Il y a presque 100 ans, la compagnie aérienne néerlandaise KLM a interdit à ses pilotes de voler le long des lignes de chemin de fer. Pourquoi? Parce qu’on craignait que les passagères et passagers s’aperçoivent que les trains pouvaient se déplacer plus vite que l’avion dans lequel ils étaient assis. Beaucoup de choses ont changé en un siècle, et les avions ont dépassé les trains en termes de vitesse. Mais cela pourrait bien changer à nouveau!
Le mot magique est «Hyperloop». Ce sont des trains avec deux spécificités importantes: premièrement, ils ne roulent pas sur des roues mais lévitent sur des rails magnétiques. Et deuxièmement, ils se déplacent dans des tubes sous vide. Ils atteignent ainsi des vitesses pouvant aller jusqu’à 1200 km/h. A titre de comparaison, un avion commercial vole à environ 900km/h.
Il n’est pas encore possible de voyager avec ces trains hyperrapides. Mais des scientifiques du monde entier travaillent actuellement d’arrache-pied pour faire de ce concept une réalité, et ce, aussi en Suisse. A l’ETH Zurich, le projet Swissloop est mené par des étudiantes et des étudiants sur le terrain du futur parc d’innovation de Dübendorf. Pendant quatre ans, ils ont bricolé, testé et perfectionné leurs prototypes. Et une multitude de questions se sont posées en cours de route: comment construire le châssis idéal? Comment la propulsion doit-elle fonctionner et comment freiner? Comment faire en sorte que l’Hyperloop soit viable économiquement?
Le dernier prototype en date, qui porte le nom de Simon Ammann (les précédents s’appelaient Mujinga Kambundji, Claude Nicollier et Simona de Silvestro, entre autres), a fait ses preuves cet été lors d’une rencontre entre des chercheuses et chercheurs européens sur l’Hyperloop à Valence, en Espagne. L’équipe suisse a remporté la première place dans quatre des six catégories!
Un autre projet, cette fois à l’EPFL, est également très prometteur: EPFLoop vient de construire sa propre piste d’essai sur le campus d’Ecublens, où les tout derniers développements techniques pourront être testés et améliorés. Les deux projets travaillent par ailleurs en étroite collaboration avec des partenaires de l’industrie.
Les développements de ces trains hyperrapides n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. À l’avenir, cependant, les Hyperloop pourraient remplacer les vols court-courriers qui sont discutables du point de vue écologique. Par personne, un voyage dans l’Hyperloop devrait consommer environ un dixième de l’énergie dépensée dans un avion. Et il ne sera pas nécessaire de brûler du kérosène, carburant nuisible pour le climat.
Grâce aux TGV, il n’est déjà plus très sensé de se rendre à Paris en avion. Mais grâce aux Hyperloop, l’avion pourrait aussi devenir inintéressant pour des trajets à destination de l’Espagne, de l’Angleterre ou même pour Berlin, par exemple. Les expertes et experts estiment que les Hyperloop pourront offrir une alternative convaincante au transport aérien, notamment pour les distances comprises entre 400 et 1500 kilomètres.
Qui sait, peut-être que dans un avenir pas si lointain que ça, les compagnies aériennes diront à leurs pilotes de faire attention à ce que leurs passagères et passagers ne voient pas les tubes des Hyperloop!