La violence des explosions fait «trembler les murs des maisons», ont indiqué des témoins, évoquant des «tirs d'artillerie» dans l'est de la capitale et d'autres, cette fois à «l'artillerie lourde», provenant des casernes de l'armée dans la banlieue nord.
Des combats ont également lieu dans le centre de la capitale, survolé par des «avions de combats», ont affirmé d'autres témoins. Les combats se concentrent également au Darfour, une vaste région frontalière du Tchad déjà meurtrie par une guerre civile dans les années 2000 et théâtre des violences les plus meurtrières.
Le conflit oppose depuis le 15 avril l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo. Autrefois alliés, les deux généraux se disputent désormais le pouvoir et semblent déterminés à l'obtenir par les armes.
2000 morts et un pays plongé dans le désespoir
Leur guerre a plongé le pays – parmi les plus pauvres du monde – dans le chaos, a fait plus de 2000 morts selon l'ONG ACLED et forcé plus de deux millions et demi de personnes à quitter leur foyer, déplacées à l'intérieur du Soudan ou réfugiées dans les pays voisins, selon l'ONU.
Des témoignages sur l'occupation de logements par des combattants, sur des pillages et autres exactions se multiplient.
Après un court répit à la faveur d'une trêve de 72 heures, les combats ont repris mercredi matin et les deux camps se sont une nouvelle fois accusés mutuellement de commettre des violations à l'encontre des civils.
L'armée accuse les FSR d'avoir «profité de la trêve pour mobiliser ses forces et de commettre plusieurs violations contre des civils». De leurs côtés, les forces paramilitaires accusent l'armée d'avoir «fabriqué une fausse vidéo» mettant en scène «un viol» qu'elle a imputé aux FSR.
Le conflit prend une tournure ethnique
Au Darfour, l'armée et les paramilitaires s'affrontent «avec tous types d'armes», ont raconté mercredi soir à l'AFP des habitants de Nyala, capitale du Darfour-Sud.
Dans cette région de l'ouest du pays où vivent des populations issues d'ethnies africaines ainsi que de tribus arabes, «le conflit a désormais une dimension ethnique», ont averti l'ONU et l'Union africaine. Les violences commises au Darfour pourraient constituer des «crimes contre l'humanité», juge l'ONU.
À El-Obeid, dans la région du Kordofan-Nord, limitrophe du Darfour, des témoins ont également fait état de «tirs d'artillerie».
Aggravation de la situation humanitaire
Avec la poursuite des hostilités, les deux tiers environ des établissements de santé dans les zones de combat sont désormais hors service, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé, évoquant «46 attaques contre des établissements de santé depuis le début des combats».
La situation humanitaire devrait encore s'aggraver avec la saison des pluies, synonyme de recrudescence du paludisme, d'insécurité alimentaire et de malnutrition infantile.
Selon l'OMS, 11 millions de personnes ont besoin d'une assistance sanitaire. Et l'ONU estime que 25 des 48 millions de Soudanais ne peuvent survivre sans aide humanitaire.
Lundi, la communauté internationale a promis 1,5 milliard de dollars d'aide, soit la moitié des besoins avancés par les agences humanitaires.
Des promesses insuffisantes face «à la catastrophe qui se profile», a prévenu William Carter, directeur au Soudan de l'ONG Norwegian Refugee Council dans une tribune.
Près de 600'000 personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations. Plus de 2 millions de Soudanais sont déplacés dans leur propre pays, selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
(ATS)