre, sur lequel Breel Embolo a un oeil attentif.
Habib Beye le confirme, toujours pour Blick: «Breel accompagne nos jeunes joueurs à l'entraînement et leur donne beaucoup d'expérience à travers son vécu. De nouveau, son état d'esprit est exceptionnel et nous sommes très contents de lui.»
La concurrence est normale à ce niveau
Qu'en dit le principal intéressé? «Que je commence ou non, je dois faire mon job. On avance en tant que groupe. Nous sommes quatre attaquants pour deux places. J'arrive d'un club où il y avait aussi beaucoup de concurrence», souligne-t-il en évoquant ce rôle de «grand frère» qui lui plaît. Il conseille Kader Meïté, son concurrent et «petit frère» au poste d'avant-centre, mais aussi Jérémy Jacquet, lequel est aussi promis aux plus grands clubs européens à moyen terme. «Oui, mais Jérémy, j'évite d'aller vers lui aux entraînements, parce que c'est un casseur», explose-t-il de rire, alors que le défenseur se trouve à côté de lui devant la presse.
Aura-t-il le droit d'aller voir Jérémy Jacquet à Lausanne vendredi?
Les deux hommes s'apprécient et logeront d'ailleurs dans la même ville, Lausanne, d'ici quelques jours. Breel Embolo y arrivera lundi pour préparer la rencontre face à la Suède (samedi à Genève), tandis que Jérémy Jacquet affrontera la Suisse M21 vendredi au stade de la Tuilière. «J'ai envie d'aller voir son match!», lance même l'attaquant suisse en sortant du vestiaire. Murat Yakin le laissera-t-il aller, à la veille de jouer contre la Suède? «Oui, il n'y aura pas de problème», rigole Breel Embolo, d'excellente humeur. Il serait tout de même étonnant de le voir dans les tribunes, d'autant que la Nati aura déjà voyagé à Genève, mais sait-on jamais...
Le fait est que Rennes va mieux depuis trois matches et qu'Habib Beye a redressé la barre, tout en allégeant sa situation personnelle, et cela sans Breel Embolo d'entrée de jeu. Est-ce à dire qu'il faut s'inquiéter pour le Bâlois? Et donc par extension pour la Nati? Esteban Lepaul et Kader Meïté carburent bien et il serait étonnant que Breel Embolo soit titulaire après la trêve face à son ancien club de Monaco.
«Une saison, c'est long, et il aura une grande partition à jouer avec nous», assure Habib Beye, qui suit également l'équipe de Suisse de près et sait ce dont son attaquant est capable. «Je ne me fais aucun souci pour lui, il joue en sélection et il fait de très bonnes choses. Je le vois marquer avec la Suisse. Et il marque avec nous aussi, c'était son troisième but ce soir. Il ne faut pas juste voir le statut de titulaire ou de remplaçant, il faut voir ce qu'il est capable de faire. Il ne faut pas oublier qu'il n'avait pas eu beaucoup de temps de jeu avec Monaco, qu'il a beaucoup joué avec la sélection directement, et qu'il a eu un petit contre-coup de fatigue à un moment donné et de surcharge de travail parce qu'il n'avait pas bâti sa capacité athlétique à travers les matches. On est très content qu'il continue à avancer avec nous», enchaîne l'entraîneur du Stade Rennais.
Les enfants sont heureux à Rennes
Si Breel Embolo a récemment perdu du temps de jeu, il n'en reste donc pas moins décisif et important pour son nouveau club. Surtout, il semble se plaire à Rennes, y compris dans la vie de tous les jours. Présent en conférence de presse cette semaine, il avait ainsi blagué sur la météo bretonne, moins sympathique qu'à Monaco: «Mais il fait meilleur qu'en Suisse (rires).» Surtout, ses enfants se sentent bien à l'ouest de la France. «L’important pour moi, ce sont eux, ils trouvent leur place, cela donne de la force. Je veux aussi redonner sur le terrain ce qu’on nous apporte au club.» Que ce soit d'entrée de jeu, ou en cours de match comme ce vendredi à Paris.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
|---|---|---|---|---|---|
1 | Paris Saint-Germain | 11 | 12 | 24 | |
2 | Olympique Marseille | 11 | 14 | 22 | |
3 | RC Lens | 11 | 7 | 22 | |
4 | Lille OSC | 11 | 10 | 20 | |
5 | AS Monaco | 11 | 6 | 20 | |
6 | Olympique Lyonnais | 11 | 4 | 20 | |
7 | RC Strasbourg | 11 | 6 | 19 | |
8 | Stade Rennais FC | 12 | 2 | 18 | |
9 | OGC Nice | 11 | 0 | 17 | |
10 | Toulouse FC | 11 | 2 | 15 | |
11 | Paris FC | 12 | -3 | 14 | |
12 | Le Havre AC | 11 | -4 | 13 | |
13 | Stade Brestois | 11 | -4 | 10 | |
14 | Angers SCO | 11 | -7 | 10 | |
15 | FC Nantes | 11 | -7 | 9 | |
16 | FC Lorient | 11 | -12 | 9 | |
17 | FC Metz | 11 | -16 | 8 | |
18 | AJ Auxerre | 11 | -10 | 7 |