La 21e et dernière étape du Tour d'Espagne a été définitivement arrêtée à 56 kilomètres de l'arrivée dimanche à Madrid, ont annoncé les organisateurs. Des manifestants propalestiniens ont envahi le parcours du circuit final dans la capitale espagnole.
La course, perturbée quasi quotidiennement depuis trois semaines en raison de la présence de l'équipe Israel-Premier Tech, n'a donc pas réussi à aller à son terme et la dernière étape ne connaîtra pas de vainqueur. Leader du classement général, le Danois Jonas Vingegaard remporte cette 80e édition de la Vuelta.
Charge de policiers
Sur Gran Via, en plein cœur touristique de la ville, à Atocha, près de la gare centrale, mais aussi Plaza de Colon, les manifestants ont en fin d'après-midi fait tomber les barrières qui protégeaient le parcours, empruntant les avenues que devaient prendre les cyclistes pour un parcours répété plusieurs fois dans la ville.
A Atocha notamment, les policiers ont répliqué en chargeant les manifestants, et en lançant des grenades lacrymogènes, avant de laisser les manifestants déambuler.
Dans la foulée, les coureurs ont mis pied à terre pour évaluer la situation, à environ 56 km de l'arrivée, avant de repartir au ralenti, encadrés par les voitures de la direction de course, puis de s'arrêter à nouveau.
Depuis son arrivée sur le territoire espagnol, la course a été quasi quotidiennement le théâtre de manifestations propalestiniennes ciblant notamment l'équipe Israel-Premier Tech. Elles ont fortement perturbé les coureurs, dont certains ont chuté lors d'incidents, et plusieurs étapes ont dû être écourtées par les organisateurs.
Dans un pays où la cause palestinienne est très populaire, ces manifestations ont en outre lieu en période de grande tension entre le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez et celui de Benjamin Netanyahu, après notamment l'annonce récente par le Premier ministre espagnol de mesures destinées à "mettre un terme au génocide à Gaza".
Sanchez «admire» les manifestants
Dimanche, avant les incidents de l'après-midi, Pedro Sanchez a dit son «admiration» pour les manifestants, tout en rappelant son «respect» des sportifs – dans la droite ligne de plusieurs membres de son gouvernement, dont la porte-parole et ministre des Sports Pilar Alegria, qui a même suggéré de réserver aux sportifs israéliens le même traitement qu'aux Russes après l'invasion de l'Ukraine.
Longtemps plutôt discrète sur le sujet, l'opposition de droite a finalement de son côté multiplié les attaques ces derniers jours, ciblant tout particulièrement le gouvernement.
«Quel triste spectacle», s'est lamenté le chef de file du Parti populaire Alberto Nunez Feijoo samedi sur X: «Plutôt que de voir des ministres l'encourager (les manifestations, ndlr), le gouvernement devrait les condamner, les dénoncer et les éviter.»
Israël devait être exclue
La ministre du Travail et N.3 du gouvernement espagnol, Yolanda Diaz, a estimé dimanche qu'Israël ne devrait participer à aucun événement sportif ou culturel tant que ce pays «continue de commettre un génocide», après l'interruption du Tour d'Espagne cycliste par des manifestants propalestiniens. «La société espagnole a donné une leçon au monde entier en paralysant La Vuelta», s'est félicitée sur Instagram la ministre, issue de la plateforme d'extrême gauche Sumar, alliée du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez: «Israël ne peut participer à aucun événement tant qu'il continue de commettre un génocide.»