Un an de prison avec sursis
Une affaire d'emploi fictif secoue l'hebdomadaire satirique «Canard enchainé»

Le parquet requiert un an de prison avec sursis contre deux ex-dirigeants du «Canard enchaîné» et deux autres prévenus pour des soupçons d'emploi fictif. L'affaire, révélée par un journaliste du journal, a provoqué une profonde scission au sein de ce titre centenaire.
Publié: 11.07.2025 à 14:20 heures
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Deux ex-dirigeants du «Canard enchaîné» sont visés par la justice pour des soupçons d'emploi fictif.
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AFP Agence France-Presse

Un an d'emprisonnement avec sursis a été requis vendredi par le parquet contre deux ex-dirigeants du «Canard enchaîné», un ancien dessinateur et sa compagne, jugés à Paris pour des soupçons d'emploi fictif au sein de l'hebdomadaire satirique.

Le parquet a également demandé 100'000 euros d'amende contre chacun des anciens dirigeants Michel Gaillard et Nicolas Brimo, 150'000 euros d'amende contre l'ancien dessinateur André Escaro et la même amende contre sa compagne Edith Vandendaele. Ces réquisitions traduisent «concrètement l'ampleur du préjudice financier», a-t-il estimé.

Scission au sein du titre

Le ministère public «demande des sanctions proportionnées, qui rappellent à chacun le devoir d'exemplarité qui ne souffre d'aucune exception», a souligné un des deux procureurs à l'audience, Hadrien Aramini.

Les quatre prévenus sont jugés depuis mardi pour d'abus de biens sociaux ou recel de ce délit, déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, faux et usage de faux et déclaration frauduleuse à un organisme social.

Au cœur de l'affaire révélée par un journaliste du «Canard enchaîné», Christophe Nobili, et qui a provoqué une profonde scission au sein de ce titre centenaire, l'emploi d'Edith Vandendaele, rémunérée comme journaliste pendant 25 ans par le journal.

Pas tout le monde présent au procès

A ce titre, elle détenait la carte de presse, qui lui permettait de bénéficier d'un abattement fiscal, et pouvait prétendre à la confortable retraite complémentaire offerte par l'hebdomadaire. Pourtant, personne ne l'a jamais vue à la rédaction, selon les investigations de la brigade financière.

Lors du procès, Michel Gaillard et Nicolas Brimo – seuls à être présents, le couple étant représenté par son avocat en raison de l'état de santé d'André Escaro, âgé de 97 ans – ont expliqué que Edith Vandendaele assistait son compagnon pour qu'il réalise après son départ à la retraite en 1996 les «cabochons», de petits dessins humoristiques, en s'enquérant de l'actualité et en lui soufflant des idées.

C'était elle aussi qui envoyait toutes les semaines les dessins à la rédaction, par fax ou par courriel. «Nous avons tout un faisceau d'indices concordants qui dessinent à l'évidence les contours d'un emploi fictif», a balayé le procureur, soulignant «l'inconsistance, la faiblesse de l'activité identifiable de Edith Vandendaele au sein du journal». «Une présence morale n'est pas une présence professionnelle», a-t-il estimé.

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