Les lieux nous influencent. On le savait déjà dans l'Antiquité: les Romains parlaient en effet de «genius loci», l'esprit du lieu. Nous avons tous nos endroits de prédilection pour réfléchir et développer des idées. Alors que les uns puisent leurs ressources dans la forêt, d'autres ont besoin de l’agitation de la grande ville pour trouver l'inspiration. Certains trouvent leurs meilleures idées sous la douche ou même au petit coin.
Un lieu à l'aura particulière a récemment été mis à la disposition de nos étudiant.e.s: la Student Project House – ou SPH – est toutefois davantage conçue pour le développement d'idées et l'expérimentation en commun que pour la méditation. La maison des projets, répartie sur cinq étages, est située dans une ancienne centrale de chauffage. Si l'idée a été lancée par mon prédécesseur Lino Guzzella, c'est la rectrice Sarah Springman qui a réalisé la SPH, en étroite collaboration avec des étudiants.
Le lieu est à la fois un atelier, un laboratoire d'idées et une tribune. Les étudiant.e.s peuvent y tester leurs idées, développer des concepts et construire des prototypes. Le parc d'appareils fait battre le cœur de tout bricoleur: perceuse, scie à ruban, machine de découpe laser et imprimantes 3D (au nombre de 24). Des coachs professionnels encadrent les étudiant.e.s pour l'utilisation des outils ou pour animer un atelier.
Le courage des idées originales
À la SPH, il n'y a aucune pression des notes et peu de règles à respecter. Je trouve intéressante la règle «Fail forward»: progresser par l'échec, ou en d’autres termes, croître face aux résistances. Cela me semble être une expérience essentielle, surtout dans les jeunes années. Nous connaissons tous le risque de perdre le courage d'avoir des idées originales au plus tard au moment où nous devons les concrétiser. On pourrait se planter et se ridiculiser. La SPH veut remédier à cela et créer un lieu où (presque) tout est permis et possible.
Certes, les études à l'EPFZ offrent déjà de nombreuses possibilités de stages en industrie et de travaux de projet. Les initiatives étudiantes telles que le club universitaire de sport automobile constituent également d'excellentes occasions de combiner théorie et pratique. Avec la SPH, nous complétons l'offre d'expériences pratiques. Grâce à un projet pilote, nous savons déjà ce qu'un tel lieu peut libérer comme idées: une équipe d'étudiant.e.s travaille ainsi sur une canne d'aveugle intelligente qui reconnaît l'environnement et permet à une personne aveugle de se déplacer en toute sécurité en évitant les obstacles grâce à la parole et au feedback haptique. L'idée d'une doctorante, qui développe une cabine de méditation qui se gère et se loue elle-même, a même quelque chose de révolutionnaire.
Certains projets qui débutent à la SPH permettront un jour la création d’une entreprise. D'autres ne dépassent pas le stade du prototype. Mais peu importe l’aboutissement d’une idée: la nouvelle maison des projets est le terrain de jeu idéal pour une interaction parfaite entre la tête, le cœur et les mains. Les étudiant.e.s ne pourront qu'en profiter.