En utilisant la technique de l’ADN environnemental, des chercheurs de l’institut WSL ont identifié la présence du triton crêté dans la réserve naturelle de la Grande Cariçaie. Cet amphibien, rare et protégé, y était considéré comme disparu depuis près de vingt ans. Cette espèce rare et fortement menacée en Suisse semble bel et bien avoir survécu en toute discrétion sur les rives du lac de Neuchâtel, a indiqué vendredi l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
Le triton crêté (Triturus cristatus) a été redécouvert l'année dernière à Portalban (FR) par des membres de l'association Grande Cariçaie. Le WSL a ensuite mené ce printemps des recherches pour localiser d’autres populations à l'aide de l'ADN environnemental (ADNe), soit le matériel génétique que les animaux laissent dans leur environnement sous forme d'excréments, de poils ou de cellules de peau.
Trouvé grâce à l'ADN
Quelques jours à peine après le prélèvement des échantillons d’eau, des membres de l'association ont repéré de nuit, à la lampe de poche, des tritons crêtés aux mêmes endroits, précise le WSL, revenant sur des informations du quotidien La Liberté.
«Nous ne pensions pas le trouver grâce à l'ADNe. La Grande Cariçaie est un marécage parsemé d'innombrables flaques, étangs et mares qui s'étendent sur plusieurs kilomètres. Il est peu probable que toutes les espèces soient présentes partout, et il faut donc avoir de la chance pour tomber sur une espèce précise», explique Flurin Leugger, doctorant dans le groupe de recherche du WSL, cité dans le communiqué.
Une autre difficulté réside dans le fait que l'ADNe est très dilué, surtout dans les grands plans d'eau. Les scientifiques doivent donc filtrer beaucoup d'eau pour pouvoir le détecter. Cette coopération est d’autant plus remarquable que les prélèvements d’ADNe et les observations visuelles ont eu lieu presque simultanément. Grâce à la collaboration avec l'association, les scientifiques ont pu pour la première fois transposer leur méthode à la pratique de la protection de la nature, souligne le WSL.
Une avancée dans la protection
Les tritons crêtés se cachent souvent dans la végétation dense des cours d'eau et sont donc difficiles à trouver avec les méthodes de surveillance traditionnelles, qui consistent à rechercher visuellement chaque individu. L'analyse d'ADNe permet de sonder des zones plus étendues. Il s'agit d'une avancée majeure pour la protection d'animaux rares, car pour protéger et améliorer les habitats, il faut d’abord savoir où vivent les animaux.
L'équipe de recherche travaille actuellement à adapter sa méthode pour analyser les échantillons directement sur le terrain, à l'instar des tests rapides pour le Covid-19. Ils obtiendraient ainsi les résultats directement sur place, sans perte de temps.