Dans un contexte tendu entre la France et l'Algérie, c'est la dernière polémique en date. La chaîne télévisée publique France 5 a décidé de déprogrammer un documentaire choc sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française, rapporte la RTS ce mercredi 12 mars, ainsi que plusieurs médias français. Sans tarder, cette décision a suscité l’indignation, obligeant la chaîne à envisager une rediffusion future d'«Algérie, sections armes spéciales», précise un communiqué de la chaîne datant du 11 mars.
Depuis des mois, les relations entre la France et l’Algérie sont au bord de la rupture. L'attentat meurtrier à Mulhouse fin février n’a fait qu’aggraver les échanges diplomatiques entre les deux pays. Début mars, la mise en retrait du journaliste Jean-Michel Aphatie après des propos sur la colonisation de l’Algérie a contribué à cristalliser les tensions.
Aucune date annoncée
Si certains y voient une décision politique visant à étouffer une affaire embarrassante pour la République, la chaîne française a justifié cette déprogrammation par l’actualité internationale entre les Etats-Unis et la Russie. «En raison de l’actualité, France 5 modifie sa soirée du 'Monde en face' le dimanche 16 mars en rediffusant à 21h05, le documentaire 'Opération Trump: Les espions russes à la conquête de l’Amérique' et à 23h le documentaire 'Russie, un peuple qui marche au pas'», indique le communiqué.
Sous la pression, France 5 a indiqué que le film serait diffusé ultérieurement, sans annoncer de date précise. Dans l’attente, le documentaire est disponible sur le site web de France Télévisions.
De quoi parle-t-on?
Réalisé par la documentariste Claire Billet sur les recherches de l’historien Christophe Lafaye, le film de 52 minutes révèle des informations inédites, longtemps classées dans les archives militaires. Elles concernent l’utilisation de gaz chimiques interdits par l’armée française durant la guerre d’Algérie entre 1956 et 1962.
Le travail de l’historien a permis de déterrer les preuves de l’usage de ce procédé contre les combattants de l’ALN (L’Armée de libération nationale) dans les régions de Kabylie et les Aurès, faisant également des victimes civiles, précise le journal «La voix du Jura». «On a parlé de la torture, des massacres, des viols, des déplacements de population… Mais la guerre chimique est un sujet qui était passé inaperçu», a expliqué l’historien à la sortie de son documentaire.
De son côté, la RTS a diffusé le documentaire dimanche soir 9 mars. Il est également disponible en Replay sur leur site.