Confisqué par la douane
La Suisse restitue au Pérou une tête sculptée vieille de 2500 ans

La Suisse a remis mercredi un important bien culturel à l'ambassade du Pérou en Suisse. L'objet provient d'une saisie après une tentative d'importation illégale au poste de douane de Bâle/Weil am Rhein.
Publié: 08.02.2023 à 12:39 heures
L'objet est un important bien culturel péruvien d'environ 2500 ans appelé «tête clouée» (cabeza clava), selon l'OFC.
Photo: OFC

Mercredi, la Confédération a remis un bien culturel important à l'ambassade du Pérou en Suisse. L'objet avait été confisqué dans le cadre d'une procédure pénale cantonale. En 2016, un particulier a essayé d'importer ce bien en Suisse. Après avoir inspecté la marchandise, le poste douane de Bâle a soupçonné qu'il pouvait s'agir d'un bien culturel non déclaré.

Partie d'un temple

L'objet est une tête sculptée en pierre de près de 200 kilos et vieille de 2500 ans. Elle provient de la culture précolombienne Chavín (env. 1200 à 550 av. J.-C.) dans les hautes vallées des Andes péruviennes. Il s'agit d'un bien culturel important qui aurait dû être déclaré comme tel au moment de son importation, indique mercredi l'Office fédéral de la culture (OFC) dans un communiqué.

Les objets précolombiens, tels que la sculpture en cause, figurent dans les catégories de biens culturels péruviens les plus fortement menacés. Les têtes dites clouées ou à tenon (cabezas clavas) comme celle qui a été saisie sont des têtes sculptées de grande taille fichées à l'origine dans les façades d'un temple. Le musée national de Chavín expose une douzaine d'autres têtes clouées. Aujourd'hui, on ne connaît qu'une centaine de telles sculptures. Elles appartiennent aux catégories d'objets les plus caractéristiques de la culture archéologique de Chavín. Le site religieux de Chavín de Huántar est inscrit depuis 1985 au Patrimoine culturel mondial de l'UNESCO.

Confisquée par le ministère public

Le déclarant avait annoncé concernant l'objet une importation temporaire d'Allemagne en Suisse sur mandat d'un commerçant d'art allemand. L'objet était qualifié de sculpture péruvienne. Il était manifestement prévu qu'il soit étudié scientifiquement en Suisse. Or à la douane, il était déclaré comme «bien non culturel».

Après avoir inspecté la marchandise, les douanes suisses se sont adressées au service spécialisé sur les transferts de biens culturels de l'OFC qui a confirmé qu'il s'agissait d'un bien culturel important qui aurait dû être déclaré comme tel. La sculpture a été saisie et le 20 avril 2018, elle était confisquée définitivement par le ministère public sur la base du soupçon suffisamment étayé de provenance illégale (fouille clandestine) du Pérou. Le Pérou est fortement affecté par le pillage et la destruction de ses sites archéologiques.

Cérémonie de remise à l'ambassadeur

La cérémonie de remise s'est déroulée dans la matinée à la douane autoroutière de Bâle/Weil am Rhein en application de la loi sur le transfert international des biens culturels. C'est la directrice de l'OFC Carine Bachmann qui a remis la sculpture à l'ambassadeur Luis Alberto Castro Joo.

Cette restitution souligne l’engagement commun de la Suisse et du Pérou pour lutter contre le transfert illicite de biens culturels, souligne l'OFC. La loi sur le transfert international des biens culturels est en vigueur en Suisse depuis 2005. Elle met en œuvre la Convention de l'UNESCO de 1970 concernant les mesures pour interdire l'importation, l'exportation et le transfert illicite des biens culturels. Mardi, le musée d'ethnographie de Genève a restitué à leur nation d'origine, la confédération d'Haudenosaunee établie au Canada et aux Etats-Unis, deux objets sacrés acquis sans consentement il y a près de 200 ans.

(ATS)

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