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«Ceci n'est pas une chronique juridique»

Nicolas Capt, avocat en droit des médias à l'humour piquant, décortiquera deux fois par mois un post juridique pour nous. Il nous explique pourquoi dans ses chroniques, le droit sera ludique.
Publié: 07.06.2021 à 18:40 heures
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Dernière mise à jour: 28.06.2021 à 13:08 heures
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Nicolas Capt

Je m’appelle Nicolas Capt. J’ai 42 ans et exerce la profession d’avocat depuis une quinzaine d’années. Le cabinet que j’ai créé, Quinze Cours des Bastions, est spécialisé dans le droit des médias, de la réputation et des technologies. J’y défends ainsi avec acharnement la réputation de tous ceux qui estiment qu’elle est indûment atteinte (politiciens, journalistes, capitaines d’industrie, notamment) tout en accompagnant des collectivités publiques dans le déploiement de leurs projets numériques stratégiques. Je gère aussi fréquemment des questions relevant de la protection des données personnelles, pour des multinationales comme des start-up. Une niche, certes, mais somme toute extrêmement variée.

Dans le petit monde du droit des médias, que j’enseigne d’ailleurs au Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM), il se dit que je ne suis le porte-flingue de personne. C’est vrai: j’agis tantôt pour des journalistes et des éditeurs de presse, tantôt pour des mis en cause. Certes, par le jeu des conflits d’intérêts, cela me prive mécaniquement de certains mandats. Et cela fait parfois grincer des dents. Mais qu’importe: c’est là le prix de la liberté et de l’indépendance, qui me sont toutes deux chères. Et ce sont au fond ces mêmes valeurs qui m’ont fait préférer, de tout temps, l’atmosphère feutrée et roborative des cabinets d’avocats à taille humaine à celle, aseptisée et normée, des paquebots de la discipline. C’est ainsi que j’ai fait mes armes d’avocat chez Ming Halpérin Burger Inaudi, puis chez Bonnant & Warluzel, avant de me mettre à mon compte, en 2012. Small is beautiful. A tout le moins aimé-je à le croire.

S’agissant des mandats à connotation politique, ce goût de l’indépendance m’a fait défendre tous les groupes, toutes les sensibilités — de la droite libérale à la gauche radicale, en passant par les écologistes et les partis centristes — avec la même passion et le même engagement.

Enfin, l’autoportrait professionnel ne saurait être complet sans parler de l’intelligence artificielle, qui m’inquiète autant qu’elle me fascine et m’émerveille et qui m’a fait créer un sommet international qui lui est consacré: l’Artificial Intelligence Geneva Summit (AIGS), un événement holistique ayant pour ambition de s’interroger, différemment, sur les impacts de cette technologie sur nos vies. Sous divers étendards tels que «Des machines et des hommes», «Du corps et de l’âme» ou encore «Etats généraux de l’intelligence artificielle», l’événement a convoqué et confronté des personnalités extraordinaires. Se sont ainsi, notamment, succédés à la tribune l’ancien directeur général du CICR Yves Daccord, l’écrivain Sylvain Tesson, le psychiatre Serge Tisseron, la Professeure Solange Ghernaouti, l’historien et médiologue Odon Vallet ou encore les Professeurs Grégoire Courtine et Sadek Beloucif. Et je travaille actuellement, au sein d’un merveilleux groupe de réflexion juridico-technologique baptisé «Code IA», mené par l’infatigable Xavier Comtesse, à la publication d’un ouvrage recto-verso intitulé «CODE IA SOFTWARE HARDLAW» (éditions GEORG, à paraître à l’automne 2021) qui explorera de manière assez insolite les enjeux de l’intelligence artificielle.

Sur un plan plus personnel, et cela tranche sans doute avec l’image d’avocat technophile que les médias ont parfois convoyé de moi, j’ai un certain goût du suranné. Passionné de littérature française, je collectionne les lettres anciennes et cultive le plaisir des mots. En fin d’année dernière, j’ai publié avec deux camarades (le sculpteur Vincent Du Bois et le Professeur de sciences affectives David Rudrauf) un recueil intitulé «Pour ou contre la mort: promenade dans les arcanes du trépas». L’ouvrage se concevait, disait l’argumentaire de vente, comme une balade subjective et insolite, sérieuse et badine, dans l’arrière-scène du trépas et proposait pour ce faire une collection disparate — mais reliée par le fil rouge de la Grande Faucheuse — d’images d’artistes reconnus sur la scène internationale et de textes littéraires, scientifiques vulgarisés ou philosophiques. Etaient au menu les artistes Sophie Calle, Sylvie Fleury et Gianni Motti, la philosophe Cléo Collomb, les maîtres de l’absurde chaux-de-fonnier Plonk & Replonk, l’amie des arts Caroline Freymond ou encore, parmi bien d’autres encore, le polémiste Philippe Tesson et l’écrivain Frédéric Beigbeder (éditions SLATKINE). Au delà de la publication de ce premier ouvrage, la création d’un cercle artistico-philosophique destiné à durer: les Rencontres Spectaculaires.

Voilà pour le portait de la bête, brossée au pinceau approximatif.

Ma proposition ici? A partir d’un tweet portant sur une notion juridique ou la convoquant indirectement, tirer le fil, découdre les évidences, rapiécer le réel pour proposer une lecture nouvelle, insolite ou impertinente de problématiques juridiques et sociétales de notre temps. Approche ludique mais sérieuse, ton suranné mais angle moderniste, bienvenue dans «3615 Twitter», où je vous retrouverai deux fois par mois.

Vous n’y trouverez point de conseils pratiques pour résoudre un conflit de voisinage, contester une poursuite infondée ou solliciter une baisse de votre loyer mais de la matière à réflexion. «Food for thought», disent les anglo-saxons dans l’une de leurs formules tout à fait intraduisibles. De la reconnaissance faciale à l’écriture inclusive, en passant par les shit storms médiatiques ou le droit des fleuves, rien ne vous sera épargné, du plus anecdotique au plus fondamental.

Et n’hésitez pas à me proposer vos meilleurs tweets par direct message, mail, pli postal, pigeon voyageur ou télex; je tâcherai d’en faire bon usage, promis!

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