Le secrétaire général de l'ONU a mis en garde contre les répercussions de la guerre livrée par la Russie en Ukraine, qui risquent de se traduire par «un ouragan de famines» dans de nombreux pays.
De son côté, le FMI a estimé que l'économie de l'Ukraine pourrait se contracter jusqu'à 35% si la guerre venait à s'enliser, et que le conflit mettait en danger la sécurité alimentaire mondiale.
Les Etats-Unis jugent «profondément préoccupante» la position «d'alignement de la Chine avec la Russie» face à la guerre en Ukraine, a fait savoir lundi une haute responsable de la Maison Blanche, après une rencontre de plusieurs heures à haut niveau à Rome.
Nouveaux pourparlers mardi
La quatrième session de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie reprendra mardi, a rapporté un négociateur de Kiev. «Nous faisons une pause technique dans les négociations jusqu'à demain» pour permettre «des travaux supplémentaires des sous-groupes de travail et la clarification» de certains termes, a-t-il déclaré.
Des bombardements à Kiev et Donetsk
Deux personnes ont été tuées dans des bombardements russes sur Kiev qui ont visé un immeuble résidentiel et l'usine aéronautique Antonov, a annoncé la mairie de la capitale ukrainienne. A Kharkiv (nord-ouest), un bombardement de l'armée russe a fait deux morts, d'après le parquet régional. Neuf personnes ont été tuées dans une frappe de l'armée russe contre une tour de télévision près de Rivne (ouest), selon les autorités locales.
A Donetsk, les séparatistes pro-russes soutenus par Moscou ont affirmé qu'une frappe de l'armée ukrainienne avait visé le centre-ville, faisant au moins 16 morts selon le «ministère» local de la Santé et 23 morts selon le puissant Comité d'enquête russe. L'armée ukrainienne a démenti.
Explosions près de la centrale nucléaire de Zaporojie
Selon des informations ukrainiennes, les troupes russes auraient fait exploser des parties d'un dépôt de munitions non loin de la centrale nucléaire occupée de Zaporojie. L'explosion s'est produite près des ruines d'un terrain d'entraînement militaire, a annoncé lundi sur Telegram l'exploitant nucléaire ukrainien Enerhoatom.
Ces informations n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante. La Russie n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat. Le personnel de la centrale a entre-temps cessé le travail en raison de l'explosion, a indiqué Enerhoatom. On ne sait pas encore si l'incident a modifié l'exposition aux radiations.
Dans la centrale nucléaire de Zaporojie, située dans le sud de l'Ukraine et occupée par les troupes russes. Enerhoatom a annoncé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) que la centrale nucléaire était «sous le contrôle du commandant des forces armées russes». L'entreprise d'Etat russe Rosatom a en revanche démenti, dans un échange avec l'AIEA, avoir pris le contrôle opérationnel de la centrale.
Poutine menace de prendre les grandes villes
L'armée russe «n'exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées», a prévenu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Ces derniers jours, les combats se sont intensifiés autour de Kiev, presque entièrement encerclée. L'Ukraine a accusé l'armée russe d'avoir à nouveau coupé l'alimentation électrique du site nucléaire de Tchernobyl et d'avoir fait exploser des munitions près d'un réacteur de Zaporojie, les deux centrales étant sous contrôle de Moscou.
Au moins 636 civils ont perdu la vie
Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a recensé la mort de 636 civils en Ukraine depuis l'invasion des troupes russes le 24 février. Parmi eux, 46 enfants et adolescents, a indiqué le bureau genevois lundi. La veille, le nombre total de morts était encore de 596. Le bureau dispose en outre d'informations vérifiées sur 1125 blessés. La veille, ce chiffre était de 1067.
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, souligne toujours que les chiffres réels sont certainement bien plus élevés. Les collaborateurs ont souvent besoin de plusieurs jours pour vérifier le nombre de victimes. Le Haut Commissariat ne communique que les chiffres des morts et des blessés qu'il a lui-même vérifiés de manière indépendante.
«La plupart des victimes civiles ont été causées par l'utilisation d'armes explosives à longue portée, y compris les tirs d'artillerie lourde et de lance-roquettes, ainsi que les attaques de roquettes et les attaques aériennes», a indiqué le bureau de Bachelet.
Presque 3 millions de réfugiés
Plus de 2,8 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, selon le dernier décompte publié par l'ONU, qui recense aussi environ 2 millions de déplacés à l'intérieur du pays.
Près de 150'000 personnes ont pu quitter des régions bombardées grâce à des couloirs humanitaires depuis le début de l'invasion, a affirmé lundi un haut responsable ukrainien. L'Union européenne a décidé de sanctionner de nouveaux oligarques russes, notamment le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club anglais de football de Chelsea, ont indiqué des diplomates à l'AFP.
Sur fond de bureaucratie
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a demandé au Conseil de l'Europe «l'expulsion immédiate» de la Russie de cette organisation pan-européenne de défense des droits humains, ce qui serait une première dans son histoire. Le Comité des ministres de l'organisation doit se réunir jeudi pour en décider.
La Cour internationale de justice (CIJ) a indiqué lundi qu'elle rendrait son verdict mercredi dans la procédure lancée par Kiev, qui demande à la Cour d'ordonner à Moscou d'arrêter son invasion de l'Ukraine.
L'Ukraine demande au plus haut tribunal de l'ONU des mesures urgentes ordonnant à la Russie d'arrêter son invasion, avant de se prononcer sur le fond de l'affaire, ce qui pourrait prendre des années.
(AFP/dg)