«La direction du PS est aujourd'hui plus à gauche et surtout plus idéologique que la base et ses déclarations manquent souvent de réalisme», déclare Erich Fehr dans la NZZ am Sonntag. Le parti n'est plus aussi diversifié qu'avant.
Les personnes qui, au sein du PS, ne partagent pas entièrement le courant dominant actuel ont du mal à se faire entendre. De nombreux membres qui ne sont pas d'accord avec la ligne du parti se retiennent de le critiquer, alors qu'un large éventail d'opinions est central pour le succès du PS. Ceci est prouvé historiquement, estime le Biennois. «Je me fais beaucoup de soucis pour le deuxième siège au Conseil fédéral», poursuit Erich Fehr, qui craint que le risque de perdre ce siège ne soit pas suffisamment pris au sérieux. On voit bien que le camp bourgeois préférerait réserver ce siège aux Verts.
Rien à y gagner
Le PS n'a rien à y gagner: «Nous ne pourrons éviter durablement une perte que si nous augmentons à nouveau notre part d'électeurs au niveau national. Et pour cela, le PS devrait prendre au sérieux les courants comme la plateforme réformiste et en tirer profit», poursuit Erich Fehr.
Le PS devrait se tenir sur le terrain de la social-démocratie et non du socialisme: «Dénigrer en permanence l'économie est dangereux». Pour Erich Fehr, le parti parle aussi trop d'écologie et du climat, alors que le cœur de métier du PS est l'égalité des droits et l'égalité des chances.
Le Biennois critique également la stratégie européenne de son parti: l'approche consistant à viser d'abord la stabilité dans la situation actuelle est juste, «mais je crains que l'objectif d'adhésion à l'UE ne nous conduise à un débat sans fin. Nous ne pouvons pas nous le permettre, compte tenu de l'incertitude qui règne dans les relations avec l'UE».
«Nous avons besoin de partenaires pour forger une alliance européenne capable de recueillir 51% des voix lors d'une votation populaire», poursuit Erich Fehr. Or, dans la nouvelle stratégie européenne du PS fixée sur l'adhésion à l'UE, il ne voit pas assez de points d'ancrage pouvant attirer d'éventuels partenaires.
«Une erreur»
«Je pense aussi que l'initiative contre le F-35 est une erreur», ajoute Erich Fehr. Il faut respecter la décision du peuple en faveur de l'achat de l'avion, même si elle a été prise de justesse. Et avec la guerre en Ukraine, l'initiative est de toute façon déplacée.
La «plateforme réformiste au sein du PS Suisse» a été lancée en décembre 2016 sous forme de groupe libre de membres du parti à l’orientation sociale-libérale et de sympathisants. En juin 2021, une association a été fondée. Dans le comité directeur figurent, outre Erich Fehr, la conseillère nationale argovienne Yvonne Feri et le conseiller aux Etats zurichois Daniel Jositsch. Le syndic de Courtepin (FR) Pascal Vinard est le seul Romand.
L'association se fixe trois objectifs: poursuivre le développement d'une économie de marché sociale et compétitive, renforcer les relations institutionnelles avec l'UE et soutenir une défense nationale efficace.
(ATS)