Une femme et sa fille décédées
L'accident dans le barrage d'agriculteurs «ne semble pas être intentionnel»

Une enquête judiciaire a été ouverte pour homicide involontaire aggravé et blessures aggravées dans le cadre de la mort d'une agricultrice et sa fille dans un barrage routier mardi. Les trois occupants du véhicule ont été placés en garde à vue.
Publié: 24.01.2024 à 11:20 heures
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Dernière mise à jour: 24.01.2024 à 11:21 heures
«Le véhicule a percuté, en pleine nuit un mur de bottes de paille, puis renversé trois personnes, avant de finir sa course contre la remorque d’un tracteur», a expliqué le procureur.
Photo: AFP
Luca Baume

Une agricultrice et sa fille, âgée de 12 ans, sont décédées mardi 23 janvier, après avoir été renversées dans la matinée sur un barrage routier d’agriculteurs dans l’Ariège, à hauteur de la route nationale 20 de Pamiers. Le père de famille a, lui, été grièvement blessé dans l’accident. 

La raison de l'accident toujours inconnue

Les trois occupants de la voiture impliquée dans le carambolage, un homme et deux femmes de nationalité arménienne, ont été placés en garde à vue et une enquête a été ouverte. La raison de cet accident reste inconnue. 

Selon une source proche de l’enquête à l’AFP, les trois occupants seraient sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), après avoir été déboutés de leur demande d’asile. «Leur garde à vue va être prolongée pour les nécessités de l’enquête, plusieurs investigations étant toujours en cours», a annoncé mardi soir le procureur de la République de Foix, Olivier Mouysset. Pour l’heure, les premiers éléments recueillis sur l’accident permettent au procureur d'avancer que «les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel».

La voiture, circulant dans le sens Toulouse-Andorre, «a emprunté la route nationale 20, malgré le dispositif mis en place pour en interdire l’accès». «En circulant sur la double voie, leur véhicule a percuté, en pleine nuit, et sans éclairage public à proximité, un mur de bottes de paille. Le véhicule a alors percuté trois personnes, avant de finir sa course contre la remorque d’un tracteur», a expliqué le procureur.

L'agricultrice témoignait un jour avant sa mort

L’agricultrice, Alexandra Sonac, élevait avec son mari des vaches laitières et cultivait du maïs dans le village de Saint-Félix-de-Tournegat (Ariège). Elle avait été interrogée la veille de sa mort par l’antenne locale Radio Transparence alors qu’elle était présente sur le barrage routier situé sur la RN20. L’agricultrice évoquait alors les difficultés d’accès à l’eau pour l’irrigation et la maladie hémorragique épizootique (MEH), qui touche son bétail.

«On fait partie des seuls métiers pour lesquels on a des produits dont on ne décide pas le prix de vente», déplorait-elle également, dénonçant un état de fait «inadmissible», le tout générant un «ras-le-bol» profond, «la goutte d’eau qui fait déborder le vase».

Quelques heures après le drame, des centaines d’agriculteurs et habitants se sont rassemblés à la salle des fêtes des Pujols pour se recueillir tous ensemble et penser à Alexandra, à son mari grièvement blessé dans l’accident. Camille, 12 ans, est restée entre la vie et la mort à l’hôpital des enfants de Purpan à Toulouse, avant de succomber à ses blessures.

«Il n’y aura plus de barrage en Ariège»

Le préfet de l’Ariège, Simon Bertoux, a annoncé la levée du barrage «par respect pour la famille». «Il n’y aura plus de barrage en Ariège», a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse. «Dans le moment particulier que vit l’agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre», a réagi le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur RMC.

Ce dernier a également appelé au calme, demandant à ce que cette colère «s’exprime dans le respect des biens et des personnes».

Le président français Emmanuel Macron a réagi sur X (anciennement Twitter) à cet accident, évoquant «un drame qui nous bouleverse tous». «Je pense avec émotion aux victimes et à leurs proches endeuillés», a encore écrit le chef d'Etat. «J’ai demandé au gouvernement d’être pleinement mobilisé pour apporter des solutions concrètes aux difficultés.»

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