Législatives contestées
Au Venezuela, le parti de Nicolas Maduro remporte la majorité absolue

La coalition du président vénézuélien Nicolás Maduro a obtenu la majorité absolue au Parlement lors des élections législatives de dimanche, a annoncé lundi soir son président, Jorge Rodriguez. La coalition remporte 256 des 285 sièges en jeu.
Publié: 27.05.2025 à 04:20 heures
Le parti de Nicolás Maduro remporte le scrutin, qui a cependant été boycotté par la majorité de l'opposition.
Photo: CRISTIAN HERNANDEZ
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ATS Agence télégraphique suisse

Vingt-trois États sur 24, 89 % des sièges au Parlement : le président Nicolas Maduro, héritier d’Hugo Chavez, a recouvert de rouge – la couleur du chavisme – la carte du Venezuela lors des élections législatives et régionales de dimanche. Il consolide ainsi son pouvoir, alors que l’opposition se félicite de son boycott sans toutefois définir une stratégie claire.

Le parti du président a conquis 23 des 24 gouvernorats. Selon une annonce non officielle mais émanant de Jorge Rodriguez, l’un des hommes les plus puissants du pays, sa coalition a remporté 256 des 285 sièges à l’Assemblée.

Jorge Rodriguez, président de l’actuelle Assemblée, chef de campagne du pouvoir pour le scrutin et chef négociateur du Venezuela avec Washington, a souligné en soirée que «les oppositions» ont gagné les 29 sièges restants. Il n’a cependant pas donné de détails.

Figure de l'opposition arrêtée

Rodriguez faisait référence à la fois à l’opposition considérée comme étant aux ordres du pouvoir, surnommée les «Scorpions», et à la faction menée par Henrique Capriles, ancien chef de l’opposition, pour qui la politique de la chaise vide ne porte pas ses fruits. La cheffe de l’opposition Maria Corina Machado et Edmundo Gonzalez, son candidat à la présidentielle de l’an dernier, avaient appelé au boycott du scrutin. Ils estiment que les règles du jeu sont faussées.

Avec cette victoire écrasante, Nicolas Maduro renforce sa mainmise sur les institutions du pays, dix mois après sa réélection contestée, marquée par des troubles et des arrestations massives. Le rendez-vous de dimanche a d’ailleurs été précédé de l’arrestation de quelque 70 personnes, dont Juan Pablo Guanipa, figure de l’opposition, accusées de vouloir déstabiliser les élections.

Plus de 400'000 membres des forces de l’ordre ont été déployés le jour du scrutin. Des patrouilles de policiers encagoulés et armés ont été observées dans plusieurs quartiers. Nicolas Maduro peut désormais avancer tranquillement vers sa réforme de la Constitution. Il y a peu d’informations sur ce projet, mais il l’évoque régulièrement depuis des mois.

«Aujourd’hui, nous avons démontré le pouvoir du chavisme! Cette victoire est la victoire de la paix et de la stabilité», a exulté Nicolas Maduro après l’annonce des résultats dimanche. Le président fête une victoire, mais l’opposition y voit une défaite. Maria Corina Machado avait appelé à ne pas participer à la «farce». Elle affirme que la faible affluence dans les bureaux de vote est une protestation silencieuse contre la réélection de Nicolas Maduro en juillet.

Armée loyale à Maduro

Le gros de l’opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle de 2024 et crie à la fraude, estimait qu’il n’était pas possible de participer à un nouveau scrutin organisé par le pouvoir. Pour le groupe opposant rebelle qui a tout de même participé, le résultat est maigre. Le pouvoir ne lui a laissé que des miettes : une poignée de députés et la gouvernance de l’État de Cojedes (centre-ouest).

«Bien que prévisible, le résultat n’en a pas moins des implications importantes : un chavisme renforcé dans le contrôle institutionnel, une opposition divisée à la représentation limitée, et une majorité sociale (de la population) démobilisée», estime l’analyste politique Luis Vicente Leon. Maria Corina Machado, qui vit dans la clandestinité, a une nouvelle fois lundi appelé l’armée à «agir» contre un gouvernement jugé illégitime.

Mais les forces armées, clef de voûte du pouvoir, qui sait les choyer, ont juré loyauté à maintes reprises au président Maduro. Pour ce qui est de l’opposition, «l’abstention (…) ne fait qu’aggraver sa situation», estime le politologue Pablo Quintero. «Elle génère un processus de désaffection politique, de désillusion, de résignation de la part des gens».

Faible pposition parlementaire

Henrique Capriles a été élu député et dirigera un groupe d’une quinzaine d’élus à l’Assemblée, selon les estimations de Luis Vicente Leon. Peu mais «pas insignifiant», selon l’analyste. «Ils ont partiellement atteint leur objectif de préserver une présence institutionnelle et d’éviter la disparition totale», relève-t-il.

Staline Gonzalez, l’un des opposants élu député, défend la participation et critique la position de Maria Corina Machado : «Cette théorie de donner de l’espace au gouvernement, au 'madurisme', et de croire qu’il suffit de délégitimer le processus en n’y participant pas pour qu’il (Maduro) s’en aille… Qu’avec ça nous allons ramener la démocratie. Nous ne sommes pas convaincus par ce chemin».

Pablo Quintero estime toutefois que le coût est élevé. Il croit que «l’opposition a besoin de sang neuf».

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