Gabegie administrative
A cause d'un bug, les amendes non payées ne sont pas suivies de rappels à Berne

Les automobilistes mal garés peuvent se la couler douce à Berne. Les amendes non payées ne sont pas suivies de rappels, à cause de l'introduction d'un nouveau logiciel qui pose des problèmes informatiques à l'administration. Des salaires n'ont pas non plus été versés.
Publié: 18.06.2023 à 20:35 heures
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Dernière mise à jour: 18.06.2023 à 20:37 heures
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Mal garé, amende non payée – mais pas rappelé à l'ordre? C'est ce qui a dû arriver à quelques Bernoises et Bernois.
Photo: KEYSTONE
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Lisa Aeschlimann

Dans le canton de Berne, les personnes qui ne paient pas leurs amendes de stationnement n'ont actuellement pas grand-chose à craindre: elles ne recevront pas un rappel de sitôt. En effet, le service bernois d'encaissement des amendes est confronté à des problèmes – depuis plusieurs mois déjà.

Alain Streich, chef d'état-major à la direction des Finances, confirme les informations récoltées par Blick: «Le processus de rappel automatisé a été provisoirement interrompu.» Des spécialistes seraient en train de mettre en œuvre différentes corrections au système. Les services touchés seraient pour l'instant épaulés par du personnel supplémentaire.

Problèmes liés au nouveau logiciel

On ne dispose pas de données exactes sur le nombre de retardataires qui ont échappé à une amende jusqu'à présent. Mais selon Alain Streich, il est certain que toutes les amendes en suspens seront relancées, «même avec du retard».

Reste à savoir quand. Des problèmes informatiques sont à l'origine de la gabegie de l'encaissement des amendes: au début de l'année, le canton de Berne a migré son système de comptabilité vers SAP.

Ce logiciel est également utilisé par la Confédération et de nombreux cantons. Il permet de comptabiliser les charges, d'établir des factures, d'introduire des nouveaux collaborateurs, de gérer les chaînes de livraison et bien d'autres choses encore. L'administration a remplacé deux anciens programmes (développés en interne) par le nouveau système en espérant une optimisation de l'encaissement des amendes. Or, c'est l'inverse qui s'est produit: l'introduction du nouveau logiciel donne du fil à retordre aux responsables depuis des mois.

En mars de cette année déjà, le canton n'a pas pu régler plus de 2700 factures et n'a pas pu verser les salaires des enseignants et des aides de classe pendant des mois. Selon la «Berner Zeitung», des enseignants ont même dû avancer plusieurs milliers de francs à titre privé pour financer un camp de sports d'hiver. Les problèmes persistent jusqu'à aujourd'hui – mais, selon Alain Streich, ils devraient être résolus d'ici à la fin du mois de juin.

Gabegie dans l'administration

Le service d'encaissement des amendes ne règle pas seulement les amendes et les pénalités suite à des ordonnances pénales ou des jugements, mais aussi les convocations pour se présenter au tribunal si un retardataire ne paie pas.

Selon une source interne, le chaos règne dans l'administration depuis l'introduction de SAP. Les collaborateurs ne pourraient pas utiliser le programme et n'auraient donc pas d'aperçu des amendes en suspens. Des témoignages circulent également au sujet de personnes qui auraient reçu des ordres de paiement alors qu'elles avaient déjà payé leur amende. Des convocations pour se présenter devant la justice auraient même été envoyées à tort.

Le canton déclare toutefois que les services responsables n'ont pas connaissance de tels cas.

Problèmes connus avec SAP

Pour les utilisateurs, SAP est souvent complexe à utiliser. Dans le canton de Bâle-Ville, par exemple, le projet a été suspendu après deux ans et des frais de licence mensuels de 40'000 francs, car «la complexité du logiciel» avait été sous-estimée.

Alain Streich, de la direction des finances, écrit: «L'expérience montre qu'une phase de familiarisation et d'adaptation de plusieurs mois est nécessaire pour les collaborateurs, afin qu'ils se familiarisent avec le système». Le personnel est donc mis à contribution, mais il est soutenu par différentes mesures. Il s'agit notamment de ressources supplémentaires, de formations, mais aussi de «travail accompagné».

Le nouveau logiciel devait ramener de l'argent

Le canton ne communique pas sur le coût du black-out des amendes dans le domaine de l'encaissement. Environ 90 millions de francs sont prévus pour le passage à SAP dans toute l'administration du canton. L'ensemble des mesures et optimisations prises à court terme sont désormais financées par ce crédit, explique Alain Streich.

En introduisant le système SAP, l'administration bernoise voulait devenir plus efficace – et économiser jusqu'à dix millions de francs par an. Pour atteindre cet objectif, le Grand Conseil veut supprimer jusqu'à 80 postes. Jeudi dernier encore, le Parlement a adopté une motion à ce sujet en Commission des finances.

Pour l'instant, ce sont plutôt des forces supplémentaires qui sont nécessaires – sans doute pour un certain temps encore.

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