Le Festival de Cannes consacre une lauréate
Spike Lee a annoncé la Palme d'or à Julia Ducournau pour «Titane»

La Française Julia Ducournau est devenue la deuxième femme à décrocher la Palme d'or à Cannes, a annoncé le président du jury Spike Lee dès le début de la cérémonie de remise des prix. L'annonce du réalisateur américain a pris de cours les organisateurs.
Publié: 17.07.2021 à 20:56 heures
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Dernière mise à jour: 17.07.2021 à 21:19 heures
(g. à d.) Agathe Rousselle, Julia Ducournau et Vincent Lindon à la projection de clôture "OSS 117: Alerte Rouge en Afrique Noire", le 17 juillet 2021.
Photo: Getty Images for Kering

Spike Lee a fait cette annonce d'emblée, alors qu'il était censé annoncer le prix d'interprétation masculine. Julia Ducournau, récompensée pour «Titane», devient la deuxième réalisatrice couronnée de l'histoire du festival – 28 ans après Jane Campion.

Le prix de l'interprétation masculine est revenu à l'Américain Caleb Landry Jones, pour sa performance dans «Nitram», où il incarne un jeune homme borderline qui s'apprête à commettre l'une des pires tueries de l'histoire de l'Australie.

«Je suis trop ému, merci, merde», a-t-il réagi, le souffle coupé par l'émotion. L'acteur de 31 ans s'est surtout illustré dans le cinéma américain indépendant.

Fascinée par les métamorphoses du corps

Julia Ducournau est une cinéaste singulière et audacieuse, fascinée par les transformations du corps. Son cinéma transgressif est emprunt de féminisme.

Avant «Titane», oeuvre la plus violente et dérangeante de la compétition, cette grande femme blonde de 37 ans avait déjà fait sensation au Festival de Cannes en 2016 avec son premier long métrage, «Grave», récit d'apprentissage d'une post-adolescente cannibale qui revisite le film d'horreur.

«Un de mes buts a toujours été d'amener le cinéma de genre ou des films 'ovniesques' dans des festivals généralistes pour arrêter d'ostraciser un pan de la production française», a déclaré Julia Ducournau à l'AFP. «Le genre permet aussi de parler de l'individu et très profondément de nos peurs et de nos désirs».

«Grave» avait été interdit aux moins de 16 ans et avait suscité le malaise lors de sa diffusion au festival de Cannes, en raison de la crudité de certaines scènes sanglantes, épilation se terminant par la dégustation d'un doigt ou corps à moitié mangé découvert au réveil.

D'Edgar Poe à Cronenberg

Influencée par le cinéma de David Cronenberg, de Brian de Palma, de Pier Paolo Pasolini et du Sud-coréen Na Hong-jin ("The Chaser"), cette adepte de films de genre raconte aussi avoir été marquée par le célèbre film d'horreur «Massacre à la tronçonneuse», vu en cachette à l'âge de six ans, et avoir eu ses premiers émois littéraires avec les «Histoires extraordinaires» d'Edgar Poe.

Née à Paris, Julia Ducournau a eu un parcours studieux. Passée par une classe préparatoire littéraire et une double licence de Lettres modernes et d'anglais, elle se tourne ensuite vers le cinéma en 2004, en intégrant le département scénario de la Fémis. Mais ses premières oeuvres, qui traitent déjà de mutations physiques, laissent très tôt apparaître ses obsessions.

(ATS)

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