Trois des accusés absents
Le procès d'un braquage en Suisse de nouveau reporté à Lyon

Confrontée à l'absence de trois des six accusés, la Cour d'assises du Rhône a décidé lundi de renvoyer à nouveau le procès d'un braquage en Suisse en 2017, au butin record de 40 millions de francs suisses.
Publié: 23.01.2023 à 12:49 heures
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Dernière mise à jour: 23.01.2023 à 13:11 heures
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Les faits s'étaient déroulés le 24 mai 2017. (image d'illustration)
Photo: KEYSTONE/Cyril Zingaro

Plus de cinq ans après les faits, il va donc falloir attendre encore plusieurs mois avant que la justice française ne statue sur cette attaque digne d'un film de gangsters. Initialement prévu en novembre 2021, le procès qui devait se tenir à Lyon (F) avait été déjà été renvoyé après qu'un accusé a contracté le Covid.

Le président de la Cour d'assises, Eric Chalbos, a estimé que le renvoi sine die s'imposait «pour une bonne administration de la justice». Considérant que les absents sont «délibérément en fuite», la cour a émis un mandat d'arrêt contre les trois accusés, qui faisaient l'objet d'un contrôle judiciaire comme les autres accusés présents à l'audience.

«Il faut que la justice passe, qu'elle commence à passer, pour des faits qui relèvent de la grande criminalité organisée», a estimé le procureur général, Eric Mazaud, qui s'est opposé au renvoi, insistant sur le fait que les absents n'avaient «aucune excuse légitime».

Pour les avocats, le respect du contradictoire et l'impossibilité de disjoindre les cas des différents accusés devaient imposer le renvoi. «Ceux qui manquent sont ceux qui sont un peu la clef de voûte de cette affaire. Sans eux, le procès n'a absolument aucun sens», a estimé l'avocat de la défense Samir Dris.

Pincés en possession du butin

Les accusés, originaires de la région lyonnaise, avaient été interpellés en mai 2017 près d'Annecy (F) quelques heures après l'attaque nocturne d'un fourgon de transport de fonds, sur l'autoroute A1 entre Genève et Lausanne, à la hauteur de Nyon (VD).

Ils étaient en possession du butin constitué de billets de différentes devises, de quatre lingots d'or et de plusieurs milliers de pierres précieuses, pour une valeur évaluée à plus de 40 millions de francs suisses.

Selon l'accusation, les suivis préalables de la police judiciaire, avec géolocalisation et vidéosurveillance, les saisies en flagrant délit opérées par la brigade de recherche et d'intervention (BRI) et les traces d'ADN sont autant de preuves accablantes de leur implication. «Le rôle de chacun n'est pas pour autant établi avec certitude», estime un avocat de la défense.

Mode opératoire récurrent en Suisse

Selon l'ordonnance de renvoi, l'attaque résulte d'une «organisation structurée et hiérarchisée», illustrant les spectaculaires incursions du banditisme lyonnais en territoire suisse. Renseignements précis, armement lourd, préparatifs, itinéraires de replis, interception de fourgon: ce mode opératoire a été utilisé dans huit braquages de fourgons en Suisse au cours des sept dernières années.

Dans cette affaire, les suspects sont accusés d'avoir intercepté un fourgon de la société Loomis sur une bretelle d'autoroute au nord de Nyon, en brandissant des fusils d'assaut.

Les convoyeurs ont été menacés et ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures, pendant qu'un des braqueurs prenait le volant du fourgon, jusqu'à un chemin rural à une vingtaine de kilomètres de Genève, en passant la frontière franco-suisse.

Là, les braqueurs ont transféré le butin, avant d'incendier le fourgon et une des deux voitures. Ils ont aussi aspergé les convoyeurs d'un produit javellisé afin de faire disparaître des traces compromettantes.

Plusieurs mois de surveillance

Quelques heures après l'attaque, les six hommes ont été interpellés dans une villa de Chavanod, près d'Annecy, en France. Tout est parti d'un renseignement sur les projets d'un malfaiteur de la région lyonnaise connu pour des vols à main armée en Suisse. Plusieurs mois de surveillance ont permis d'identifier cette villa comme un lieu pouvant servir de base de repli. Des recoupements ont ensuite permis d'y détecter la présence de sa bande quelques heures après l'attaque du fourgon.

Outre le butin, plusieurs armes ont été retrouvées sur place, dont cinq fusils d'assaut et de l'équipement utilisé pour le braquage. Des empreintes ADN de plusieurs suspects ont été relevées sur les objets saisis.

Les accusés encourent une peine maximale de trente ans de réclusion criminelle pour vol à main armée en bande organisée, et la réclusion criminelle à perpétuité pour ceux en état de récidive légale.

(AFP)

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