Larissa Tavares, street danseuse
«Quand je suis face à un homme, je me dis qu’il va falloir tout donner»

Samedi, la romande Larissa Tavares se produira en «battle» lors de la finale suisse du Red Bull Dance your Style 2021. Si elle gagne, elle s'envolera en Afrique du Sud pour représenter la Suisse et prétendre au titre mondial. Blick l'a rencontrée.
Publié: 03.09.2021 à 16:31 heures
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Dernière mise à jour: 03.09.2021 à 16:52 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Samedi à Lausanne, une poignée de Romands s’affronteront pour représenter la Suisse au championnat du monde Red Bull Dance your Style qui aura lieu en décembre en Afrique du Sud. Parmi les participants qui se livreront à des battles sur la place de l'Europe au Flon, il y a ce petit bout de femme aux longues tresses blondes et plutôt discrète. Elle s’appelle Larissa Tavares, elle a 22 ans. La Romande d’origine cap-verdienne a grandi à Montreux, loin des Etats-Unis, le berceau du hip-hop. Autodidacte et passionnée par la danse, elle fait son petit bout de chemin jusqu’à se mesurer aux plus forts. Derrière ce visage d’ange se cache en fait une danseuse déterminée qui a plus d’un tour dans sa poche. Interview.

Red Bull Dance your Style: c'est quoi?

Red Bull Dance your Style est un concours de danse urbaine ouvert à tout type de chorégraphies. Le concept: les concurrents s’affrontent en battle sur n’importe quelle musique. La Macarena, Michael Jackson en passant par Claude François, tout y passe. Et c’est au public de désigner le vainqueur de chaque battle. Les affrontements ont lieu dans plusieurs grandes villes à travers le monde. Seuls les meilleures street dancers sont sélectionnées pour aller défendre les couleurs de leur nation en finale.

Lors de sa première édition en 2019, la finale mondiale s’est déroulée à Paris et a accueilli 16 danseurs dont 6 femmes. C’est Shinshan, un Belge de 17 ans qui a remporté la victoire.

Red Bull Dance your Style est un concours de danse urbaine ouvert à tout type de chorégraphies. Le concept: les concurrents s’affrontent en battle sur n’importe quelle musique. La Macarena, Michael Jackson en passant par Claude François, tout y passe. Et c’est au public de désigner le vainqueur de chaque battle. Les affrontements ont lieu dans plusieurs grandes villes à travers le monde. Seuls les meilleures street dancers sont sélectionnées pour aller défendre les couleurs de leur nation en finale.

Lors de sa première édition en 2019, la finale mondiale s’est déroulée à Paris et a accueilli 16 danseurs dont 6 femmes. C’est Shinshan, un Belge de 17 ans qui a remporté la victoire.

Quand as-tu commencé à t’intéresser à la danse?
Ma famille adore la danse. On va dire que je suis tombée dedans quand j'étais toute petite. Plus tard, vers mes 13 ou 14 ans, j’ai commencé à m’amuser et faire quelques pas. Je m’entraînais après l’école et je me suis même inscrite à des cours. Je me souviens encore des films de danse comme «Sexy Dance», «Street Dancers» ou «Steppin'» qui étaient à la mode dans les années 2000. Ça m’a beaucoup influencée.

Votre style, vous le définissez comment?
Pas fini (rires). Le style de danse change au fil de la vie, des ressentis, des apprentissages, de ce qu’on aime et de ce qu’on aime moins… Je pense qu’une personne qui dit avoir tout compris de la danse est soit très narcissique ou n’a pas saisi grand-chose. Personnellement, j’ai fait du krump, de la house et même du contemporain. Aujourd’hui, je fais du waacking et j’adore. Mais ça peut encore évoluer.

Photo: Jean-Christophe Dupasquier / Red Bull Content Pool

J’imagine que c’est un univers assez masculin?
Oui, très. Mais je n’ai jamais eu l’impression de ne pas être à ma place. Certes , il y a beaucoup de mecs dans la sphère hip-hop. Néanmoins, l’ambiance est vraiment bienveillante. Et puis il y a de plus en plus de femmes qui, à force de travail, finissent par se faire une place de choix dans le milieu.

Justement, avez-vous l’impression de devoir travailler plus dur que les autres parce que vous êtes une femme?
Comme on est moins, j’ai la sensation qu’en général, il va falloir se donner davantage pour être mise sur le devant de la scène et prise au sérieux. Après, ça vaut pour plein de domaines, que ce soit dans la danse ou ailleurs.

Avez-vous déjà reçu des remarques désobligeantes?
Je ne me souviens pas avoir été victime de commentaires injustifiés. Mais j’ai déjà entendu des choses comme: «Elle est forte pour une meuf», en parlant d’une fille qui était hyper acrobatique et qui cartonnait sur la piste.

Avant une battle, vous vous sentez comment?
Cela fait une petite dizaine d’années que je danse. Au début, j’étais très stressée. Dès que j’entendais «Les danseurs se préparent» avant un battle et qu’on appelait mon nom, je ne savourais pas mon moment, j’avais peur. Aujourd’hui, j’ai toujours cette adrénaline mais j’ai hâte de me produire et de montrer ce que je sais faire.

Entre les jeux d’intimidation et les mises en scène, les battles, c’est un peu comme des embrouilles…
C’est clair qu’on se rentre dedans et qu’on se cherche un peu. Mais on sait faire la part des choses. On peut très bien être agressifs sur la piste et très copains une fois le battle terminé. C’est rare que les danseurs se fâchent ou visent les autres de manière personnelle sur le dancefloor.

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Etre en battle face à un mec ou à une nana, ça change quelque chose dans votre esprit?
Disons que si je suis face à un homme, j’ai la pression et je me dis qu’il va falloir tout donner pour le battre et faire mes preuves. Je passe du mode timide et discrète au mode guerrière.

Et face à une femme?
Je suis d’une nature plutôt calme. Donc je fais ce que j’ai à faire sans me poser trop de questions. Par contre, c’est vrai que comme on est peu de femmes, c’est assez compétitif.

Les gens qui disent que la danse urbaine, ce n’est pas vraiment de la danse. Vous leur répondez quoi?
Ah non! L’art de rue, quel qu’il soit, c’est de l’art! Entre les graffs, la musique et la danse, la rue dans son ensemble est un art à part entière. Alors oui, la rue a une histoire différente que les milieux mainstream. Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas de valeur. Et puis, un peu comme être une femme face à un mec, il ne faut pas attendre d’être validée pour s’imposer.

A votre avis, la Suisse est-elle sous-cotée dans le hip-hop?
Nous avons clairement des talents en Suisse. Mais c’est un petit pays et ce n’est pas forcément la première nation à laquelle on pense lorsqu’on parle hip-hop. Toutefois, la Suisse a fait du chemin depuis les années 1990 et 2000. Il y a encore quelques années, il n’existait pas de concours comme Red Bull Dance your Style.

Vous vous sentez prête à potentiellement défendre la Suisse en Afrique du Sud?
J’avoue que je suis déjà super contente d’être arrivée jusqu’ici. Ce serait fou que de représenter mon pays en décembre. Après, les autres danseurs sont vraiment très forts. On verra bien…

La finale de Dance Your Style 2019:

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