Depuis le retour au pouvoir des Talibans en août, le peuple afghan a «traversé certains des moments les plus sombres d'une géneration», a déclaré Michelle Bachelet devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève. Elle a critiqué en particulier le «fléau des inégalités de genre» qui sévissent dans le pays depuis la prise de pouvoir.
Interdiction de sortir et voile intégral
Malgré la promesse d'un régime plus souple que la stricte application de la loi islamique qui avait caractérisé le premier passage des Talibans à la tête du pays, entre 1996 et 2001, un grand nombre de restrictions a déjà fait son retour.
Des dizaines de milliers d'écolières ont été exclues des écoles secondaires afghanes, alors que beaucoup de femmes occupant des postes de fonctionnaire n'ont pas pu reprendre le travail.
Les femmes se sont également vu interdire de voyager seules, et ne peuvent se rendre dans les parcs et jardins publics de Kaboul que certains jours, les autres étant dévolus aux hommes.
Le mois dernier, le chef des Talibans Hibatullah Akhundzada déclarait qu'en règle générale, les femmes devaient rester à la maison.
Celles-ci se sont vu imposer le port du voile intégral, couvrant le visage, pour toute sortie en public.
Situation critique
Michelle Bachelet, qui a brièvement visité l'Afghanistan en mars, a décrit ses rencontres avec des femmes qui continuent à exiger le respect de leurs droits en dépit «d'obstacles inimaginables.»
«Leur situation est critique», a-t-elle déclaré, ajoutant : «Laissez-moi être claire, nous assistons aujourd'hui en Afghanistan à une oppression systématique institutionalisée des femmes.»
Les sévères restrictions imposées à la liberté de mouvement des femmes «impactent négativement presque tous les aspects de leurs vies, y compris la capacité des femmes et de leurs enfants à accéder aux services de santé, moyens de subsistance, et à l'aide humanitaire» a souligné la Haute-commissaire.
Ce dernier point suscite de vives inquiétudes dans un pays devant faire face à l'effet conjoint de profondes crises humanitaires et économiques, et où 93% des foyers souffrent d'un niveau élevé d'insécurité alimentaire.
«Pour le peuple afghan, la sortie de crise ne peut reposer sur les efforts d'une minorité», a-t-elle insisté.
«Pour amener la société afghane vers la paix, il est crucial que tous les Afghans soient représentés dans les processus de décision politique», a ajouté Mme Bachelet, avant de conclure : «Cela implique d'écouter les voix des femmes et des filles.»
(ATS)