Jean-Michel Maulpoix, prix Goncourt de la poésie en 2022, a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Strasbourg à 18 mois de prison avec sursis pour violences conjugales sur son épouse. Egalement poursuivie, cette dernière a été relaxée.
Les faits portaient sur plusieurs épisodes de violences, «des rixes régulières» selon les termes de Jean-Michel Maulpoix, s'étalant sur une période allant de janvier 2020 à août 2023. Des enregistrements audios et vidéos ont été diffusés à l'audience. Le procureur avait requis une peine de 18 mois de prison avec sursis contre lui, et de six mois avec sursis contre l'épouse. Il a donc été partiellement suivi par le tribunal.
«Nous avons eu une attitude complètement différente, moi j'ai reconnu ma culpabilité, et mon épouse a refusé de reconnaître la sienne», a indiqué à l'AFP Jean-Michel Maulpoix, âgé de 71 ans. «Cela a été payant pour elle, puisqu'elle n'a pas été condamnée. Il y avait pourtant plusieurs témoignages convergents, notamment de nos deux enfants, qui disaient sans ambiguïté que ces violences étaient réciproques.»
«Deux poids, deux mesures»
La double décision du tribunal est «difficilement compréhensible», a commenté Clément Dezempte, l'avocat de Jean-Michel Maulpoix, qui a évoqué un «deux poids, deux mesures». «La décision de relaxe pose question, il y avait plusieurs éléments objectifs qui attestaient à mon sens de la culpabilité» de l'épouse, a-t-il affirmé à l'AFP.
Pour Annabelle Macé, l'avocate de l'épouse, qui réfute cette approche, sa cliente n'a infligé à Jean-Michel Maulpoix que des «blessures de défense» lors des violences. Relaxée au motif de la «légitime défense», sa cliente «est satisfaite et soulagée d'avoir été reconnue comme victime», a-t-elle déclaré. Le parquet de Strasbourg a indiqué qu'il étudiait la possibilité de faire appel de cette relaxe.
En instance de divorce
Le couple, qui a deux enfants de 14 et 17 ans, est actuellement en instance de divorce. Selon les deux parties, les violences, anciennes, avaient commencé bien avant les faits évoqués devant le tribunal.
En 2006, Jean Michel Maulpoix avait été condamné à une peine d'amende pour diffamation, après avoir relayé sur son site web personnel un témoignage relatif à des violences policières. Ancien élève de l'École Normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres, Jean-Michel Maulpoix est également professeur émérite à l'Université de la Sorbonne nouvelle.
(ATS)