De Thomas Kutschera
A Dacca, la capitale du Bangladesh, qui compte plus de 20 millions d’habitants, la chaleur avoisine les 36°C. Au centre de vaccination de l’hôpital général de Kurmitola, dans cette métropole d’Asie du Sud, il fait à peine plus frais. La file d’attente pour se faire vacciner contre le covid est longue, mais la population prend son mal en patience et la procédure se déroule sans problème.
«Merci! Désormais, je me sens en sécurité», lance Rowshan Akter Mili à l’infirmière qui lui a piqué le haut du bras. «Merci», répète la femme au foyer. Cette fois, elle s’adresse à Felicitas Ledergerber, 33 ans. «Le personnel du Croissant-Rouge, qui nous aide, travaille très bien», commente la Suissesse. Elle sourit et souhaite «tout de bon» à Rowshan et à sa famille. Depuis novembre, la Saint-Galloise travaille au Bangladesh en tant que responsable de programme junior pour la Croix-Rouge suisse (CRS).
Titulaire d’un master en relations internationales et sociologie, elle travaille pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge depuis plusieurs années. Ce jour-là, elle s’est rendue au célèbre hôpital militaire, récemment transformé en centre de vaccination, pour voir à quoi il ressemble. Elle voulait aussi s’entretenir avec les jeunes bénévoles du Croissant-Rouge du Bangladesh, pendant local de la CRS. Le pays de 163 millions d’habitants est grand comme trois fois et demie la Suisse et des millions de personnes sont touchées par la pauvreté.
Depuis son indépendance en 1971, le Bangladesh est un pays d’engagement prioritaire pour la CRS. Dans les 3000 bidonvilles de Dacca, 71% des résidents ont perdu leur emploi à cause du confinement. «Pour nombre d’entre eux, le défi consiste à survivre au quotidien», résume Felicitas Ledergerber. Jusqu’à maintenant, le coronavirus a fait plus de 12 000 morts. La pandémie n’est heureusement pas aussi dramatique que chez le voisin indien, du moins pour le moment. «Inch Allah.» Si beaucoup de gens s’inquiètent, d’autres considèrent que le covid est un moindre mal par rapport à la misère générale. Et dans les zones rurales, il existe une croyance répandue selon laquelle on attrape cette maladie uniquement dans les villes. «Les bénévoles font un immense travail pour informer correctement la population et l’encourager à se faire vacciner.»
Le gouvernement a lancé sa campagne de vaccination en février, avec 741 sites de vaccination et 256 centres de vaccination, tous situés dans des hôpitaux ou autres établissements de santé. Sur 10 millions de personnes vaccinées jusqu’à présent, plus de 3 millions ont déjà reçu deux doses du vaccin Covishield d’AstraZeneca. La vaccination, effectuée par du personnel médical, est gratuite.
Les bénévoles du Croissant-Rouge local jouent un rôle déterminant dans cette campagne de vaccination. La plupart sont âgés de 18 à 30 ans et ont été vaccinés.
Aux quatre coins du pays, 4200 jeunes sont prêts à s’engager. Ils accueillent et assistent les candidats à la vaccination, vérifient les inscriptions, apportent les seringues. Pour son engagement, le bénévole reçoit 3 fr. 20 par jour pour couvrir ses frais de transport et sa nourriture.
Envoyez vos dons sur le CCP 30‑9700‑0
IBAN CH97 0900 0000 3000 9700 0
Via Twint avec le code QR
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Nazifa Tasnim Pritha, 21 ans, fait partie des bénévoles. L’étudiante essuie la sueur de son front. Dehors, il commence à pleuvoir, la mousson s’installe doucement. «Ce travail nous plaît, c’est un acte de solidarité», explique la jeune femme à Felicitas Ledergerber. La passion et l’engagement des bénévoles impressionnent la Suissesse: «Ils font un travail formidable ici, c’est vraiment très motivant.»
Felicitas Ledergerber a passé trois heures à discuter de leur travail avec les bénévoles. Le général de brigade Jamil Ahmed, qui dirige l’hôpital, lui fait ses adieux en personne, debout dans son uniforme de l’armée. Il regrette que des problèmes d’approvisionnement aient ralenti la campagne de vaccination. Les efforts des bénévoles et le précieux soutien du Croissant-Rouge local, tout comme l’aide de la Suisse, n’en sont que plus importants. «Sans cela, la vaccination n’avancerait pas aussi bien. La population du Bangladesh vous remercie du fond du coeur!»