Giorgia Meloni à Bruxelles
«La voix de l'Italie en Europe sera forte»

Giorgia Meloni a entamé jeudi à Bruxelles ses rencontres avec les dirigeants de l'Union européenne. C'est le premier déplacement à l'étranger de la nouvelle première ministre italienne d'extrême droite depuis sa prise de fonction.
Publié: 03.11.2022 à 21:15 heures
Pour sa première visite à Bruxelles, la première ministre italienne Giorgia Meloni, à gauche, a notamment rencontré la présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola.
Photo: OLIVIER MATTHYS

Le premier déplacement de la dirigeante souverainiste de 45 ans, qui s'est engagée à défendre avant tout les intérêts italiens, est scruté avec attention, sur fond de crise énergétique qui met à l'épreuve la résistance du bloc.

«L'Italie a toujours joué un rôle central au sein de l'UE», a tweeté la présidente du parlement européen Roberta Metsola au début de leur rencontre. «Avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les prix de l'énergie au plus haut et l'inflation en hausse, nous devons plus que jamais rester unis. Nous sommes plus forts si nous sommes ensemble», a-t-elle ajouté.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

La première femme cheffe de gouvernement en Italie, à la tête du gouvernement le plus à droite depuis l'après-guerre, devait ensuite rencontrer la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, puis le président du Conseil européen (institution représentant les Etats membres) Charles Michel.

Signe d'une forme de prudence de part et d'autre, aucune déclaration commune n'était prévue à l'issue de ces trois rencontres.

L'énergie au premier plan

«La voix de l'Italie en Europe sera forte: nous sommes prêts à affronter les grands dossiers, en commençant par la crise énergétique, en oeuvrant à une solution rapide et efficace afin de soutenir les familles et les entreprises et mettre un terme à la spéculation», a écrit la dirigeante italienne sur Twitter avant cette série de rencontres qui sont son baptême du feu sur la scène internationale.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Son face-à-face avec Ursula von der Leyen sera le premier depuis le tollé provoqué en Italie par les propos de la présidente de la Commission, qui avait mis en garde avant les élections dans la péninsule contre les conséquences auxquelles s'exposerait l'Italie en cas de dérive par rapport aux principes démocratiques.

Selon le politologue Lorenzo Codogno, la dirigeante italienne se présente à Bruxelles sans intentions guerrières: «Meloni est pragmatique et veut être perçue comme une dirigeante modérée», a-t-il expliqué à l'AFP.

Celle qui dirige la troisième économie de la zone euro devrait mettre l'accent sur l'urgence de mesures européennes pour réduire les prix de l'énergie, un combat déjà amorcé par son prédécesseur Mario Draghi.

Mieux comprendre les intentions de Giorgia Meloni

«Les discussions seront centrées sur l'énergie (...) le problème le plus urgent alors que l'hiver approche», souligne Lorenzo Codogno, selon qui Giorgia Meloni cherchera à démontrer la continuité avec le gouvernement Draghi en exigeant des solutions «au niveau de l'UE».

L'ex-chef de la Banque centrale européenne (BCE) s'était uni à d'autres pays pour demander à ce que des solutions à la crise énergétique soient trouvées au niveau européen plutôt qu'à travers l'approche individualiste adoptée par Berlin, très critiquée par ses partenaires.

Les dirigeants européens espèrent pour leur part saisir l'occasion pour «mieux comprendre les intentions de Meloni», analyse pour l'AFP Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors.

«Au-delà des messages d'apaisement» sur l'ancrage de Rome dans le monde occidental et dans l'Otan et sa prise de distance avec le fascisme, «elle est restée finalement assez floue sur ce qu'elle veut faire».

Les dirigeants européens devraient par ailleurs, lors de ce premier contact, se montrer prudents pour éviter de pousser Giorgia Meloni dans le camp de leurs deux bêtes noires nationalistes, la Pologne et la Hongrie.

L'immigration, un sujet brûlant

Un affrontement sur le fonds européen de relance post-pandémie, dont l'Italie est le premier bénéficiaire avec environ 200 milliards d'euros, est improbable, même si Giorgia Meloni a affirmé vouloir obtenir des «ajustements» pour prendre en compte la hausse des prix de l'énergie, et ces ajustements devaient être négociés au niveau «technique», selon Lorenzo Codogno.

Il sera difficile pour Bruxelles d'éviter à terme un affrontement sur l'immigration, thème de prédilection de l'extrême droite en Italie, qui est l'une des principales portes d'entrée des migrants en Europe.

(ATS)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la